Piranha 3D
Attention : Cette critique contient de légers spoilers.
La ville de Lake Victoria s'apprête à recevoir des milliers d'étudiants pour le fameux "Spring Break" et les autorités, menées par la shérif Julie (interpretée par Elisabeth Shue), ne s'attendent qu'à surveiller les débordements arrosés de cette soudaine population juvénile. Mais lorsque les shérifs découvrent un corps dévoré près du lac, ils décident de faire appel à un groupe de scientifiques pour évaluer le danger. Ceux-ci vont révéler une terrible nouvelle : un tremblement de terre a ouvert sous le lac une faille d'où des milliers de piranhas carnivores se sont échappés. Il faut désormais faire vite : prévenir les étudiants du danger qui guette sous le lac !
Jerry O'Connell en charmante compagnie... Ca ne va pas durer !
C'est en 1978 que le producteur Roger Corman décide de confier à Joe Dante (futur réalisateur de L’Aventure intérieure, Hurlements et Gremlins) la réalisation d'un film mettant en scène des piranhas carnivores afin de surfer sur le succès des Dents de la mer sorti trois années auparavant. Ce premier Piranha aura d'ailleurs droit à une suite en 1981: Piranha 2 – Les tueurs volants signé par un certain James Cameron, et à un premier remake insignifiant en 1995. Hollywood ayant tendance à bégayer ces dernières années, il fallait donc s'attendre à un nouveau remake. L'attente aura finalement été longue entre l'annonce de la mise en chantier du film en 2003 et sa sortie en août 2010 aux Etats-Unis, d'autant que plusieurs nouvelles ont renforcé l'excitation autour du projet : l'annonce de l'arrivée du duo frenchie Alexandre Aja / Gregory Levasseur (Haute tension, La Colline a des yeux, 2ème sous-sol et Mirrors) et l'utilisation de la 3D.
Il est tout d'abord intéressant de constater qu'il ne s'agit pas à proprement parler d'un remake mais s'apparenterait davantage à un reboot, puisque seul subsiste du film original la créature du piranha carnivore. Des références sont assez frappantes : Les Dents de la Mer et sa première suite avec le caméo de Richard Dreyfuss en marin d'eau douce et malheureuse première victime, mais aussi dans la construction similaire du film de Spielberg et d'Aja avec l'utilisation de la cellule familiale comme ressort scénaristique. A l'instar de Roy Scheider dans Jaws, le personnage central de Piranha 3D est la shérif de la ville qui devra à la fois convaincre la population de ne pas entrer dans l'eau et sauver ses trois enfants qu'elle croyait à l'abri sur la terre ferme. Le deuxième film qui vient tout de suite en tête durant la projection est évidemment le Braindead de Peter Jackson puisque Piranha 3D est gore, très gore et cela faisait longtemps que l'on n'avait pas assisté un film aussi généreux en effets sanglants : jambes dévorées, corps coupés en deux, membres arrachés (dont un particulièrement dérangeant, pour nous les hommes !)... Le tout dans une ambiance résolument comique et décomplexée, un ton qui avait fait le succès de Braindead en son temps. On pourra ainsi comparer la scène finale du film de Peter Jackson et sa fameuse tondeuse à gazon avec la scène tout aussi épique de l'attaque des piranhas au beau milieu des étudiants dans l'eau : plus de trente minutes de bonheur !
Car l'action du film est menée tambour battant sans presqu'aucun temps mort. On ne peut que trop saluer le sens du rythme d'Alexandre Aja qui nous a prouvé dans ses précédents films que l'on pouvait parfaitement se passer d'inutiles explications concernant l'origine de ses monstres pour pouvoir en apprécier les péripéties. Seule caution "scientifique", un groupe de sismologues dont le chef - interprété par Adam Scott qui trouve là son rôle le plus sérieux dans un métrage qui ne l'est pas vraiment- se transformera rapidement en meneur de troupes, et Christopher Lloyd (le Doc Brown des Retour vers le futur) dans une apparition trop furtive mais qui ravira ses plus grands fans (surtout en VF). Car l'un des autres gros atouts du film est son casting éclectique avec la présence d'autres vieux routiers du genre que sont Ving Rhames, Elisabeth Shue ou encore Dina Meyer, entourés de bimbos (Kelly Brook), d'actrices pornos (Riley Steele, Ashlynn Brooke, Gianna Michaels) et d'une armée de figurants prêts à se faire dévorer. Mais l'on retiendra surtout la prestation d'Eli Roth (réalisateur d'Hostel) en organisateur de concours de t-shirts mouillés et de Jerry O'Connell (de la série Sliders) en complète roue libre dans le rôle hilarant d'un réalisateur de films d'ados délurées (les fameuses Wild Wild Girls). La surabondance de seconds rôles ayant ses limites, on aura toutefois du mal à s'attacher aux personnages dont l'issue n'est pas claire pour certains (le personnage de Ving Rhames ou l'assistant de Jerry O'Connell). Mais dans Piranha 3D, ce qui compte ce sont les attaques de ses poissons cannibales préhistoriques absolument sans merci et la pléthore de bimbos en bikinis pour notre grand plaisir (Mention spéciale pour le ballet nautique de Kelly Brook et Riley Steele dans leur plus simple appareil sur la musique de l'opéra Lakmé !).
Le gros point négatif reste malheureusement le rendu du relief pour un film qui malgré son titre ne révolutionnera pas la 3D. Les effets stéréoscopiques se comptent sur les doigts d'une main et soulignent des effets spéciaux parfois limites. Finalement, on aura tendance à conseiller de voir le film dans sa version 2D : un comble !
Au final, ce Piranha 3D s'avère être un divertissement de haute qualité, rythmé et généreux en effets gore et plastiques de rêves : bref, le parfait pop-corn movie de fin d'été ! On regretta néanmoins une utilisation maladroite du relief et des effets spéciaux approximatifs qui n'entachent néanmoins pas la qualité du spectacle (on est loin de MegaPiranha !). On attend donc avec impatience les prochains projets du duo Aja / Levasseur, notamment le remake de Maniac et une suite à Piranha 3D qui pourrait se dérouler cette fois en Thailande, lors d'une Full Moon Party et son demi-million de victimes potentielles...
Un film de Alexandre Aja
Avec : Elisabeth Shue, Jerry O'Connell, Steven R. McQueen, Ving Rhames