The Park
Qu’il s’agisse de parcs d’attractions ou de fêtes foraines, le cadre distrayant de tels endroits donne parfois lieu à quelques détournements plus ou moins réussis dans le domaine horrifique. Le danger des manèges, le passé trouble des environs, un accident malencontreux, une farce qui tourne mal... Les idées ne manquent pas pour prétexter une petite visite. Alors que le début des années 2000 était marqué par l’émergence d’un cinéma asiatique à succès et orienté vers le marché international, les productions n’ont pas tardé à affluer. Entre deux volets de sa trilogie Infernal Affairs, Andrew Lau n’a pas échappé au phénomène en s’octroyant une incursion inattendue dans le genre. Son film s’avère-t-il meilleur que l’exécrable Are you ready?
Oui, la 3D, c'est mauvais pour la vue.
Et pourtant la qualité des polars du réalisateur n’est en rien représentative de ce qui va suivre. Derrière ses atours horrifiques à demi-assumés, The Park s’amuse dans le mauvais sens du terme à jouer avec les nerfs du spectateur. Non pas que le métrage nourrisse une atmosphère oppressante ou inquiétante, mais semble une sorte de fourre-tout informe où les éléments narratifs et visuels s’entrecroisent sans la moindre cohérence. Là où certaines bobines font le choix d’une approche psychologique ou explicite de manifestations paranormales, The Park mélange les deux aspects sans parvenir à trouver le juste équilibre. Pire que cela, le résultat confère une fausse-parodie des plus pathétique.
Malgré une entame sérieuse et un ton axé sur les contrastes entre tragédie et lieu d’amusement, l’intrigue se complaît dans une médiocrité navrante. Progression prévisible et laborieuse, pauvreté des dialogues et invraisemblances en pagaille gangrènent l’histoire du début à la fin. Si l’on dénote quelques éléments inhérents au slasher, le film d’épouvante «made in asia» ressasse un peu tout et n’importe quoi sans vraiment trouver une réelle utilité dans la finalité des événements. Le drame dépeint dans l’introduction n’aura pas de suite. Les spectres dans les cauchemars de la protagoniste? Hormis une copie-carbone éhontée d’une référence en la matière (The Grudge), aucun intérêt.
Les griffes de l'ennui !
On peut également évoquer la multitude d’enfants morts qui hantent le parc d’attractions. Que leur est-il arrivé alors que l’accident initial impliquait une seule victime? Les entités maléfiques, la présence du vieux pervers de service ou les autres fantômes... Encore que, sur ce point, on met en avant un prétexte à la Poltergeist pour ficeler l’ensemble. Bref, The Park présente des séquences inintelligibles, parfois absurdes, souvent ridicules, pour servir des propos qui confèrent au non-sens. Quand ce n’est pas suffisant, le scénario pompe çà et là ce qui lui sied. L’exorciste chinois fait partie des victimes, mais on pense surtout au jeu vidéo Project Zero qui s’est vu voler l’utilisation de son appareil photo pour capturer les esprits errants!
Au manque d’originalité s’ajoute une approche pseudo-comique qui achève le peu de crédits qu’on peut accorder au film. D’une part, on a droit à un casting rempli de belles gueules (quoique...) sans talent qui hurlent pour un rien, s’ennuient et surjouent au possible. D’autre part, on a cet humour maladroit et basique qui ponctue les séquences légères et dramatiques. Du pathos, des sentiments mielleux et des relations anecdotiques polluent un cadre qui ne paie pas de mine. Le fameux parc d’attractions a des allures de fête foraine fauchée nichée entre un terrain vague et un malheureux bosquet. À aucun moment, les manèges ou le décor ne font l’objet d’une quelconque exploitation judicieuse.
Pas le meilleur endroit pour frissonner...
Et ce n’est pas la présence d’une 3D ignoble qui permet de rendre l’expérience plus immersive, mais plus insupportable. Les couleurs, l’usage premier et la justification de cet élément effacent les rares plans notables où l’on découvre le parc noyé dans la brume où les éclairages vifs dénotent. Même l’horreur en elle-même se niche dans des impasses de créativité avec des cris inutiles, des morts ridicules et des fantômes (ou des parties de fantômes) moches à pleurer. Les images de synthèse n’aident nullement à crédibiliser le tout et, comme point d’orgue à cette sombre farce, l’interminable dénouement se pare d’un trip à la «Histoire de fantômes chinois» avec un affrontement final pleine de théâtralité et de... Non, en réalité, c’est encore pire que le reste.
Au final, The Park est une erreur incompréhensible dans la carrière d’Andrew Lau. Le genre de film inepte qu’il vaut mieux ignorer pour ne pas ternir la réputation du réalisateur. À la fois longue et bavarde, l’intrigue multiplie les incohérences dans des séquences déstructurées et sans fondement. Affublé d’une mise en scène minable, d’un scénario navrant et d’interprètes plus agaçants les uns que les autres, The Park joue sur l’opportunisme des productions horrifiques asiatiques. Il en ressort une comédie involontaire qui détourne, bien malgré elle, les codes de l’épouvante sans jamais comprendre les mécanismes de la peur. Grotesque et sans intérêt.