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Prisoners of Power : Battlestar Rebellion

Un film de SF ambitieux plombé par un remontage hasardeux et un acteur principal abominable...
Publié le 24 Août 2012 par GeoffreyVoir la fiche de Prisoners of Power : Battlestar Rebellion
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Depuis que Timur Bekmambetov a ouvert la brèche il y a quelques années, avec Night Watch, le monde porte un regard nouveau sur le cinéma russe tandis que ce dernier ne se prive pas de lui faire de l'oeil, au monde, en cherchant à singer les blockbusters US, voire en marchant carrément sur leurs plates-bandes. Déluge d'effets spéciaux numériques, histoires ambitieuses et réalisations tapageuses, les ambitions sont claires : le cinéma russe est bien décidé de creuser son trou et à ne pas retourner dans l'anonymat duquel il a mis longtemps à s'extraire.

Pour adapter à l'écran le roman des frères Strugatsky, Fyodor Bondarchuk a disposé d'un budget de 36,6 millions de dollars (soit le plus gros budget du cinéma russe) pour tourner son ambitieux diptyque de S.F.
Car à l'origine, Battlestar Rebellion (Obitaemyy ostrov dans la langue de Poutine) était composé de deux films : l'un de 115 minutes, tandis que le second, sous-titré «Skhvatka», en faisait 110.
Etrangement, pour la sortie en France, l'éditeur Emilya a choisi de proposer un nouveau montage afin de condenser le tout en un seul film d'environ deux heures, soit la moitié de la durée originelle, ce qui n'a pas manqué d'entraîner un certain nombre de problèmes comme nous allons le voir par la suite.


Une entrée en matière en fanfare !

2157. L'âge d'or de la civilisation humaine. Le vaisseau spatial russe piloté par Maxim Kamerrer, 22 ans, s'écrase sur Saraksh, une lointaine planète habitée. Suite à de longues années d'une guerre nucléaire, une crise environnementale règne sur la planète et la société en place doit faire face à de graves problèmes sociaux et à une paix fragile.

Le vaillant cosmonaute va découvrir une mystérieuse terre régie par les Pères Inconnus, cinq gouverneurs anonymes manipulant la conscience des habitants par le biais d'émetteurs spéciaux...


Voyez, dans le futur, ça ne rigolera pas...

Première constatation : si le rendu visuel de ce Prisoners of Power : Battlestar Rebellion ne vient pas faire d'ombre aux derniers blockbusters américains en date, les effets spéciaux se montrent tout à fait honorables. Vaisseaux spatiaux, armées de tanks, bagarres improbables, explosions en tous genres, tout le catalogue y passe dans un joyeux bordel et sous l'oeil attentif de la caméra de Fyodor Bondarchuk. Certes, de nombreux effets sont perfectibles et on détecte régulièrement l'un ou l'autre objet moins bien intégré, mais dans l'ensemble, l'aspect visuel du film est très réussi.
Certaines scènes présentent pourtant un aspect kitsch, mais celui-ci n'est pas imputable aux effets en eux-mêmes, plutôt aux choix graphiques voulus par un réalisateur qui jongle avec les références comme un artiste avec les quilles. Du Cinquième élément à Mad Max en passant par Starship Troopers, Star Wars et le secret de la planète des singes, mais aussi... Battlefield Earth, ce sont plus de trente ans de S.F. qui passent à la moulinette russe pour le meilleur et pour le pire.


Le sorcier et son look ultra-classe...

Bien que Battlestar Rebellion se présente comme une grosse série B bien musclée, Fyodor Bondarchuk apporte un soin particulier à sa réalisation. Ralentis opportuns, cadrages soignés et photographie au poil, tout est réuni pour que le film soit agréable à l'oeil. Un bon point, qui ne parvient malheureusement pas à faire oublier les énormes tares que le film traine comme des boulets trop lourds.
Si cette critique était jusqu'à présent plutôt positive à l'égard de Battlestar Rebellion, attention, le ton va changer (mais si vous avez jeté un oeil à ma note, vous vous y attendiez).

Je vais commencer par Vasiliy Stepanov qui est incontestablement le gros point noir du film, l'erreur de casting monumentale, le lest en plomb dans la montgolfière, le bout de persil sur le sourire ultra-bright, ...etc, ...etc.
J'en ai vu des mauvais acteurs qui foiraient leur prestation ou qui n'étaient tout simplement pas à leur place, mais l'ami Vasiliy les domine tous de sa tête bouclée et des épaules. Son interprétation de Maxim Kamerrer devrait être projetée dans les écoles de théâtre afin de remotiver les jeunes acteurs démoralisés : "Tu vois, Jean-Charles, il y aura toujours pire que toi...".
Sans doute engagé pour son physique à mi-chemin entre Tom Hardy et Heath Ledger (le talent en moins), Vasiliy Stepanov livre une bien piètre prestation, tout en sourire niais et en bandana ringard. C'est bien simple, il n'est pas crédible une seule seconde dans la peau du sauveur de la galaxie.


Geuh

J'ai lu quelque part que Fyodor Bondarchuk serait tombé en dépression après avoir vu la "performance" de son acteur principal. Je ne sais pas si c'est vrai, mais j'aurais tendance à le croire.

Le reste du casting est un cran au-dessus de Vasiliy (pas dur), mais ne brille pas de mille feux non plus. Entre sur-jeu et monolithisme, on se dit que les acteurs russes ont encore du boulot avant de se hisser au niveau de leurs homologues américains ou japonais.


Le bandana de la mort !

Il est maintenant temps, je pense, d'aborder l'épineuse question du scénario et, pour ce faire, je vais vous narrer une petite anecdote.
Pendant le film, alors que les actions s'enchainaient sans discontinuer, je me suis dit que c'était dommage que les scénaristes aient concentré tant d'idées en un seul métrage tant l'univers me semblait dense, riche et capable d'être étalé sur deux films ou plus. J'ai eu le nez fin puisqu'il s'est avéré après quelques recherches que Battlestar Rebellion n'était finalement qu'un remontage des deux films Obitaemyy ostrov. Un choix étonnant de la part d'Emilya, qui nuit malheureusement au film.

En effet, le scénario est tellement dense qu'il en devient fouillis, confus. Les choses s'enchainent à une vitesse effarante, les alliances se font et se défont en quelques minutes, les combats dantesques durent 10 secondes, bref, c'est le bordel. Et comme l'univers du film est très riche, on a à peine le temps d'assimiler une information que deux autres nous sont déjà balancées à la figure.
Pour bien faire, il faudrait revoir le film une ou deux fois afin d'en apprécier toutes les subtilités. Ou mieux, essayer de se procurer les deux films originaux, car malgré de très nettes carences, Prisoners of Power : Battlestar Rebellion est une curiosité qui se laisse regarder sans déplaisir.
Geoffrey Claustriaux

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5
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