Voir la fiche complète du film : Les Témoins du mal (Elio Quiroga - 2009)

Témoins du mal, Les

Un film à la beauté soignée mais à la lenteur insupportable et où l'absence de peur demeure vraiment un fardeau très lourd...
Publié le 7 Décembre 2012 par AqMEVoir la fiche de Les Témoins du mal
4
Le pays ibérique a prouvé plus d’une fois qu’il était un pays à suivre en matière de films d'épouvante. Il faut dire qu'en très peu de films, les téléspectateurs du monde entier ont pu apprécier et trembler devant des métrages de qualité comme [Rec] ou encore la série des Peliculas para no dormir. Cela dit, le pays possède aussi son lot de films très moyens et parfois la déception est amère, il suffit de regarder Atrocious pour s'en rendre compte. Alors de quel côté fait partie les Témoins du Mal, bon film ou mauvais film ? Les espagnols sont reconnus pour leur aspect technique et la maîtrise de la photographie, mais avec un film de fantômes, la longueur ne risque-t-elle pas de devenir trop insupportable ? Analyse d'un petit film espagnol discret et qui devrait le rester.


Ai-je bien fait de tourner dans ce film ?

Le scénario du film a tout du film lent et langoureux mais instaurant une ambiance particulière et parfois malsaine. Il faut dire que l'Espagne n'a pas son pareil pour mettre en avant des films d'épouvante, et que parfois, ça lorgne du côté asiatique et des films japonais en terme de vengeance fantomatique. Donc ici, on va suivre une femme du nom de Francesca qui fait une dépression post-natale et son mari, pour tenter de la soigner, achète une grande maison au calme pour qu'elle puisse se reposer et élever au mieux son enfant. Mais (parce qu'il y a toujours un mais) des évènements surnaturels vont surgir des murs de la maison. personne ne veut croire Francesca pensant que sa dépression augmente. Entre temps, on va suivre un prêtre et on va entrer dans les méandres du clergé espagnol, avec son lot de cachotteries et de manipulation.
Alors bien entendu, on va découvrir qu'il s'est passé des choses par super drôles dans cette baraque, que l'église est mêlée à tout ce bordel et qu'en plus, une entité maléfique hante les lieux. En gros, le scénariste fait une sorte de pot-pourri de tout ce que l'on pourrait trouver en mélangeant religion et esprit. L'histoire en elle-même n’est pas mauvaise, mais tout cela est très lent et franchement peu passionnant.

Mais malgré une lenteur extrême, Elio Quiroga, le réalisateur, peut se targuer d'avoir un certain talent. En effet, si l'on excepte les raccourcis scénaristiques et l'absence complète d'action, la photographie et la réalisation sont vraiment bien maîtrisées. Les plans magnifiques se succèdent et les couleurs servent exactement le propos un peu nonchalant et extatique du métrage. Alors c'est vrai que c'est chiant, mais d'un autre côté, on peut dire que cela est en totale adéquation avec l'état d’esprit de l'héroïne. Seulement, je pense que l'ambiance ne prend pas assez appui sur les images d'archives qui sont de temps en temps proposées. Car au départ, on a aussi une histoire de journalistes de l'extrême qui vont filmer la guerre mais aussi les exorcismes et les miracles du Vatican. Ces journalistes, dont le nom est No-Do (d'où le titre original) ont, à l'époque, filmé quelque chose concernant trois fillettes au pouvoir magique. Durant tout le film on croit à quelque chose, puis la fin nous prend à revers, mais malheureusement, tout cela est trop long, trop lent et les apparitions des fillettes pas du tout effrayantes. C’est d'autant plus dommage qu'il y avait matière à proposer mieux.


Au moins les punitions d'antan étaient efficaces, c'était la belle époque...

Au niveau du casting, c'est assez déséquilibré et parfois on ne sait pas sur quel pied danser. Si l'actrice incarnant Francesca reste assez efficace, elle demeure tout de même dans le même registre tout le long du film et cela en devient presque ennuyeux. De plus, ses discussions internes avec son hypothétique fille sont relativement soporifiques et ne correspondent en rien à une surprise de taille, puisqu’on s'en doute dès le départ. Le mari demeure assez effacé dans l'histoire et je n'en parlerai pas plus. Par contre, le prêtre, essayant de convaincre sa hiérarchie pour avoir accès aux archives du No-Do est très très bon et il me fait penser à un croisement entre Sean Bean et Richard Roxburgh. D’ailleurs à quelque part, il a un rôle presque similaire au père Karas dans l'Exorciste, tout en étant plus lisse et en ayant un rôle moins important concernant le tollé contre l'église. Hector Colomé est très bon dans ce rôle et il demeure surement le personnage le plus intéressant. Ensuite, il reste la vieille folle cherchant désespérément son ancien amour et connaissant une grande partie de l'histoire mais ce personnage est relativement inintéressant.

