Voir la fiche complète du film : La Maison du Diable (Robert Wise - 1963)

La Maison du Diable

Publié le 1 Janvier 2008 Voir la fiche de La Maison du Diable
10
Fantôme

Attention: Cette analyse du film contient quelques "spoilers". A lire de préférence après avoir vu le film.

La maison du diable de Robert Wise est adaptée du roman de Shirley Jackson The haunting of Hill house. Le film met en scène Eléanore Vance, trentenaire célibataire qui vient de passer onze années comme garde-malade de sa vieille mère acariâtre et tyrannique. Eléanore, qui vit maintenant chez sa sœur, n'aspire plus qu'à s'émanciper. Occasion lui en est alors donnée par le docteur John Markway, anthropologiste qui invite Eléanore à participer avec deux autres personnes à une expérience surnaturelle dans une vieille maison hantée : Hill House.

Le castel devient alors pour Eléanore l'objet de tous ses désirs : elle y trouve un foyer, elle qui n'a jamais eu de " chez-soi "; des amis, elle qui n'a connu jusque-là que d'oppressantes relations de famille; une existence aventureuse, elle qui a sondé les abîmes de l'ennui.

Hélas, le castel est aussi pour Eléanore un objet de peur…Nous le savons, l'isolement (celui du castel et de ses occupants) engendre chez les individus une introspection démesurée, un dangereux narcissisme qui amplifient les problèmes personnels (cf par exemple Shining de Stanley Kubrick), et qui, ici, mèneront Eléanore à sa perte. Celle-ci en effet se sent responsable de la mort de sa mère et le poids de la culpabilité pèse de plus en plus lourd sur ses épaules. Les évènements surnaturels du castel ne sont en fait que les manifestations de cette mauvaise conscience: les coups de canons qui retentissent la nuit ne sont que la sur-amplification des derniers coups frappés au mur de la chambre d'Eléanore par sa mère agonisante, ces appels auxquelles Eléanore ne répondit pas...délibérément ou pas…(A noter ici, le parallèle fait avec l'histoire d'Abigail et de sa dame de compagnie). Les démons sont d'autant plus virulents que leur proie est isolée et donc en butte à l'introspection (ainsi, dans Shining, la maison œuvre à détruire tous les moyens de communication vers l'extérieur). On comprend alors mieux les implications de la remarque du professeur après que lui et le neveu se sont retrouvés attirés à l'extérieur du castel par un bruit suspect: " il semblerait que la maison cherche à nous séparer. " En somme, c'est d'elle-même qu'Eléanore a peur, et on peut remarquer l'omniprésence des miroirs tout le long du film : le narcissisme étouffant est un thème important du film. A peine arrivée au château, Eléanore sursaute en apercevant son reflet dans un miroir et se dit en elle-même " avoue-le, tu as peur de ton ombre."

Ce sont ces deux éléments- sentiment croissant de culpabilité et désir tenace de vivre et d'aimer- qui donnent la clé du film et qui permettent d'en comprendre l'épilogue: Suite à sa tentative de suicide, le professeur décide de faire partir Eléanore du castel mais celle-ci ne veut pas partir car elle a enfin trouvé sa place quelque part et de son côté la maison ne laisse pas Eléanore partir, la culpabilité ne pouvant quitter Eléanore…que dans la mort. Et le docteur Markway de conclure à la mort d'Eléanore: Hill House a finalement obtenu ce qu'elle voulait. En effet, Eléanore s'est auto-détruit, sa mauvaise conscience, représenté par le castel, l'ayant finalement tué, comme elle avait tué la dame de compagnie d'Abigail.

En somme, un film remarquable par la complexité du scénario, l'atmosphère sinistre et les moments de terreur pure qui jalonnent le film avec l'utilisation réussie du son comme matériau de l'horreur, et la mise en scène très maîtrisée qui prend le parti de suggérer plus que de montrer. Bref, pour l'amateur de fantastique, c'est un chef d'œuvre à voir et à revoir.

Autres critiques

The Haunting of Borley Rectory
Quelle que soit la localité géographique, les cas de hantises sont innombrables. Amityville, Enfield, le manoir Winchester… Les exemples ne manquent pas et ceux-ci ont fait l’objet d’une ou de plusieurs adaptations cinématographiques. Bien moins médiatisé, mais tout aussi connu par les spécialistes et les amateurs d’intrigues paranormales, le presbytère de Borley était...
Big Legend
Qu’il s’agisse du sasquatch ou du bigfoot, la créature des bois fait les jours heureux des cryptozoologues et des séries B, souvent officiant dans le survival animalier. Depuis les années1970 et le surestimé The Legend of Boggy Creek , elle est l’objet d’une surexploitation cinématographique qui a donné peu d’incursions notables. Cela sans compter les tentatives peu...
Masters of Horror 23 - Le Chat Noir
L'écrivain Edgar Poe tente, tant bien que mal, de subvenir aux besoins de son épouse, la jeune Virginia, gravement malade, en publiant ses poèmes et contes. Mais les ennuis s'accumulent suite à la présence toujours plus envahissante du chat du couple, Pluton. S'inspirant rarement de nouvelles ou de romans, la série Masters Of Horror faisait ici exception en adaptant, pour l'un des épisodes de la...
Frankenweenie
Avec Alice au pays des merveilles , Tim Burton avait refroidi bon nombre de ses fans et des amateurs de l'histoire originale. Le film n'était pas forcément mauvais, mais l'association de l'illustre cinéaste à celui de Lewis Carroll avait de quoi faire rêver. Mais les plus grandes attentes sont parfois synonymes de déconvenues magistrales. La déception était au rendez-vous devant un produit léché...
Donkey punch
Faisant la part belle à cette fameuse pratique sexuelle inhabituelle – le donkey punch – pour annoncer la couleur, le premier long-métrage d’Oliver Blackburn aurait pu s’avérer un film étonnant et pourquoi pas sujet à l’exposition des mœurs décadentes d’une jeunesse qui se recherche, une génération en perte de repères ou pis, ayant perdu tout espoir en l’avenir. Voilà les attentes que l’on était...

Devinez le film par sa tagline :

The spy story of the century.
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !

Thématiques