Reeker
Une semi-décapitation de toute beauté
En embarquant pour la plus grande teuf de l'année, Jack, Nelson, Trip, leurs copines Gretchen et Cookie espéraient seulement s'éclater avec quelques centaines de jeunes au coeur du désert californien. Mais les ennuis ne tardent pas. Dès leur première halte, Gretchen, la conductrice, constate une fuite dans le réservoir. Leur voiture se retrouve immobilisée, face à un motel qui semble avoir été abandonné en toute hâte par son personnel et sa clientèle. La radio, le téléphone n'émettent plus que des sons brouillés – messages d'urgence et appels de détresse hachés, faisant allusion à une mystérieuse catastrophe...
Elle n'a pas l'air comme ça, mais elle est plutôt sympa...
Si on devait résumer Reeker en quelques phrases, ça donnerait ceci: Une excellente intro assez sanglante, suivit d'un slasher banal matiné de fantastique qui frustre à force de ne rien révéler et un étonnant twist final explicatif. Voici donc comment se présente Reeker en quelques mots. Mais le réduire à cela serait une grossière erreur car le film de Dave Payne mérite à plus d'un titre que l'on s'y attarde.
Tout d'abord, Monsieur Payne surprend derrière la caméra. De très bonne facture et parfois même inventive, sa réalisation est très agréable et réserve de joli moments de tension, ainsi qu'une poignée de scènes bien grâtinées. Ces dernières ne sont malheureusement pas très nombreuses mais rien que l'intro vaut le coup d'oeil, tout comme l'homme-tronc dans la poubelle. Pour le reste, les morts sont assez originales mais n'atteignent pas toujours leur but, c'est à dire faire sursauter le spectateur. Il faut dire que Dave Payne a cru bon de rajouter de l'humour partout dans le film. Parfois il fonctionne très bien, mais à certains moments le spectateur reste dubitatif. Je pense notamment à la scène où une espèce de mixeur sort des toilettes pour s'en prendre à une blonde. Honnêtement, on ne sait pas trop s'il faut rire, avoir peur ou être consterné devant un tel spectacle. Toutefois, mis à part cette petite réserve, Reeker est un film qui fonctionne plutôt pas mal.
Un problème l'ami?
Son scénario n'est pas ce qu'il y a de plus original (des jeunes bloqués dans un lieu désert sont la proie d'un cinglé), mais il contient de petites touches fantastiques qui le différencient de bon nombre de productions de ce type. Pendant un long moment le spectateur ne sait pas trop à quoi il a affaire et est plongé en plein mystère. Paradoxalement, c'est là que réside la principale faiblesse de Reeker: le film lasse à force de ne révéler aucun indice sur le tueur. Aucune justification à son action ne nous est apportée, et sa manie d'entrer dans des pièces hermétiquement closes ainsi que d'apparaître dans un nuage de gaz laisse un peu dubitatif. Il faudra patienter jusqu'à la révélation finale pour que tout se mette en place mais en attendant, le spectateur fronce les sourcils devant des événements à priori impossibles. Heureusement que la réalisation et l'ambiance du film parviennent à rester intéressantes.
"...et la dame resta bouche bée devant le Reeker..."
Bref, dans l'ensemble, Reeker est un petit film sans prétention et tout ce qu'il y a de plus recommandable.
Geoffrey Claustriaux
Un film de Dave Payne
Avec : Tina Illman, Devon Gummersall, Derek Richardson, Scott Whyte