Welcome to the Jungle
Depuis quelques temps, une nouvelle vague des films shootés à l'épaule façon documentaire nous submerge. Cloverfield, [REC] et Diary of the Dead sont autant d’exemple de cet engouement pour le faux-documentaire.
Welcome to the Jungle s'inscrit dans cette lignée et nous présente donc un film monté en vue subjective, via une caméra que les héros portent chacun à leur tour, et traite de cannibales. Si cela vous rappelle quelque chose c'est tout à fait normal puisque le film de Jonathan Hensleigh se veut une « réactualisation » officieuse du grand classique du cinéma gore italien : le cultissime Cannibal Holocaust...
N'y voyez rien de sexuel!!
Deux couples jeunes et intrépides se mettent en tête de quitter les paradisiaques îles Fidji pour partir en Nouvelle-Guinée, à la recherche de Michael Rockefeller, fils du milliardaire disparu en 1961. Arrivés sur place, ils remontent sa trace jusqu'au profond de la jungle indonésienne, là où vivent encore de mystérieuses tribus de guerriers cannibales...
"Ils n'ont pas l'air amicaux!" Dira l'une des filles...
Tout d’abord, un petit mot sur le réalisateur. Jusqu'ici Jonathan Hensleigh était surtout connu pour avoir été le scénariste de plusieurs blockbusters tels qu'Armaggedon, Jumanji ou Die Hard 3: une journée en enfer. En 2004, pour sa première réalisation, il s'était mis en tête d'adapter le célèbre Punisher et le film qui en avait résulté se distinguait par un manque notable de violence graphique à l’écran alors que le sujet s’y prêtait tout de même assez bien (rappelons que le Punisher n’est pas vraiment connu pour faire dans la dentelle).
Et bien dans Welcome to the Jungle, c’est un peu la même chose. On ne verra finalement que très peu de choses. Quelques furtifs morceaux de barbaque en pleine nuit à peine éclairés par une lampe-torche et une femme empalée par la bouche. Pour un film « gore », c’est beaucoup trop peu. Surtout que ces moments de boucherie tant attendus sont la principale source d’intérêt et de raison d’être du film, parce que ce n’est pas avec l’histoire téléphonée et les quatre imbéciles qui nous servent de héros que l’on a envie de rester devant son écran.
L'un des plans les plus gores du film. (Sans rire!)
Le scénario donc, est déjà bancal à la base. Quatre jeunes gens, qui se connaissent à peine, décident de partir à l’autre bout du monde, dans un des pays les plus dangereux de la planète, à la recherche de quelqu’un qui a disparu depuis quarante ans dans une région cannibale. Franchement, personne ne ferait un truc comme ça pendant ses vacances ! Ils ne doivent vraiment pas tenir à la vie car c’est carrément du suicide de tenter une aventure pareille, encore plus lorsqu’on ne connait pas ses coéquipiers !
Autre incohérence, cette fois inhérente au genre même du film, les héros ne lâchent jamais leur caméra, même quand la situation exigerait qu’ils fuient en courant. Par exemple, quand ils retrouvent leur copine empalée et suspendue, la premère réaction du mec c’est « vas-y filme-la ». Mais c’est vrai que s’ils ne faisaient pas ça, on ne verrait rien. Donc passons.
Quelques dialogues valent par contre le détour avec notamment l'extraordinaire réplique "Mais que s'est-il passé?!" quand la brune découvre son pote dont les jambes et les bras ont été coupé par les cannibales! Ce n'est pas du Audiard, mais ça fait tout de même son petit effet.
Nos quatre andouilles et leur guide "Que ne faut-il surtout pas faire pour rester en vie"
En fait, le plus gros problème du film, ce n’est pas tellement son manque de gore qui aurait pu être pallié par une tension permanente, mais bien le fait que cette dernière ne soit présente à aucun moment. Les personnages sont tellement antipathiques qu’on ne souhaite qu’une chose, les voir mourir dans d’atroces souffrances. Aucune angoisse n’étreint donc le spectateur à l’idée qu’ils sont en danger et du coup, on se retrouve très frustrés quand ils se font massacrer mais qu’on n’en voit pas la moindre goutte de sang.
Les "héros" du film sont des têtes à claques peu crédibles qui font absolument tout ce qu’il faut pour ne pas rester en vie. Deux d’entre eux ne pensent qu’à boire, baiser et se promener comme au Club Med alors qu’ils sont en plein territoire cannibale tandis que l’autre couple s’aventure dans la forêt au lieu de fuir par la rivière alors qu’ils sont entourés par les mangeurs de chair humaine.
Bigre! On croirait presque que le film est violent!
Tout ceci est fort dommage car l’aspect documentaire est assez bien rendu et aurait pu donner lieu à quelques séquences barbares d’anthologie. A la place, on se retrouve avec quatre crétins qui passent leur temps à se disputer au lieu d’essayer de survivre et des cannibales trop peu présents à l’écran.
Bref, une grosse déception par rapport à ce qu'on pouvait en attendre! Cannibal Holocaust a encore de beaux jours devant lui avant de se trouver un digne successeur.
Geoffrey Claustriaux
Un film de Jonathan Hensleigh
Avec : Sandi Gardiner, Callard Harris, Nickolas Richey, Veronica Sywak