Histeria
Attention cette critique peut contenir des spoilers
Depuis 1998 et The Ring, les films de fantômes asiatiques ont déferlé comme un tsunami sur nos écrans. C'est ainsi que les filles aux longs cheveux, Gamins blancs (ou bleus c'est selon) et une foule d'esprits nés du folklore local ont fait frissonner des millions de spectateurs.
Il faut croire que le public asiatique ne lasse pas de ces histoires somme toutes répétitives car les cartons s'enchaînent régulièrement au box-office. C'est aussi le cas d'Histeria qui a rencontré fin 2008 un énorme succès dans son pays d'origine, la Malaisie.
Mais tout Malaisien qu'il soit, Histeria ressemble aux autres films de fantôme asiatique, a le gout et le look d'un film de fantôme asiatique mais il n'est pas un film de fantôme asiatique: c'est un film de MONSTRE asiatique. Nuance.
En effet, y a de quoi se prendre la tête...
Murni est la seule survivante d’un groupe de jeunes filles qui se nomme les «Pink Ladies». Elles ont été brutalement assassinées dans leur lycée privé et la police croit que Murni est responsable du crime via une crise d’hystérie. Interrogée par son médecin et un policier, elle raconte comment deux jours auparavant, à la suite de ce qu’elles croyaient être un simple jeu, elles ont invoqué à un démon...
N'insistez pas, elles ne se déshabilleront pas!
La créature qui sert ici de monstre au film et en fait l'originalité s'appelle un Hantu Raya. C'est une sorte de démon/fantôme au service d'un mortel et agissant comme le double maléfique de celui ou celle qui l’a appelé. Sa particularité (dans le film du moins) est de pouvoir prendre la forme humaine qu'il désire.
Dans Histeria, son physique "monstrueux" ressemble à... ben, à rien en fait. A vrai dire, il est très difficile de le décrire avec des mots. La seule chose que je peux vous en dire, c'est qu'il a l'air tout brûlé et possède de grandes dents. Sans doute pour mieux croquer les petites malaisiennes.
Sa présence à l'écran a néanmoins le don d'instiller un certain malaise.
Mais passé cette petite touche d'exotisme, que vaut réellement Histéria?
Pour être honnête, le film n'est pas mauvais mais il peine vraiment à se distinguer du lot des films d’horreurs asiatiques, que ce soit dans la construction de son récit et le respect des règles qui régissent le genre. Tout se passe comme prévu et le spectateur a toujours une longueur d'avance sur les protagonistes.
De plus, il y a dans le film une morale sous-jacente un peu conservatrice, voire rétrograde. Les victimes sont des filles frivoles, insouciantes et qui ne pensent qu'à s'amuser sans se soucier des conséquences. En gros, dans le film, ceux qui ne se conduisent pas bien et ne respectent pas les règles sont châtiés.
Quelque part c'est comme dans les slashers américains où seule la prude jeune femme a une chance de s'en sortir. Dans Histéria elle s'appelle Murni, est petite, n'a pas de petit ami et est brimée par ses amies.
On ne peut bien sûr pas en vouloir à James Lee d'avoir respecté les codes habituels aux films de ce genre mais on espérait tout de même un brin d'originalité dans une production malaisienne.
On notera malgré tout la présence d'une lesbienne et d'un (presque) baiser entre filles. C'est assez rare dans un pays à majorité musulmane comme la Malaisie pour être souligné.
Un peu de gore pour faire bonne figure...
En ce qui concerne les actrices, on peut dire qu'elles tiennent bien leur rôle de greluches énervantes. On remarquera que leur jeu est sans fausse note et donc crédible. De plus, la plupart sont très mignonnes, ce qui ne gâche rien.
Le problème c'est qu'il n'y a pas grand chose à dire sur leurs personnages tant ils sont minimalistes au niveau psychologie. Aucune des filles n'est développée, si ce n'est au travers de quelques paroles de leur professeur mais c'est tout. Elles ne sont là que pour servir de pâtée à la créature, point final. Ce qui nous amène à l'autre gros défaut du scénario, outre sa prévisibilité.
Comme précisé ci-dessus, le Hantu Raya est un démon au service d'un mortel. Le souci dans Histeria c'est que ledit mortel n'a aucune justification à ses actes et que le semblant d'explication qui transparait vers la fin tombe à plat. En effet, on ne voit pas ce qui peut amener l'assassin à posséder un tel esprit revanchard ou ce qui justifie une telle violence envers ces demoiselles. Ou alors nous ne disposons pas de tous les éléments. A moins que leur unique crime ait été d'être frivoles, mais là ce serait franchement critiquable...
Bref, tout ceci participe au fait que le final tombe comme un cheveu dans la soupe et laisse un gout amer.
Le démon. Je sais, on ne voit pas grand chose...
Geoffrey Claustriaux