A Christmas horror story
Quand Noël approche, les rues s’illuminent, les chaumières se remplissent de cadeaux plus ou moins utiles et quelques métrages tendent à raviver l’esprit de Noël par le biais d’histoires niaises et/ou larmoyantes. Enfin presque, puisque le genre horrifique ne déroge pas à la règle et nous offre son lot d’atrocités qui se déroulent pendant les fêtes de fin d’année. Dans cette veine, la dernière fournée en date nous apporte «A christmas horror story» qui fait s’entrecouper différents mythes et légendes; particulièrement ceux qui concernent le gros type en rouge à la barbe bien fournie. Cette série B propose-t-elle un agréable moment ou est-elle des plus pénibles?
Papa Noël qui dézingue du zombie...
Musique de générique détournée habilement, approche cinglante de Noël, premières images léchées, A christmas horror story démarre sur d’excellentes bases pour entremêler l’ambiance caractéristique de cette période de l’année avec un traitement des plus novateurs. Certes, le film va surprendre, mais pas pour son originalité. En effet, l’on se rend bien vite compte qu’il n’existe pas d’intrigue principale. Malgré une structure typique d’un métrage «classique», on remarquera la présence de quatre arcs narratifs (cinq avec les interventions de William Shatner) ou, si l’on préfère, il s’agit d’un film à sketches à moitié assumé.
Pourquoi? D’une part, les histoires ne possèdent pas de titres. D’autres parts, elles ne se succèdent pas les unes après les autres, mais se décompose en une multitude de segments épars et brouillon qui peinent à générer un intérêt quelconque à cause d’une quadruple exposition des faits et des personnages. Le montage s’avère pour le moins inégal tant dans la durée, la chronologie et l’importance des événements présentés. Si l’ensemble ne suscite pas forcément l’ennui, il se révèle inconstant et frustrant de par une mauvaise gestion des transitions et des coupures mal amenées.
Apparemment, son cadeau ne lui plaît pas.
Lorsqu’on décèle quelques éléments notables (déroulement de l’intrigue ou idée de mise en scène), on passe à autre chose. D’habitude, ce procédé a tendance à entretenir le suspense. Ici, il se montre agaçant au possible en faisant régresser le rythme. D’ailleurs, il sera à l’origine de nombreuses errances narratives où certaines séquences faciles succèdent à une trop longue attente. Trois des histoires se penchent sur des légendes qui entourent Noël (Krampus, les trolls, le père Noël et ses lutins). La quatrième sombre dans le hors-sujet en plongeant un trio de jeunes éberlués dans les couloirs de leur lycée où un fantôme sévit aux alentours d’une scène de crime peu ragoûtante.
Il est vrai qu’on devine quelques liens ténus entre les différentes mini-intrigues, mais aucun fil rouge ne viendra apporter un semblant de cohérence pour justifier l’ensemble. D’ailleurs, ce ne sont pas les commentaires inutiles du présentateur radio qui contrediront ce triste constat. Entre une famille aux prises avec le krampus, une autre qui vole un sapin et ramène un changeling à la place de leur fils, le lycée hanté cité plus haut et surtout le père Noël contraint de décimer ses elfes devenus des morts-vivants, on souffle le chaud et le froid pour un résultat décevant et passable dans son appréciation générale.
Rien de tel que passer Noël avec la famille.
À ce titre, les protagonistes ressassent les clichés dus à leur rang ou à leur implication dans un récit horrifique. Malgré l’abondance de dialogues ou de séquences propices à développer leur caractère, ils demeurent basiques au possible avec peu ou pas de motivations clairement établies (tout comme le film). S’ils ne sont pas agaçants ou détestables, ils laissent le spectateur indifférent face au triste sort qui les attend. En ce sens, le casting reste dans la moyenne sans faire d’étincelles, même William Shatner fait office de guest-star sans vraiment tirer son épingle du jeu. Autrement dit, les acteurs, comme les personnages qu’ils interprètent, sont d’une rare banalité.
Au final, A christmas horror story accuse trop d’écueils et de maladresses pour être un bon film. La faute incombe principalement à une structure anarchique où s’entrecroisent quatre récits bancals. Ceux-ci peinent à s’approprier l’atmosphère des fêtes de fin d’années ou des légendes évoquées pour se démarquer. Malgré quelques idées notables (une photographie honnête et l’atelier du père Noël comme vous ne le verrez jamais), le conventionnel, le ridicule et l’inutile se succèdent à un rythme très irrégulier. Il en ressort un pot-pourri aux limites de l’absurde (le dénouement en est la preuve) qui, en d’autres mains, aurait pu donner lieu à une approche novatrice de Noël développé sous le prisme de l’horreur. Une tentative manquée.
Un film de Grant Harvey, Steven Hoban, Brett Sullivan
Avec : William Shatner, George Buza, Jeff Clarke, Percy Hynes White