The Creeps
Au rayon grosse débilité profonde, je voudrais The Creeps de Charles Band de chez Full Moon. Les grandes figures monstrueuses de la littérature ont inspiré plus d'une fois les amateurs de bis et de films d'horreur. En témoigne les différentes adaptations du monstre de Frankenstein de Mary Shelley, de Dracula de Bram Stoker ou encore de la momie et du loup-garou. D'ailleurs, même les plus grands réalisateurs se sont frottés à ces icônes comme Francis Ford Coppola avec Dracula, John Landis avec Le Loup-Garou de Londres ou encore James Whale et son Frankenstein de 1931. Par contre, les tentatives pour mettre ensemble tous ces monstres se sont rarement montrées concluantes. On peut citer le Van Helsing de Stephen Sommers, qui reste sympathique, mais profondément con, ou encore le touchant The Monster Squad de Fred Dekker en 1987. Charles Band est connu pour ses films improbables avec moult marionnettes tueuses ou créatures bizarres et des budgets faméliques. Il s'est essayé en 1997 à remettre en avant les quatre monstres de la littérature fantastique, mais dans un contexte pour le moins très bête. Lequel est-il ? Il faut se rendre dans une bibliothèque puis dans une vidéothèque.
Vous voulez vraiment cette VHS de Gorge Profonde ?
Le scénario de ce film est une aberration à lui tout seul. Il est absolument improbable et surtout, il est servi comme une évidence dans un film qui se veut comique, mais avec un fort penchant sérieux. Le problème, c'est que l'on ne sait jamais à quel saint se vouer, car le film est toujours entre des moments sérieux, essayant de faire peur et des moments loufoques et totalement cons qui rendent le propos encore plus stupide que ce qu'il est. Un savant fou s'amuse à voler des manuscrits originaux dans une bibliothèque pour une expérience inédite. La bibliothécaire s'en rend compte et embauche un détective privé pour mener l'enquête. Elle va alors se faire kidnapper par ce savant et il va lui expliquer qu'il a créé une machine qui va créer, à partir des livres, les créatures maléfiques pour conquérir le monde. Elle s'échappe in extremis et vole les livres avant la fin de l’expérience. Il en résulte que les quatre créatures sont naines. Elles vont alors tenter de retrouver la bibliothécaire pour finir le processus et devenir grandes.
En voilà un pitch des plus risibles ! Sauf qu'il ne sera pas drôle très longtemps. La faute à des acteurs au-delà du mauvais, mais surtout à une histoire qui ne laisse le temps à personne de s'installer. Comme si le réalisateur était gêné par son propos profondément stupide, il va au plus vite et propose un film qui ne dure pas plus de 1 h 10. On se retrouve donc avec des nains monstrueux et des scènes qui sont outrageusement mauvaises. On pourrait parler de la scène où la bibliothécaire en chef se frotte contre un livre original de Jane Eyre ou encore lorsque tous les nains se mettent en chasse dans la bibliothèque, où on frôle le foutage de gueule. Rien ne sera effrayant, la mise en scène étant pourrie et les situations plus que cocasses.
Non, ce n'est pas un porc-garou mais bien un loup-garou !
Mais le pire dans tout ça, ce sont les acteurs. Ils sont tous très mauvais, voire même en dessous du mauvais si cela existe. On retrouve l'acolyte de Charles Band, le nain Phil Fondacaro qui interprète Dracula en version mini pouce. Il essaye d'être sérieux et s'applique dans son rôle, mais on ne peut que rire face à cet énergumène. Néanmoins, c'est celui qui s'en sort le mieux. La palme du plus mauvais acteur revient à celui qui joue le savant fou et qui est atrocement mauvais et insupportable. Bégayant, surjouant et avec une VF des plus mauvaise, on n'aura droit au méchant le plus ridicule et stupide du septième art. Au rang des gentils, c'est aussi la douche froide. Rondha Griffin est bien jolie, mais elle surjoue à mort et n'est pas du tout crédible. Le pire étant son détective privé qui est en fait un patron d'un vidéo club miteux, mais qu'elle engage quand même.
Tout n'est pas crédible à la base, mais en plus, il joue très mal et devient rapidement insupportable. Alors que nous reste-t-il ? La chef de la bibliothèque ? Elle est ridicule et la scène où elle se frotte contre un livre n'arrange absolument rien. Les autres monstres ? Ils n'ouvrent même pas la bouche et surtout, ils n'ont pas le même statut. Il n'y en aura que pour Dracula et Phil Fondacaro. La momie est à peine visible, tout comme Frankenstein, mais qui aura droit à quelques gros plans et le loup-garou sera un peu plus mis en avant grâce à sa bave. Il faut croire que Charles Band était particulièrement fan de ce design. Les effets spéciaux sont ridicules, même si les masques restent bien faits. Le problème vient vraiment de l'histoire qui ne tient pas debout et d'absence totale de frayeur. C'est bien simple, les scènes qui doivent faire peur sont dénuées d'intérêt et surtout mal foutues, en atteste la scène dans la bibliothèque qui en devient risible.
Au final, The Creeps est un film absolument ridicule, mais qui rentre bien dans la lignée des films de la firme Full Moon. Avec une histoire ridicule, des acteurs amateurs et une réalisation à la ramasse, le film accumule les tares pour fournir un travail ahurissant de bêtise et de non-sens. Bref, un nanar qui n'est ni drôle ni effrayant et qui n'a aucun mérite, si ce n'est le fait que l'on peut vite l'oublier pour passer à autre chose.
Un film de Charles Band
Avec : Rhonda Griffin, Phil Fondacaro, Justin Lauer, Thomas Wellington