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Big Legend

Un survival animalier de qualité qui parvient à exploiter aussi bien son sujet que son cadre avec des moyens réduits. La traque immersive et l’évolution cohérente de la situation donnent lieu à un traitement crédible qui offre un second souffle aux fondamentaux du genre, notamment la survie en milieu hostile. Une initiative modeste et néanmoins convaincante.

Publié le 6 Janvier 2020 par Dante_1984Voir la fiche de Big Legend
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Primate Forêt

Qu’il s’agisse du sasquatch ou du bigfoot, la créature des bois fait les jours heureux des cryptozoologues et des séries B, souvent officiant dans le survival animalier. Depuis les années1970 et le surestimé The Legend of Boggy Creek, elle est l’objet d’une surexploitation cinématographique qui a donné peu d’incursions notables. Cela sans compter les tentatives peu marquantes de type found-footage, comme Exists. Il paraît donc vain de se lancer dans une telle aventure lorsqu’on dispose d’un budget modeste et d’un pitch de départ qui ressasse des poncifs éculés. Et c’est ce que semble proposer, de prime abord, Big Legend. Une intrigue conventionnelle pour des enjeux qui le sont tout autant.

Une empreinte qui laisse des traces !

D’ailleurs, l’introduction emprunte un chemin similaire à ses prédécesseurs. Un cadre naturel aussi majestueux qu’isolé, deux personnages qu’on devine être les hors-d’œuvre et l’élément «perturbateur». Ces a priori sont à la fois confirmés et contredits. D’une part, ce point de départ ne donnera pas lieu à l’irruption inopportune d’une bande de jeunes décérébrés. D’autre part, le traitement alloué à la caractérisation est autrement plus développé qu’à l’accoutumée, au risque parfois de s’étirer sur la longueur pour offrir un background crédible aux protagonistes. Personnages qui au demeurant, s’avèrent assez restreints en la présence de l’ancien soldat veuf avant l’heure et d’un chasseur.

On devine alors une économie de budget évidente. Pour autant, la mise en scène se montre soignée et inventive sur bien des aspects. La réalisation rapprochée atténue le manque de moyens en focalisant l’attention sur une expédition aventureuse, entre improvisation (qui suggère un contexte émotionnel fort) et préparation méticuleuse. Sur ce point, on sent le professionnalisme et l’expérience du militaire. De même, l’exploration des forêts du Nord-ouest américain se révèle variée et parfaitement cohérente dans la géographie des lieux. Outre l’aspect sauvage préservé et bien représenté, on apprécie l’alternance de l’horizon impénétrable d’arbres avec des plages plus ouvertes sur les rives d’un cours d’eau.

C'est ce qui s'appelle mettre les pieds dans le plat... du sasquatch

Ce choix rend la trame plus immersive et, pour ne rien gâcher, on retrouve le traitement survivaliste qui fait souvent cruellement défaut à ce genre de productions. À la traque se succède la fuite qui les contraint à s’adapter à l’environnement et aux imprévus. Le handicap d’un personnage, le territoire délimité de la créature ou encore l’approche de la nuit, période de vulnérabilité particulièrement intense en l’absence d’un refuge, ne serait-ce qu’une simple tente. Assauts réguliers, inversement des rapports de force, ingéniosité face à la force brute... Malgré une évidente linéarité dans ce type de scénario, on s’écarte des habituelles bévues inhérentes au genre, y compris dans les comportements ou la tournure des événements. L’ensemble reste crédible, car réaliste dans l’évolution générale.

Si l’on remarquait une qualité de mise en scène assez étonnante, il convient néanmoins d’évoquer quelques maladresses. À commencer par les séquences d’action mal maîtrisées et assez confuses dans leur exposition. De même, la présence du sasquatch est bien plus saisissante dans les ombres de la forêt que dans les confrontations. La découverte du charnier se révèle assez angoissante, tout comme le fait que l’omniprésence de la créature est palpable au cours de leur périple. Quant à son aspect, on apprécie l’absence d’images de synthèse déplorable. On en revient au bon vieux costume et d’éventuels animatroniques. À noter que la violence des attaques demeure globalement en retrait durant le métrage.

Courir ou se retourner ?

Au final, Big Legend est une véritable surprise. Malgré une trame narrative prévisible et dénuée d’originalité, le film de Justin Lee se démarque par sa manière d’aborder un sujet éculé. On se départit de tout second degré pour exploiter ce qui distingue le mieux une pareille histoire. En dépit de quelques scories, la mise en scène reste correcte, tandis que l’atmosphère des lieux retranscrit pleinement le côté sauvage et isolé des forêts de l’état de Washington. On apprécie également le survivalisme qui découle d’une telle situation, ainsi qu’une caractérisation plus développée qu’escomptée. Quant à l’épilogue, il présente une ouverture réellement inattendue qui laisse augurer d’une suite pour s’attaquer à d’autres mythes...

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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Big Legend
Réalisateur:
Durée:
89 min
7
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Devinez le film par sa tagline :

SEE! A primordial brute driven to prey on go-go girls! SEE! Two tons of gut-crunching fury on a rampage of terror! SEE! Bikini-clad beauties gripped in the clutches of horror!
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