The Walking Dead
Adaptation du célèbre comic éponyme, The walking dead nous décrit une invasion de morts-vivants à travers la planète. Rick, adjoint au shérif, se réveille dans sa chambre d'hôpital est constate l'ampleur du cataclysme qui a définitivement mis fin au monde qu'il a connu. Frank Darabont est un réalisateur avant tout passionné et passionnant de par son travail et une filmographie admirable. L'homme est surtout plébiscité pour la qualité de ses adaptations et plus particulièrement de l'univers de Stephen King. La ligne verte, Les évadés et l'incroyable The mist sont des petits chefs-d'oeuvre qui laissent augurer pour ce Walking dead les meilleurs à-priori.
On ne le répétera jamais assez : brossez-vous les dents trois fois par jour.
Au vu du synopsis de départ, on peut rechigner à contempler une apocalypse made in zombie étant donné la multitude de films qui s'attaquent à ce thème impérissable (ou plutôt imputrescible). Aussi, cela relève de la gageure pour toutes personnes qui désirent apporter leur pierre à l'édifice de ce sous-genre très prolifique. Pourtant, The walking dead est loin d'être un énième produit de série B sans intérêt. De par ses intentions, sa réputation dans le monde du comic et, bien entendu, au talent de toute une équipe, cette sympathique série télévisée n'a pas à rougir face aux références du genre.
Au moins, vous êtes prévenu !
On ne reviendra pas sur l'histoire, très classique au demeurant, mais sur ce qui fait la force du dernier projet en date de Frank Darabont : sa mise en scène. Une réalisation qui dépeint avec verve et pessimisme une société déchue, pourrissant sur ses fondations brinquebalantes. À travers, un panorama tant hétéroclite qu'intéressant à exploiter, The walking dead entraîne le spectateur au plus profond de cette apocalypse annoncée. Grâce à son format de série, les situations et les personnages prennent le temps d'évoluer progressivement en parcourant petites villes, campagnes et mégalopoles. La variété est au rendez-vous, mais on est loin d'en avoir fait le tour.
Mon royaume pour deux jambes
et un peu de chair humaines !
Musique savamment choisie, bruitages angoissants (on pourrait presque sentir l'haleine putride des morts-vivants), l'univers de Walkind dead magnifie la solitude de l'être par le biais des immenses terrains de notre civilisation désertés, abandonnés à la pourriture de nos propres corps. On prend conscience alors de la démesure, de l'insensée course à la croissance qui nous a entraînés dans une impasse. Droit dans le mur, pas de seconde chance, simplement une remise des compteurs à zéro. Cet aveuglement désespéré transparaît chez les zombies, retourné au plus bas de l'échelle évolutive. Mort, mais affamé. Décomposé, mais bien debout. Le paradoxe même de notre existence sans avenir.
Lun des plans les plus saisissants de la série.
Au-delà de ces considérations, il importe de se pencher vers les protagonistes. Autant différent dans leurs motivations que dans leur personnalité, les survivants jouissent d'une caractérisation très soignée, mais tend parfois à se perdre dans les préjugés ou les stéréotypes éculés. Les deux frères racistes, le flic serviable au grand coeur ou le vieil érudit, les caractères de façades peinent à s'affranchir de ces facilités. Toutefois, en prenant le temps de creuser, ils se révèlent plus complexes qu'au premier abord. Torturés, ambigus ou même contradictoire avec ce que l'on pense d'eux, les exemples ne manquent pas pour illustrer ce qu'est capable l'être humain (en bien comme en mal) lorsque sa survie est en jeu.
La mort ne règle pas pour autant les problèmes de surpopulation.
En ce qui concerne nos chers cadavres ambulants, on ne lésine pas sur les moyens pour décrire ce monde post-apocalyptique. Les maquillages sont saisissants et les figurants impliqués au possible. Il est difficile de « catégoriser » les zombies dans leurs comportements. Le classique voudrait un mort-vivant pataud qui se heurte à la moindre marche devant lui, la nouvelle vague préfère qu'il soit plus véloce et dangereux. Au lieu de se choisir un camp, Frank Darabont opte pour un savant mélange des deux. Les zombies ne courent pas sitôt une proie en vue, mais ils sont loin d'être des cadavres sans cervelle (du moins pour l'instant). Ils sont capables d'escalader un grillage, contourner un obstacle ou sentir leur repas, mais ils demeurent également nonchalants lorsque personne ne vient troubler leur errance. Un compromis judicieux qui emporte l'adhésion.
Le crépuscule dune civilisation ou laube sur un monde nouveau ?
S'il fallait faire un reproche à The walking dead, on pourrait montrer du doigt une légère baisse de rythme lors des deux derniers épisodes (de la première saison) qui peinent à trouver le prolongement logique du récit. Le côté bénéfique de cet écueil facilement pardonnable est que les protagonistes gagnent davantage en épaisseur en s'interrogeant sur leur devenir et leur quête d'espoir. Où vont-ils ? À quoi bon continuer d'arpenter les ruines d'une espèce en voie d'extinction ? Les questions fusent. Certaines trouvent leurs réponses, d'autres sont laissées en suspens. Peu importe, le plaisir est au rendez-vous à chaque épisode en transposant les codes du genre avec maestria.
