Animals
Ancien grand espoir de football américain à l'université, Syd Jarrett n'est plus que l'ombre de lui-même depuis une grave blessure qui l'a forcé à retourner dans sa ville de naissance, un patelin paumé. Désormais ouvrier, son seul plaisir est de retrouver chaque soir ses amis dans le bar de la ville. Un soir, il fait la connaissance de Nora, une vamp qui fait tout pour le séduire.
Le loup-garou fait partie des créatures les plus appréciées du bestiaire horrifique. Toutefois, les bonnes adaptations étant assez nombreuses (de Hurlements au Loup-Garou de Londres en passant par la trilogie des Ginger Snaps), les nouvelles variantes sur ce thème se doivent d'être maintenant enrichies.
Animals tente de s'intéresser par exemple à l'aspect sexuel du monstre. En effet, le loup-garou représente avant tout l'animalité primale de l'être humain. Guidé uniquement par ses instincts primitifs (manger et se reproduire), le lycanthrope d'Animals n'a pourtant jamais été aussi proche de son ennemi juré, qu'il chasse davantage dans les boites de nuit branchées que dans les forêts.
La rencontre entre le héros, ancienne légende du collège aujourd'hui déchue, et une prédatrice qui tente de fuir son amant psychopathe, point de départ du métrage, ferait presque penser à un thriller érotique, dans le genre de Last Seduction, si ce n'est que Nora et l'amant qu'elle craint tant sont en réalité des lycans.
Visiblement, ces animaux là sont toutefois plus portés sur le sexe que sur la viande, et leurs transformations sont aussi brèves qu'inutiles.
Les ébats entre Syd et Nora, censés être intenses et dépravés, sont en fait assez sages, censure made in USA oblige. Les morsures et les griffures osent cependant mettre en avant une forme de sado-masochisme qui n'est pas détestable, même s'il ne s'agit pas d'une première dans le monde lycanthropique (cf les deux premiers épisodes de la saga des Hurlements).
Le casting est très télévisuel. On reconnaîtra, entre autres, Marc Blucas, révélé par la série Buffy contre les Vampires, dans le rôle principal. A l'instar de celui-ci, les personnages sonnent un peu creux une fois qu'on gratte la première couche. Néanmoins, ils sont assez sympathiques et finissent par emporter notre adhésion.
Contrairement à bien des films sur ce thème, la transformation du héros n'aura rien de visuellement attractif. Seuls les sens de la victime semblent se démultiplier, à mesure que l'inévitable combat final approche. Avant cela, nous assisterons à la rédemption du héros, entrecoupée de scènes sanglantes plutôt bien ficelées, notamment celle dans les toilettes de la boite de nuit.
Malgré quelques détails incongrus (l'animalité de Jane non expliquée), le scénario tient la route, tandis que le réalisateur fait avec les moyens du bord (du moins au début), privilégiant le plus souvent la suggestion. Avec ses plans parfois austères, la photographie, plutôt rigide, appuie par contre le côté DTV (direct-to-video) d'Animals.
On pouvait faire abstraction de ces points négatifs minimes jusqu'à ce duel final, toujours attendu comme un tournant décisif dans la réussite d'un long-métrage. Ruiner en quelques minutes tout un film, voici la prouesse d'Animals !
Arnold Cassius, qui avait eu l'excellente idée avant cela de masquer des FX visiblement limités, gaspille tout intérêt durant un combat final ridicule, la faute à des effets numériques indignes de ce nom.
Dès lors, le sérieux n'est plus de mise, et on hésitera entre se tordre de rire et arrêter la vision de cette série B qui, comme tant d'autres, abuse d'une technologie qui décidément n'apporte pas grand chose de bon à l'industrie cinématographique.
Lorsqu'on ne dispose pas d'un budget conséquent, mieux vaut mettre l'accent sur une bonne interprétation et éviter des effets spéciaux catastrophiques à la Nu Image.
Sans ce final insignifiant, Animals pouvait prétendre être une série B honorable. Il n'en est rien, une technologie au rabais ne pouvant jamais remplacer les idées et le talent !
Un film de Douglas Aarniokoski
Avec : Marc Blucas, Nicki Aycox, Naveen Andrews, Eva Amurri