Subspecies
En Roumanie, trois étudiantes en histoire passent quelques semaines dans un ancien couvent afin d'y découvrir les coutumes locales. Mais elles ignorent qu'un vampire a élu domicile dans les ruines d'un mystérieux château. Lorsque la firme Full Moon s'intéresse au vampirisme, on a droit à une série B folklorique mais authentique, première étape d'une des plus célèbres franchises de la compagnie américaine.
Débutant sa carrière de producteur dès le milieu des années 70, suivant les traces de son père, Albert, Charles Band connait son heure de gloire à partir de 1985, avec sa collaboration fructueuse avec le cinéaste Stuart Gordon. Profitant du succès critique et commercial de Ré-Animator, il inonde alors le marché vidéo US de nouvelles sagas, parfois réussies (la trilogie initiale des Puppet Master) mais aussi souvent bâclées.
Ayant ses entrées en Europe de l'Est, il est l'un des premiers producteurs américains à exporter ses tournages en Roumanie, une astuce lui garantissant un rendement optimal. Profitant des décors naturels mystiques de la campagne roumaine, il est à l'origine du premier volet des Subspecies en 1991.
Il en confie la mise en scène à l'un de ses fidèles artisans, Ted Nicolaou (TerrorVision), qui oeuvra à divers postes dans les multiples sociétés de Band (y compris ses programmes érotiques). Devant la caméra, les fans d'horreur apprécieront le guest star d'Angus Scrimm (le célèbre croque-mort de Phantasm), opposé à l'inquiétant Anders Hove, dans le rôle de Radu. Le reste du casting est logiquement assez anodin, même si on appréciera le joli minois de la brunette Laura Tate (Dead Space).
D'emblée, le réalisateur nous plonge dans un univers gothique propice au frisson, avec une vieille crypte humide accueillant deux générations vampiriques que tout oppose. Avec leurs longues mains griffues, ces vampires évoquent l'ombre famélique de Nosferatu et du futur Dracula de Coppola. Radu, le méchant de service, est également effrayant à souhait, même si l'apparence très (trop) humaine de son demi-frère pose question. On sera davantage surpris devant la présence de petits êtres démoniaques aux ordres de Radu. Création de David Allen, le père des Puppet Master, ces monstres évoquant l'univers d'Harryhausen apportent une touche à la fois kitsch et nostalgique au métrage.
Néanmoins, contrairement à la plupart des productions Full Moon frôlant souvent le second degré, voire la parodie, Creatures of the Night nous propose un angle fantastique tout à fait sérieux et crédible. D'une durée assez faible (80 minutes environ), il présente le mérite d'éviter le moindre temps mort et les scènes gratuites. Même si l'habitué du genre ne tremblera jamais, l'atmosphère générée par les vieilles pierres et le folklore local offre un bel hommage au fantastique d'antan. On apprécie d'ailleurs ce type de tournage extérieur old school, aujourd'hui négligé au détriment du numérique (le fameux fond vert).
On suit sans ennui l'affrontement entre les deux frères, quelques sanglantes succions apportant le flot minimum d'hémoglobine nécessaire à tout film de vampires digne de ce nom. En matière d'érotisme, peu de nudité à se mettre sous la dent (un comble pour un film de Nicolaou), mais il est vrai que Radu ne possède pas l'aura érotique de ses plus illustres confrères.
Malgré un final convenu et un manque de budget évident, le premier volet de la longue saga des Subspecies est une sympathique série B fantastique. Tête d'affiche de la nouvelle collection déjantée à tout petit prix de Bach Films (incluant un second film en bonus), Subspecies permet aussi de (re)découvrir l'une des références du catalogue bien fourni de la Full Moon.
Un film de Ted Nicolaou
Avec : Michael Watson, Laura Tate, Anders Hove, Michelle McBride