Béhémoth - Le Monstre des abîmes
De toutes les productions SyFy sorties, Maneaters Series a exploité le survival animalier sous toutes ses formes. Bien que modestes, certains films ont créé la surprise avec une approche relativement honnête du genre, comme l’a démontré L’instinct du chasseur. Insectes, félins, rapaces, dinosaures, requins et autres prédateurs se sont succédé sous la caméra de cinéastes plus ou moins potables. L’une des dernières initiatives en date de la saga, Behemoth, se penche sur une créature mythologique. Très librement inspirée de la bible et des légendes apocalyptiques. Le pitch initial trahit quelques originalités qui, pour un téléfilm de cet acabit, sont un bon point de départ. La suite des réjouissances va-t-elle en ce sens?
La vérité est-elle ailleurs ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’intrigue de Behemoth emprunte des détours inattendus, voire inespérés. Mieux que cela, il demeure respectueux du mythe originel pour correspondre à l’esprit apocalyptique qu’il suscite. Si le scénario reste simpliste, il n’en est pas moins cohérent et évite certaines maladresses contradictoires. Il ne s’agit pas uniquement d’une bestiole à même de courir après quelques trublions décérébrés, mais de lui offrir une réelle justification pour le carnage à venir. Un prétexte plus dense qu’à l’accoutumée qui aboutit à un traitement posé et linéaire. D’ailleurs, la progression et l’approche générale tiennent davantage du film catastrophe et non du survival animalier.
Le cadre d’une ville lovée au pied d’un volcan, les investigations d’obscures institutions scientifiques, ainsi que le cataclysme en devenir ignoré de tous. Tout concourt à un minimum de rigueur pour tenter d’expliquer certains phénomènes étranges. Là encore, il n’y a rien de foncièrement novateur, mais des efforts ont été consentis pour fournir un travail honnête. Il est vrai que l’arrivée de la bestiole en elle-même se fait désirer, surtout lorsque certains échanges manquent cruellement de répondant. Les principaux prétextes pour la bonne progression de l’histoire sont cousus de fils blancs. Les premières apparitions de la créature sont partielles. Un tentacule par-ci, un œil par-là...
Mais c'est la montagne !
Force est de constater que le nombre de morts demeure très modeste. On les compte sur les doigts d’une main, dont la moitié surviennent de manière indirecte. D’ailleurs, les causes ne sont guère inspirées et se contentent d’empalement, d’intoxication ou d’un gobage en règle. Pour le reste, il s’agit surtout de victimes dues aux phénomènes de catastrophes naturelles. Au vu de cette violence édulcorée et le peu d’hémoglobine à l’écran, ce téléfilm convient à un public assez large, guère préoccupé par le quota de sang et de démembrement. Celui-ci préférant au garde-manger du Behemoth, une ambiance pré-apocalyptique correcte.
Mais la véritable surprise provient du monstre en lui-même. Là où les premiers effets spéciaux laissaient augurer du pire quant à sa représentation, il n’en est absolument rien. L’apparence polymorphe du monstre tient autant du reptile, du céphalopode et d’autres familles animales. Une sorte de chimère titanesque qui se paye le luxe d’images de synthèse démonstratives et convaincantes. Une fois n’est pas coutume, les incrustations sont correctement intégrées, tandis que les textures sont travaillées. Pour ne rien gâcher, son gigantisme est parfaitement proportionnel aux acteurs ou à l’environnement. Pour paraphraser une des répliques: «Il n’est pas aussi grand que la montagne. Il est la montagne.»
C'est l'heure du casse-croûte apocalyptique
Au final, Behemoth est un survival animalier correct qui s’affranchit des carcans habituels pour fournir un travail appréciable. Certes, il sera difficile de faire l’impasse sur la bêtise de certaines réparties ou la médiocrité des premières irruptions partielles du monstre. Pour autant, le traitement sur fond de film catastrophe associé à une histoire linéaire, et néanmoins dénuée d’incohérences en pagaille, présente un divertissement sympathique dans son ensemble. Souvent considéré comme le talon d’Achille de bien des productions, la créature est ici convaincante, aussi immense qu’impressionnante. Les effets spéciaux étant particulièrement réussis lors de son ultime apparition. Un téléfilm modeste qui ne manque pas d’allant.