Amityville : La malédiction
Une fausse suite qui ne présente aucun lien (apparent ou caché) avec Amityville. Une incursion bancale d’une piètre qualité qui résulte de manifestations paranormales d’une rare bêtise. Quant au scénario prétexte, il est perclus d’incohérences et d’errances en tout genre. Encore pire que le film de Richard Fleischer…
À l’aube des années 1990, la saga Amityville semble essoufflée. Malgré quelques modestes bonnes idées pour relancer la franchise, le mystère du 112 Ocean Avenue est en perte de vitesse. La banalisation de l’affaire et la qualité incertaine des dernières suites se liguent contre la série de films. Il en résulte des productions assez opportunistes qui s’essayent à différents exercices de hantise pour rameuter le chaland. À peine un an après le quatrième épisode, Amityville: La malédiction entame son périple séculaire sur les plates-bandes du diable. Seulement, le métrage de Tom Berry marque un clivage évident avec ses prédécesseurs. Et ce n’est pas du côté des bonnes surprises qu’il convient d’aller le trouver...
L'une des rares allusions à l'affaire d'Amityville
Car, derrière ses faux atours de cinquième itération dans l’univers d’Amityville, la présente histoire s’en écarte très rapidement. Non seulement, on ne situe pas l’action au 112 Ocean Avenue, mais aucun lien ni rapport n’est effectué avec l’adresse maudite. Certes, on place la ville d’origine dans l’intrigue (mais pas pour le tournage). Pour le reste, on doit se contenter d’une vague et furtive allusion à l’affaire des DeFeo. On a donc affaire à une sorte de spin-off bas de gamme et non à une véritable suite. Autrement, il serait parfaitement compréhensible de s’interroger sur la cohérence du métrage, quitte à remettre en cause sa légitimité.
Au sortir de cette première déconvenue, il faut également compter sur la piètre incursion de Tom Berry dans le cinéma d’épouvante. Là où l’on pouvait auparavant espérer des effets éculés et néanmoins percutants, l’intrigue se focalise sur les maladresses de ses personnages pour faire se manifester le mal. Alors que le troisième opus avait le mérite de s’appuyer sur un scepticisme assumé et le quatrième volet sur des accidents domestiques, l’approche du présent métrage tient autant de la bêtise involontaire que d’un manque d’inspiration flagrant. Une coupure, une chute ou une bousculade sont immédiatement identifiées comme un signe évident du malin. Il fallait oser!
Des expressions qui résument bien ce que l'on pense du film...
Si l’on ne frémit à aucun moment, les bévues et autres étourderies nous laissent à contempler un pathétique spectacle digne d’un cartoon des années1950. Seulement le public n’est pas le même et l’effet désiré est aux antipodes de ce que l’on pouvait attendre. Quant aux visions et aux rêves prémonitoires de l’un des personnages, ils n’ont aucune utilité si ce n’est de mettre en avant ses tendances hystériques. Les pseudo-révélations sont décousues et s’amalgament cahin-caha à l’intrigue pour tenter de rendre l’ensemble potable. La malédiction d’un pendu, l’assassinat d’un prêtre dans sa paroisse et... un confessionnal possédé par l’esprit de ce dernier!
Pour ce qui se plaignait de la lampe du quatrième film, les grattements constants dans cette boite ornementée sauront les faire relativiser. Malgré toutes ses considérations et l’essence même de la franchise, on se heurte à un énième problème de taille: le diable. Celui-ci reste suggéré et ne trouve aucune résonnance dans la suite des événements. Pire que tout, le dénouement sape littéralement la mythologie de base par un règlement de compte complètement stupide où le retour à une réalité au pragmatisme discutable tient lieu de conclusion. Quant aux manifestations de l’au-delà, ils n’ont qu’une incidence secondaire et passablement incohérente par rapport à ce qui est avancé en premier lieu.
Le confessionnal hanté est pourtant un espace non fumeur
Il paraissait difficile de faire plus mauvais qu’Amityville 3D. Pourtant, Tom Berry s’est empressé de démentir cet état de fait avec un film abominable à bien des égards. Incapable de comprendre la base de la franchise Amityville, cet opus usurpé multiplie les choix de direction absurdes. L’absence de lien avec le 112 Ocean Avenue, les phénomènes paranormaux absolument grotesques, l’indigence des acteurs et de la narration, la multitude d’invraisemblances et de contradictions que suscitent des explications finales pitoyables... Il en ressort un moment pénible qui consomme le déclin assumé de la saga par un produit pathétique et vain.
Un film de Tom Berry
Avec : Kim Coates, Dawna Wightman, Helen Hughes, David Stein