Voir la fiche complète du film : Dark Star (John Carpenter - 1974)

Dark Star

En dépit de ses nombreux défauts, un premier film très surprenant de la part de Carpenter.

Publié le 24 Février 2014 par AqMEVoir la fiche de Dark Star
6

Avant de se lancer dans une carrière cinématographique, les élèves d'école de cinéma doivent en général fournir un film de fin d'études, sans forcément être destiné à être exploité commercialement. Ce n'est d'ailleurs pas plus mal pour certains cinéastes, qui ont toujours tendance à renier leur premier bébé. Le cas est évoqué de manière fictive dans Midnight Movie, le livre signé par Tobe Hooper, où il raconte de manière totalement inventée comment son premier film est une plaie et une honte pour lui. Mais parfois, d'autres films de fin d'études sont cultes, comme le Cabin in the woods de Sam Raimi qui débouchera sur Evil Dead. John Carpenter fut connu grâce à son premier film, Dark Star qui au départ ne devait jamais être diffusé ou commercialisé au grand public. C'est 40 ans plus tard que Carlotta Films décide de ressortir le film de science-fiction dans une édition sublime et qui devrait combler tout fan de Big John.


Bronzette spatiale.

L'histoire du film est assez simple et s'articule comme un huis-clos spatial. Signé Dan O'Bannon, que l'on retrouve au casting du film, mais aussi quelques années plus tard en tant que scénariste de Alien le Huitième Passager, le scénario de Dark Star se veut à la fois drôle et dramatique. On suit le quotidien de quatre spationautes qui ont pour mission de détruire les planètes instables qui risquent de sortir de leur orbite. Pour les aider dans cette affaire, un ordinateur de bord doué d'intelligence les aide. Seulement, même les bombes ont une conscience et lorsque le vaisseau passe au travers d'une pluie de météorites avec un champ électromagnétique, des avaries vont causer quelques problèmes. Prémices du film angoissant dans l'espace, Dark Star va souffrir des affres du temps, tout en gardant un aspect artisanal relativement intéressant.

Du point de vue de la réalisation, on sent de suite que c'est fauché. Les effets spéciaux sont ridicules et malgré les astuces du maître, certains passages font vraiment peine. Les décors se résument à peu de choses et il n'y aura pas de variations sur les couleurs. On reste dans le rouge et le gris, montrant l'aspect alarmant de certaines situations et la neutralité, l'ennui de la personnalité technologique du vaisseau. Mais si on passe au-delà ces quelques défauts, on remarquera sans peine une réalisation plutôt bien fichue et des plans qui seront la marque de fabrique de John Carpenter.


Design épuré.

Ce qui est très surprenant dans ce film, c'est l'aspect humoristique. Sorte de pastiche de 2001, l'odyssée de l'espace, certains passages font clairement penser à une comédie des années 70. Entre la chasse à un alien moqueur, la mésaventure avec un ascenseur récalcitrant ou encore la toute fin qui est tout simplement hallucinatoire, le film va vraiment vers une comédie. On notera aussi une version de HAL plutôt comique sous la forme d'une bombe soupe au lait. Cet effet comique est assez inattendu et si l'on n'est pas préparé, il peut paraître désuet et inopportun, rompant le charme de l'aspect psychologique et dramatique. On pourra aussi être surpris par l'alien dans le vaisseau, qui est composé d'un ballon gonflable de plage et de pattes palmées en mousse.

Mais encore une fois, cet aspect comique un peu hors de propos est contrebalancé par un aspect psychologique très intéressant. Les dialogues sont relativement intelligents et les relations entre les membres de l'équipage sont vraiment très réalistes. On remarquera la lassitude de certains, la nostalgie d'autres et parfois même la sortie de la réalité, comme l'homme dans la bulle qui observe les étoiles et qui vit presque en ascète dans son dôme de verre, complètement hypnotisé par les étoiles. On remarquera aussi l'agacement des uns et le déni total des autres, comme le dialogue lorsque le petit groupe mange et que l'un d’entre eux parle de quelque chose et que les deux autres n'écoutent pas, car ils ont déjà entendu cela il y a quatre années. Ces personnages sont assez touchants et on s'attache à eux, ne les enviant pas. D'ailleurs, le film débute par une vidéo qui annonce qu'ils sont à une dizaine d'années de la Terre et qu'ils doivent se démerder sans aide. Ainsi, on voit bien que cet aspect comique renforce presque le côté dramatique de la situation qui semble interminable.


Surprise, vous êtes filmés !

Au final, Dark Star et un premier film très surprenant et qui force le respect pour plusieurs choses. Premièrement, il demeure regardable alors qu'il est totalement fauché et qu'il s'agit d'un film de fin d'études. Deuxièmement, l'aspect psychologie est très bien foutu et relativement intelligent. Alors il est vrai que le métrage possède énormément de défauts, mais on voit la patte de John Carpenter et le film est parfait pour parfaire sa filmographie sur ce réalisateur hors pair !

Autres critiques

Destination Finale 4
Attention, cette critique s'appuye sur une vision en 2D du film, le cinéma préféré de votre serviteur n'ayant pas les installations nécessaires pour une projection 3D. Décevant. Tout simplement décevant. Ce nouveau volet de la saga des Destination Finale n'avait d'autre prétention que de divertir le public mais malgré celà, il fait au final assez pâle figure par rapport à ses...
Sphère
Le psychologue Norman Goodman (Dustin Hoffman) est conduit en hélicoptère au beau milieu de l’océan pacifique pour ce qu’il croit être un accident d’avion. Lorsqu’il arrive sur place, il constate qu’il n’y a non seulement aucune trace d’un accident d’avion quelconque mais que plusieurs navires de guerre sont présents sur le même site. Il est rapidement conduit auprès d’Harold C. Barnes (Peter...
Infini
La science-fiction et l’horreur sont deux genres qui se sont rencontrés à plusieurs reprises à travers l’histoire du cinéma. On a eu droit à quelques classiques du septième art tel qu’ Alien , mais aussi d’étonnantes séries B, comme Event Horizon . Si ce mélange offre de nombreuses possibilités aux metteurs en scène, il était en perte de vitesse depuis quelque temps. Il y a bien Prometheus ou...
Lavalantula
Au même titre que les requins, les crocodiles ou les serpents, les araignées sont une espèce particulièrement prisée par le survival animalier. Malgré de nombreuses déconvenues ( Creepies , Arachnid , Ice Spiders ...), le genre nous a tout de même servi quelques sursauts d’orgueil avec Arachnophobie ou le très fun Arac Attack . Il persiste néanmoins un ton bis plus ou moins assumé au fil des ans...
Alita : Battle Angel
Les adaptations live des mangas sont à double tranchant. D’une part, le matériau de base et la complexité sous-jacente de certaines œuvres sont souvent édulcorés pour toucher un plus large public. D’autre part, les univers dépeints font montre d’une certaine démesure qui semble bien difficile à retranscrire. On songe au projet avorté d’ Akira , à la récente version de...

Devinez le film par sa tagline :

Ils sont collés. Ils ne veulent pas y réster!
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !

Thématiques