Lake Placid Vs. Anaconda
Lake Placid et Anaconda sont deux franchises qui avaient plutôt bien démarré dans les années1990. Sortis sur grand écran, ces divertissements se révélaient sympathiques et généreux à bien des égards. Depuis, chacune de ces sagas a progressivement basculé dans le DTV bâclé à la nullité croissante. Nanti de quatre films respectifs dont la qualité périclitait au fil des ans, la rencontre entre les deux monstres était évitable, mais certains producteurs ne l’ont pas entendu de cette oreille. À l’heure des créatures hybrides et autres nullités cinématographiques, les crossovers animaliers semblent être un moindre mal. Pouvons-nous espérer un clash explosif entre les deux bestioles ou ce cinquième volet commun ne se révèle qu’un énième pétard mouillé?
L'instant bronzette devient un instant beuverie
Comme c’est bien souvent le cas quand il s’agit de réunir deux «univers», le scénario joue d’idioties et de prétextes pondus à la va-vite pour inviter à la confrontation. Un lieu identique, une capture de croco qui tourne mal, sans compter une expérience scientifique qui dégénère... Voilà le trio perdant pour justifier un métrage qui tient avec trois ficelles narratives usées jusqu’à la corde. Malgré de nombreuses incohérences (légèrement en deçà de la moyenne), il faut tout de même reconnaître que le film demeure assez dynamique dans son ensemble. La progression dans la forêt et aux alentours du lac offre un terrain de jeu relativement conséquent pour les trois groupes de hors-d’œuvre sur pattes (étudiantes, forces de l’ordre et commando...).
Malgré cet aspect généreux qui n’hésite pas à trucider de la donzelle comme il se doit, les attaques se résument à croquer (de préférence par la tête) cette marmaille sans cervelle. Seulement, la majeure partie de celles-ci (et donc du film) se consacre au crocodile géant ou plutôt aux crocodiles pas si énormes que cela. On peut toujours arguer qu’il s’agit de jeunes reptiles, il n’empêche qu’ils paraissent ridicules. Pour ne rien arranger, les effets spéciaux n’aident en rien à s’ôter cette impression de l’esprit. De plus, on expédie négligemment les trop rares attaques maritimes pour privilégier les assauts sur la terre ferme. Un comble quand on sait que les crocodiles et les anacondas sont plus à l’aise dans l’eau!
Croco écolo Vs Chasseur pollueur
Et les serpents dans tout ça? Ils se font plutôt discrets puisqu’il faut attendre la dernière demi-heure pour les voir entrer en action. Dommage, car ceux-ci disposent de moyens un peu plus conséquents que leurs adversaires. Étouffement, gobage de victimes vivantes... Sans être transcendant, un effort minimal a été effectué sur ce point. Ce n’est pas pour autant que cela rattrape un ensemble déjà bien miné par un second degré inconstant et des dialogues indigents. Entre les frasques du shérif adjoint, la trogne déconfite de Yancy Butler, la platitude de Corin Nemec ou le rôle bad-ass de Robert Englund, on ne sait pas trop sur quel pied danser en compagnie de cette fine équipe.
La période de vache maigre se prolonge aussi pour l’affrontement tant attendu entre les anacondas et les crocodiles. À croire que les bestioles se rencontrent par inadvertance tant la taille de la forêt paraît conséquente. Il en ressort des plans mal cadrés où les amas de pixels se mordent à la vitesse grand V. En nombre, aucun ne semble avoir le dessus. De fait, on déséquilibre volontairement un camp ou l’autre pour régler les comptes. Les crocos s’amusent à faire d’un anaconda un spaghetti, tandis que les serpents sont davantage portés sur le presse-purée et le recyclage de boîte de conserve de luxe. Bref, il suffit de deux ou trois combats à l’emporte-pièce pour boucler l’affaire.
Sushi de croco farci à la blondasse pour anaconda affamé
Au final, Lake Placid Vs Anaconda ne redore nullement le blason des deux franchises qu’elle exploite avec peu d’enthousiasme. Si l’on peut saluer un rythme emporté qui ne faiblira pas en cours de route, on en demeurera là pour les bons points. Le reste n’est qu’un rappel des errances de deux sagas qui ont sombré depuis bien longtemps dans les affres du bis. Un survival animalier bas de gamme qui s’avère très décevant quand il s’agit de fournir des combats nerveux entre les deux reptiles. Un prétexte qui soutient un scénario famélique affublé d’échanges calamiteux. Autrement dit, une nouvelle itération vaine qui laisse augurer du pire dans l’éventualité d’une suite évoquée dans les dernières images. Aurons-nous droit à un anacondile ou à un crocononda? La question a le mérite d’être posée...
Un film de A.B. Stone
Avec : Robert Englund, Yancy Butler, Corin Nemec, Stephen Billington