Voir la fiche complète du film : The Haunting of Borley Rectory (Steven M. Smith - 2019)

The Haunting of Borley Rectory

En s’inspirant d’un fait réel et du « Conjuring Universe », le film de Steven M. Smith manque cruellement d’identité. Le cinéaste s’avère incapable de raconter une histoire de manière correcte. Il est tout aussi incompétent à susciter la peur, hésitant constamment entre la suggestion et la confrontation au surnaturel. À la fois assommant et fastidieux, un métrage guère enthousiasmant au vu du potentiel initial.
Publié le 17 Janvier 2021 par Dante_1984Voir la fiche de The Haunting of Borley Rectory
2
Fantôme Rêve et Cauchemar

Quelle que soit la localité géographique, les cas de hantises sont innombrables. Amityville, Enfield, le manoir Winchester… Les exemples ne manquent pas et ceux-ci ont fait l’objet d’une ou de plusieurs adaptations cinématographiques. Bien moins médiatisé, mais tout aussi connu par les spécialistes et les amateurs d’intrigues paranormales, le presbytère de Borley était réputé pour être l’un des lieux les plus hantés d’Angleterre avant sa démolition en 1944. Hormis un épisode du Tribunal de l’impossible, le cas a pourtant suscité peu d’enthousiasme auprès des producteurs, du moins jusqu’à présent où une poignée de projets indigents tentent de s’approprier le matériau de base.

 

Tout un programme...

En de telles circonstances, la principale crainte est de s’attarder sur le respect de l’histoire initiale. Or, The Haunting of Borley Rectory joue la carte de l’adaptation libre avec un scénario qui demeure une pure fiction. Il n’est pas question d’explorer les couloirs obscurs du presbytère, mais d’arriver après la guerre au sens propre, comme au figuré. Si les ruines ne sont guère démolies, l’incendie s’est déjà produit. Aussi, le rapport avec le passé des lieux reste beaucoup trop en retrait. Un peu comme le spectateur qui se détache progressivement de l’histoire lorsqu’il comprend que l’ensemble s’avère autant redondant que ronflant dans son évolution.

Le caractère répétitif tient à des irruptions surnaturelles similaires, car elles usent des mêmes mécanismes pour tenter de surprendre. D’une part, les jump-scares ne fonctionnent absolument pas. D’autre part, le réalisateur est incapable d’amener une situation tendue à son point d’orgue. Il atermoie constamment entre une approche suggestive privilégiant un cadrage excentré et des séquences beaucoup plus frontales dans son traitement horrifique. Non seulement ces deux aspects se contredisent, mais aucun ne se distingue réellement. L’ambiance demeure dans une platitude affligeante où l’on amalgame très vite les divagations cauchemardesques du protagoniste et les visions « réelles ».

 

L'isolement religieux : on a tout à y gagner !

Loin d’en atteindre le niveau, l’influence de The Conjuring et La Nonne renvoie à quelques allusions religieuses. Certes, on le serait à moins avec un tel cadre. Cependant, il est difficile de ne pas songer à ces métrages devant le faciès du spectre et son accoutrement clérical. On notera que le maquillage est aussi catastrophique que les rares effets spéciaux utilisés pour lui insuffler une aura diabolique. Malheureusement, chacune de ses interventions est à la fois vaine et ridicule, car elle ne suscite aucun effroi ni émotion. Quant à l’environnement en lui-même, on explore que trop peu (et souvent en rêves) les ruines du presbytère. La majeure partie de l’« action » se situe dans le cottage voisin.

Si le nombre de protagonistes est réduit au strict minimum, il est difficile d’y accorder le moindre crédit. Pourtant, la période de la Seconde Guerre mondiale et la proximité avec le drame qui a frappé Borley auraient pu concourir à offrir un contexte réellement intéressant à exploiter. Au lieu de cela, il faut se contenter de plusieurs flashbacks à la similarité confondante, des échanges impavides et des seconds rôles transparents. Et ce n’est pas le personnage d’Harry Price qui change la donne ou permet de s’ancrer dans un réalisme de circonstances. Pour parachever ce tableau des plus médiocre, on notera de nombreuses approximations et des raccourcis tout aussi évasifs dans l’évocation de l’histoire du presbytère.

 

Un fantôme qui laisse des traces ?

Au final, The Haunting of Borley Rectory ne rend guère hommage au presbytère et à l’aura de mystère qui l’entoure. Malgré une base de travail relativement séduisante, le scénario fait du surplace et ne parvient guère à développer un minimum d’atmosphère au cœur de l’Essex. Les phénomènes paranormaux sont furtifs et fauchés, tandis que les acteurs ne communiquent absolument rien. La faute à une interprétation ratée et à des personnages inintéressants. L’ensemble se révèle ennuyeux et tente quelques effets de mise en scène pour inquiéter, en vain. Affublé d’un style graphique calamiteux, un film d’épouvante long, parfois suffisant dans sa démarche et très éloigné de la véritable histoire.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Détour Mortel 4 : Origines Sanglantes
Cette critique contient quelques spoilers Après trois Détour Mortel qui semblaient avoir épuisé le filon jusqu'à l'os, on ne s'attendait pas à voir revenir nos psychopathes congénitaux pour une quatrième aventure. Il faut dire qu'après un premier opus très réussi, une suite un peu deçà et un troisième opus sympathique mais flirtant parfois avec les limites du grotesque, on pouvait se demander...
The Thing
Quand l'annonce d'un remake/prequel du mythique chef d'oeuvre de Big John Carpenter a été proclamée, beaucoup ont crié au scandale. Je ne fais pas partie des gens qui s'amusent à défoncer un métrage avant de l'avoir vu et de me faire une propre opinion, mais pour le coup, je me suis dit que cela allait être très difficile de passer derrière le film de 1982, tant il reste...
Resident Evil Degeneration
Au cinéma, la saga Resident Evil est loin de faire l’unanimité. Hormis un premier opus passable et un troisième volet intéressant dans sa déclinaison post-apocalyptique, la genèse initiée par Paul W.S. Anderson a progressivement sombré. En parallèle, le spectateur a eu droit à des films d’animation coproduits par Capcom. Ce qui laisse sous-entendre une bonne maîtrise de l’...
Lake Placid 3
Un zoologiste emménage aux abords de Lake placid avec sa famille pour trier les affaires de sa mère. Mais le lac est loin d'être aussi calme qu'il n'y paraît. En effet, des crocodiles géants sèment la terreur dans ses contrées... Initié en 1999 par le sympathique film de Steve Miner, la saga Lake placid fait dorénavant la joie des producteurs avides de nanars vite faits, mal réalisés. En 2007,...
Dolan's Cadillac
Stephen King et le cinéma c'est une longue histoire d'amour, néanmoins pavée d'innombrables échecs. Pour quelques réussites ( Shining , Misery , La Ligne Verte ,...), combien de navets/nanards ont-ils été réalisés à partir des écrits du maître de l'horreur? Le problème, c'est que ses romans sont trop denses pour être bien retranscrits tandis que ses nouvelles sont souvent trop...
The Haunting of Borley Rectory
Réalisateur:
Durée:
2
Moyenne : 2 (2 votes)

Thématiques