The Last Sharknado : It's About Time
Depuis 2013, Sharknado est devenu un phénomène aussi inexplicable qu’incongru. Malgré sa débilité clairement affichée, une équipe au rabais et un concept fauché en rase-mottes, Anthony C. Ferrante a réussi le pari hautement improbable de rendre «culte» un étron du septième art. Comme évoqué dans les critiques des précédents volets, la nullité s’est avérée un standard de qualité. Prétexte appuyé par le sacro-saint divertissement d’une masse abrutie par quelques produits plus ou moins licites. Fort heureusement, il faut bien une fin à tout, même aux pires exactions du septième art. Si nul n’est prophète en son pays ou son époque, force est de reconnaître que Fin Shepard a pris le dicton au mot avec un voyage dans le temps en guise de baroud d’honneur.
On bouscule l'ordre de la chaîne alimentaire !
Prônant une apocalypse d’un genre nouveau,le cinquième opus se terminait en queue de poisson pour tenter de fournir un dernier effort poussif. Après avoir écumé les genres et les références cinématographiques en tout genre, on a droit aux premiers requins voyageurs temporels de leur état. Si l’on connaissait la saga d’Asylum pour son manque de cohérence entre chaque séquence, celles-ci trouvent dorénavant une justification à sa mesure avec des passages alambiqués entre différentes époques. L’occasion est donnée de saper les derniers pans de raison des spectateurs en massacrant l’histoire et des films cultes dont le statut n’est, en l’occurrence, guère usurpé.
On songe bien évidemment à Retour vers le futur, mais aussi aux œuvres arthuriennes (Excalibur, Princess Bride...) ou les odyssées préhistoriques, comme La guerre du feu. Cela passe par des répliques cinglantes, ainsi que par des saynètes au résultat affligeant. Car non satisfait de promouvoir une telle débandade dans la cohésion narrative, les transitions se font à coup de projection dans les airs, dignes des plus mauvais cartoons. Pour ceux qui en douteraient encore, on peut évoquer la chasse aux requins à dos de ptéranodon, la fée Morgane reconvertie en travesti mal embouché ou une allusion à Roboshark au 210e siècle de notre ère avec des sentinelles décérébrées.
Haut les flingues, pied-tendre !
À ce stade, les requins n’ont plus la moindre importance en eux-mêmes. On ne peut même pas parler d’une menace en tant que prédateurs, mais simplement d’un caprice météorologique qui investit tous les pans de l’histoire connue et inconnue. On se contente de quelques coups de pompes bien placées, de survoler les sharknado ou de jouer au baseball avec les squales. Pour les attaques, ça croque des seconds couteaux entre deux rafales. Inutile de s’attarder sur la variété des espèces qui compose ces tornades d’un autre temps. Tant au niveau de la taille que des disparités morphologiques, les squales se suivent et se ressemblent dans leur pathétique vol planant.
Dans de telles circonstances, on ne peut escompter une once de réalisme, mais était-il nécessaire de multiplier les anachronismes et autres reconstitutions bancales pour justifier la connerie antédiluvienne qui émane de ce produit? Toujours est-il que la variété des époques se heurte au grand n’importe quoi d’une intrigue à la nullité intrinsèque. Et l’on ne peut même pas se retrancher vers une abondance de situations aussi «généreuses» qu’improbables. Un clin d’œil au feuilleton Beverly Hills 90210 et un retour aux sources du concept n’enlèveront rien à un dénouement en roue libre. Ainsi, on peut croiser au détour d’un vortex temporel des gladiateurs, des boxeurs, une navette spatiale, sans oublier Adolf Hitler. Cherchez l’intrus...
Surfnado on the beach !
Au final, The Last Sharknado : It's About Time est à l’image du reste de la franchise. À savoir, opportuniste, incroyablement mauvais et d’une stupidité omnipotente. Le simple fait que son succès tient à sa nullité a de quoi laisser perplexe. Il existe des métrages fun et décomplexé qui n’ont pas besoin de s’afficher en tant que nanar ou faux nanar pour divertir. Force est de constater que la formule fonctionne et continue à faire des émules, au grand dam de véritables productions animalières. À moins de partager le mauvais goût des scénaristes ou de confondre convivialité et absurdité pour des soirées entre amis, cet ultime opus, comme le reste de la franchise, ne mérite aucune considération. Plus un bad trip qu’un délire réjouissant.
Un film de Anthony C. Ferrante
Avec : Ian Ziering, Tara Reid, Tori Spelling, Vivica A. Fox