Douce Nuit - Sanglante Nuit 5: Les Jouets de la Mort
Après trois suites pour le moins catastrophiques, Douce nuit, sanglante nuit est le genre de franchise dont on ne saisit guère l’intérêt sur le long terme. Hormis le premier opus, on a droit à des productions nullissimes qui rivalisent de stupidité entre elles. Du Père Noël psychopathe à la secte d’illuminés en passant par la tête de bocal écervelée, on aura rarement autant vu une saga être nivelé par le bas à ce point. Pourtant, on nous inflige un cinquième volet qui, à l’instar de son prédécesseur, se détache sensiblement du modèle principal pour se pencher sur une histoire de jouets tueurs. Peut-on espérer un moment distrayant ou s’agit-il d’une vaine illusion ?
Le syndrome de l’increvable ayant ses limites (en tout cas, dans le cas présent), renouveler l’idée de départ via des récits indépendants et sans grand rapport avec le premier film peut démontrer une volonté de poursuivre sur des bases saines. Enfin, lorsqu’on l’annonce clairement. Ce qui n’était pas le cas de L’initiation. Ici, l’on se doute bien que le Père Noël occupera une place anecdotique. Les méchants de service sont des morceaux de plastique dissipés qui n’ont d’autres buts que de punir les sales gosses ayant eu l’audace d’ouvrir leurs cadeaux avant Noël ! Avec un pitch pareil, l’on peut se demander si le film de Martin Kitrosser ne verse pas dans la comédie potache.
Même constat lorsque l’on assiste à des morts stupides. Entre la boule Père Noël qui s’accroche à la tête de sa victime pour l’empaler sur un tisonnier, les rollers complètement allumés qui s’emballent en pleine rue ou le mille-pattes dégueulasse qui fouine dans la bouche d’un proprio pingre, on a droit à notre lot de séquences grotesques. Rares et ridicules, les meurtres peinent à dynamiser un rythme qui se focalisera sur la crainte des jouets (une nouvelle phobie en vue !), de dialogues aussi creux que l’intrigue, sans oublier des explications totalement absentes du dénouement concernant cette folie furieuse de la part de ces morceaux de plastique.
Cela lorgne du côté de Puppet master et autres Demonic toys mal dégrossis, mais également de Pinocchio. D’ailleurs, le nom du fabricant et vendeur de jouets semble aller dans ce sens : Pino. Toujours est-il que les deux scénaristes (dont Brian Yuzna) se contentent du minimum sans s’interroger sur l’utilité desdites séquences. Peu de cohérences, des retournements alambiqués et pas crédibles pour un sou, à croire que l’on tente toujours d’écrire l’histoire la plus stupide possible pour tester l’intelligence des spectateurs. Ou comment conjuguer une somme d’idioties prévisibles à un concept de base peu original, sinon intéressant.
Même constat pour les trucages avec des animatroniques ridicules et ignobles dans leur design (le mille-pattes, la main baladeuse…). On pestera également contre une violence peu évocatrice étant donné que l’on demeure dans le domaine du grotesque. Cela est presque entièrement dû à une interprétation calamiteuse. À aucun moment, les acteurs ne parviennent à trouver le ton juste pour leurs pathétiques répliques. Mention spéciale à l’impassible William Thorne (Derek) qui occupe l’écran de bien piètre manière. Des expressions sommaires, une composition au ras des pâquerettes, sans compter des rôles sans consistances sont donc à déplorer.
Seul point éventuellement positif, un modeste effort a été remarqué sur les décorations de Noël. Visites des magasins de jouets, guirlandes lumineuses, sapins et cadeaux sont de la partie pour fournir un minimum d’atmosphère propre aux fêtes de fin d’années. Certes, l’on ne s’extasiera pas dessus, mais au vu du travail effectué sur Coma dépassé et L’initiation, ce regain d’intérêt pour ancrer l’histoire dans cette période a le mérite d’être présent. Un support qui ne possède toutefois rien d’exceptionnel.
Si les précédentes suites faisaient sombrer la saga Douce nuit, sanglante nuit dans le domaine de la nullité, à la limite du nanar de bas étage, Les jouets de la mort la périclite dans le ridicule. Le film s’avère peut-être un rien meilleur que ses aînés, mais ne se justifie pas forcément. Scénario stupide, progression ennuyeuse, trucages datés (même pour l’époque), casting du pauvre et autres tares plus ou moins flagrantes, ce cinquième volet ne rehausse guère une franchise qui aura rarement été aussi constante en terme de bêtises et d’inepties. Seul le premier opus mérite que l’on s’y penche. Les épisodes suivants ne sont qu’un ramassis d’absurdités incohérentes qui exploitent un filon sans le moindre scrupule.