Des extraterrestres, des zombies ou le salut à portée de main ? Faites-votre choix.
Bref, The walking dead est une série télévisée qui allie univers post-apocalyptique avec maîtrise et savoir-faire des ténors du genre. Sans pour autant donner dans la surenchère d'hémoglobine, les exécutions des zombies sont tout aussi variées que les situations dans lesquels sont empêtrés les personnages. Protagonistes qui recèlent, malgré quelques ratés, une caractérisation soignée qui s'étire sur plus de cinq heures de programmes. On finit par trouver les épisodes (et donc la série en elle-même par extension) trop courts tellement l'on se sent immerger dans l'histoire. The walking dead ou quand les morts-vivants envahissent le petit écran pour le meilleur...
Note : N'ayant pas lu les comics avant de voir la série, ma critique porte sur la qualité de la série en elle-même et sa propension à retranscrire un univers post-apocalyptique prégnant. Il n'y a donc aucun parallèle d'effectuer pour le comparer au-dit comic et à ses éventuelles qualités d'adaptation.
Un retour fracassant.
Saison 2 : Après une première saison rondement menée qui n’aura déçu que les puristes du comic, The walking dead revient plus en forme que jamais. L’intrigue redémarre là où on l’avait laissé précédemment et voit notre équipe de survivants en exil sur les routes inhospitalières de ce qui fut autrefois les États-Unis. Si les principaux éléments et qualités de la saison 1 sont conservés (caractérisation, histoire, interprétations et bien sûr les morts-vivants), l’on dénotera un rythme moins frénétique. Il se veut plus posé et la majorité des épisodes se déroulent dans ou aux alentours de la ferme d’Hershel.
On accorde une plus grande importance aux interactions entre les protagonistes et l’on met en exergue leurs rivalités. Il en découle des agressions de zombies moins nombreuses, mais néanmoins plus percutantes (le final de ladite saison est grandiose et sans concession). Après 6 épisodes immersifs au possible, les 13 nouveaux ont du mal à nous contenter. La raison est simple : l’univers est tellement prenant qu’on en redemande. Tout est agencé pour nous tenir en haleine (les twists finaux à chaque épisode) ; à tel point que l’on se jette sur la série avec voracité, tout comme les morts-vivants sur un morceau de viande fraîche me direz-vous. La saison 3 s’annonce aussi prometteuse en rebondissements qu'en révélations...
On va trancher dans le vif du sujet.
Saison 3 : Il aura fallu seulement deux saisons pour que The walking dead devienne une figure incontournable dans le paysage (décharné ?) des séries TV. Cette troisième saison gagne en maturité au niveau du rythme. On laisse de côté les petites luttes intestines pour se recentrer sur un ennemi commun. Toutefois, les zombies sont à niveau mis en filigrane. La principale menace ne vient plus des dissensions au sein du groupe, mais de la communauté de Woodbury dirigé par le gouverneur. Les confrontations sont tendues, âpres et permettent dentrecouper les épisodes de scènes daction dignes des plus grands westerns.
Lon retrouve également des figures perdues de vue au cours de la première saison. Quelques surprises sympathiques sont de la partie tant au niveau des apparitions que de lhistoire. À cela, il faut compter sur une évolution plus marquée des protagonistes. Le récit arrive à un certain stade où chacun se remet en questions et doit effectuer des choix douloureux plus ou moins importants. On notera une dimension émotionnelle au vu des nombreuses pertes. Les personnages tombent comme des mouches si bien quon a parfois limpression daboutir vers une petite conclusion de la série. Certes, il reste encore du monde, mais le casting de départ a subi quelques coupes. Cest triste, mais cela accentue le côté réaliste et implacable de linvasion.
Bref, une troisième saison plus aboutie, plus rythmée, plus intense que la précédente. La série gagne en maturité tout en poursuivant son chemin. Certainement l'oeuvre de morts-vivants la plus addictive depuis les premières heures de gloire de Romero. (7/10)
Saison 4 : Pour cette quatrième année, The walking dead se targue d’une ligne narrative encore plus dynamique et dramatique qu’à l’accoutumée. Là où la présence du gouverneur offrait un antagoniste réel et intelligent dans la précédente saison, l’intrigue multiplie les menaces sur différents critères : virus, siège des morts-vivants et bien d’autres surprises dont on ne dévoilera rien ici.
Entre l’hécatombe de figures connues et la venue de nouvelles têtes, cette saison 4 est l’occasion d’exacerber les tensions relationnelles, de faire évoluer les protagonistes dans leurs comportements et motivations. À cela, la part allouée à chaque personnage reste équilibrée par rapport aux autres sans favoriser un point de vue particulier. L’excellence de l’écriture marque des ambitions dramatiques revues à la hausse où personne n’est épargné par une mort aussi soudaine que brutale. (7/10)
Saison 5 : 4/10
Saison 6 : 6/10
Saison 7 : 6/10
Un film de Frank Darabont, Ernest R. Dickerson, Guy Ferland
Avec : Andrew Lincoln, Jon Bernthal, Sarah Wayne Callies, Laurie Holden