Little Monsters
Si le cinéma de genre compte de nombreuses créatures peu ragoûtantes, le zombie est sans aucun doute l’une des figures horrifiques les plus représentées en terme de longs-métrages et de séries télévisées. Porté par l’iconographie mythique des films de George Romero, le mort-vivant s’est décliné sous toutes les formes possibles et imaginables. Et la comédie n’y échappe pas avec quelques œuvres emblématiques telles que Fido ou Bienvenue à Zombieland. Aussi, Little Monsters s’insinue dans un sous-genre particulièrement bien fourni. Comme pour d’autres itérations du même acabit, il paraît difficile de trouver une approche innovante, à tout le moins un propos surprenant.
Rien de tel qu'un concert de métal pour apaiser les esprits (et la faim de viande fraîche)
Mais avant de découvrir la principale singularité de Little Monsters, l’entame n’est pas sans rappeler celle de Shaun of the Dead. Un quotidien morne, un couple sur le point de rompre, un personnage principal un rien indolent dans son comportement et sa mentalité... Autant de points communs et de petites allusions qui présagent d’un traitement ultra-référentiel. S’il est bien amené, comme pour le film d’Edgar Wright, ce choix peut se révéler délectable. Dans le cas contraire, le manque d’identité guette le métrage en question. Exception faite de modestes détails et de l’irruption incongrue de Dark Vador en culotte courte, Little Monsters est pourtant très soft sur cet aspect.
Cette dernière caractéristique se confirme également avec la violence qui demeure en retrait. Certes, cela reste une comédie avec une ambiance relativement légère dans la manière d’appréhender son sujet. Toutefois, accentuer le clivage entre la brutalité explicite d’une invasion Z face à une sortie pédagogique et la classe d’enfants en bas âge aurait pu amener un contraste supplémentaire. Il faut se contenter de deux ou trois scènes vraiment percutantes, notamment la mort de Teddy McGiggle. Pour le reste, le sang gicle avec parcimonie, sauf sur la robe de la séduisante Miss Caroline, même les décapitations à coup de pelles sont victimes de hors-champ.
Une petite excursion à Zombieland ?
Little Monsters ne se montre pas donc forcément généreux en matière de confrontations et de survie. En revanche, le fait d’amener cette invasion de zombies en se focalisant sur le point de vue d’une classe scolaire reste audacieux. Contrairement à ce que laisse présager le titre, il n’est pas question que les élèves deviennent des créatures affamées, comme c’était déjà le cas dans Cooties. Ici, les écoliers sont des survivants. Dès lors, la majeure partie du film se déroule en huis clos dans un magasin de souvenirs. Il n’y a pas de grande originalité si l’on s’arrête à ce simple constat. Seulement, la maîtresse choisit de dissimuler la réalité sous les atours ludiques, et néanmoins illusoires, d’un jeu.
À bien des égards, l’idée est particulièrement intéressante à exploiter. Sous couvert d’un pieux mensonge, on tente de préserver la part d’innocence et d’insouciance des enfants. Dans des circonstances dissemblables et avec une portée émotionnelle différente, il est alors difficile de ne pas songer à La Vie est belle de Roberto Benigni. Le fait d’inventer un jeu pour échapper à une situation extrême dédramatise le contexte. Plus que l’irruption de morts-vivants en elle-même, cette approche donne l’opportunité à l’un des protagonistes de se responsabiliser. Paradoxalement, c’est ce changement d’état d’esprit qui lui permet de renouer avec son âme d’enfant.
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Au final, Little Monsters reste une sympathique surprise dans le paysage surchargé des films de zombies, y compris des comédies horrifiques. Grâce à une idée de départ singulière qui vient se greffer à un sujet de prime abord brutal, le métrage d’Abe Forsythe parvient à se forger une véritable identité. Il est vrai que certains aspects auraient gagné à un développement plus poussé. On songe à une violence trop en retrait ou à la difficulté d’encadrer une classe d’enfants en situation de stress. Hormis un petit trublion, tous restent trop sages, même pour un «jeu». Pour le reste, on apprécie la progression somme toute dynamique; le tout servi par des situations plus ou moins rocambolesques. De plus, Little Monsters se pare d’une belle morale et d’un dénouement cohérent avec ce qui est avancé en amont.
Un film de Abe Forsythe
Avec : Lupita Nyong'o, Josh Gad, Stephen Peacocke, Alexander England