Le plus gros défaut du métrage, c'est très certainement son manque flagrant d'énergie et surtout son manque inacceptable de moments vraiment horrifiques. Pourtant l'ambiance est là, la photographie bien maîtrisée, mais il manque vraiment quelque chose pour rendre le tout intéressant. Les différentes apparitions des fillettes fantômes sont toutes gâchées et alourdissent vraiment le côté effrayant du film. De plus, on n’évite pas les écueils du film de genre avec l'inscription en sang sur le mur ou encore l'aura noire enveloppant les esprits. Du coup, tout y passe et tout est vraiment attendu. C'est d’ailleurs ce que l'on fait tout au long du film, on attend. Si certains moments auraient pu être intéressants et instaurer quelque chose de malsain et de dérangeant, comme la découverte de la salle des miracles avec les différentes parties de mannequin qui pendouillent en l’air, ils sont foutus en l'air par des passages lénifiants au possible. L'attente devenant interminable, on ne s'attend finalement à plus grand-chose. Tout cela est vraiment dommage, d'autant plus qu'il y avait matière à faire mieux et que certaines idées sont très bonnes, mais mal exploitées.


non, ce n'est pas un Ewok...

Au final, Les Témoins du mal est un film ennuyeux et pas vraiment passionnant. Pourtant il y avait vraiment un potentiel avec une histoire mélangeant fantastique et église, et notamment une présence angélique assez surprenante. Malheureusement tout cela est plombé à cause d'une lenteur et d'une non prise de risque qui gâche tout.
Bref, un film à la beauté soignée mais à la lenteur insupportable et où l'absence de peur demeure vraiment un fardeau très lourd. Dommage pour ce film espagnol qui fait partie de ceux à éviter.

Autres critiques

Halloween 2
INTRODUCTION « Le cheval blanc symbolise l’instinct, la pureté et la propension du corps physique à libérer des forces émotionnelles puissantes telles que la colère génératrice de chaos et de destruction… » -Extrait de l’inconscient psychique des rêves En 2007 sortait sur les écrans le remake d’ Halloween par Rob Zombie . Attendu avec ferveur, le film ne...
Gingerdead man 2
Le premier Gingerdead Man était un film au postulat de base amusant et prometteur, mais gâché par un manque de moyens et d'ambition assez flagrant. Pour cette suite, on pouvait donc espérer que le budget serait revu à la hausse, afin de proposer un produit un peu plus fun et audacieux. Le résultat final indique clairement que la volonté y était, mais malheureusement, une somme d'...
La malédiction de la dame blanche
À partir de légendes urbaines ou issues d’un folklore, certains phénomènes paranormaux trouvent parfois une résonnance commune. Le rapport peut paraître d’autant plus troublant lorsqu’il n’y a pas de distinction des faits, eu égard à la culture ou l’éloignement géographique. Par conséquent, la convergence observée tend à crédibiliser les faits observés ou narrés. En...
The Creeps
Au rayon grosse débilité profonde, je voudrais The Creeps de Charles Band de chez Full Moon. Les grandes figures monstrueuses de la littérature ont inspiré plus d'une fois les amateurs de bis et de films d'horreur. En témoigne les différentes adaptations du monstre de Frankenstein de Mary Shelley, de Dracula de Bram Stoker ou encore de la momie et du loup-garou. D'ailleurs, même les...
Big Legend
Qu’il s’agisse du sasquatch ou du bigfoot, la créature des bois fait les jours heureux des cryptozoologues et des séries B, souvent officiant dans le survival animalier. Depuis les années1970 et le surestimé The Legend of Boggy Creek , elle est l’objet d’une surexploitation cinématographique qui a donné peu d’incursions notables. Cela sans compter les tentatives peu...
Les Témoins du mal
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
94 min
5.5
Moyenne : 5.5 (4 votes)

The Land That Time Forgot 2009 ( Trailer )

Films en tendance

Thématiques