The Haunting of Borley Rectory
Quelle que soit la localité géographique, les cas de hantises sont innombrables. Amityville, Enfield, le manoir Winchester… Les exemples ne manquent pas et ceux-ci ont fait l’objet d’une ou de plusieurs adaptations cinématographiques. Bien moins médiatisé, mais tout aussi connu par les spécialistes et les amateurs d’intrigues paranormales, le presbytère de Borley était réputé pour être l’un des lieux les plus hantés d’Angleterre avant sa démolition en 1944. Hormis un épisode du Tribunal de l’impossible, le cas a pourtant suscité peu d’enthousiasme auprès des producteurs, du moins jusqu’à présent où une poignée de projets indigents tentent de s’approprier le matériau de base.
Tout un programme...
En de telles circonstances, la principale crainte est de s’attarder sur le respect de l’histoire initiale. Or, The Haunting of Borley Rectory joue la carte de l’adaptation libre avec un scénario qui demeure une pure fiction. Il n’est pas question d’explorer les couloirs obscurs du presbytère, mais d’arriver après la guerre au sens propre, comme au figuré. Si les ruines ne sont guère démolies, l’incendie s’est déjà produit. Aussi, le rapport avec le passé des lieux reste beaucoup trop en retrait. Un peu comme le spectateur qui se détache progressivement de l’histoire lorsqu’il comprend que l’ensemble s’avère autant redondant que ronflant dans son évolution.
Le caractère répétitif tient à des irruptions surnaturelles similaires, car elles usent des mêmes mécanismes pour tenter de surprendre. D’une part, les jump-scares ne fonctionnent absolument pas. D’autre part, le réalisateur est incapable d’amener une situation tendue à son point d’orgue. Il atermoie constamment entre une approche suggestive privilégiant un cadrage excentré et des séquences beaucoup plus frontales dans son traitement horrifique. Non seulement ces deux aspects se contredisent, mais aucun ne se distingue réellement. L’ambiance demeure dans une platitude affligeante où l’on amalgame très vite les divagations cauchemardesques du protagoniste et les visions « réelles ».
L'isolement religieux : on a tout à y gagner !
Loin d’en atteindre le niveau, l’influence de The Conjuring et La Nonne renvoie à quelques allusions religieuses. Certes, on le serait à moins avec un tel cadre. Cependant, il est difficile de ne pas songer à ces métrages devant le faciès du spectre et son accoutrement clérical. On notera que le maquillage est aussi catastrophique que les rares effets spéciaux utilisés pour lui insuffler une aura diabolique. Malheureusement, chacune de ses interventions est à la fois vaine et ridicule, car elle ne suscite aucun effroi ni émotion. Quant à l’environnement en lui-même, on explore que trop peu (et souvent en rêves) les ruines du presbytère. La majeure partie de l’« action » se situe dans le cottage voisin.
Si le nombre de protagonistes est réduit au strict minimum, il est difficile d’y accorder le moindre crédit. Pourtant, la période de la Seconde Guerre mondiale et la proximité avec le drame qui a frappé Borley auraient pu concourir à offrir un contexte réellement intéressant à exploiter. Au lieu de cela, il faut se contenter de plusieurs flashbacks à la similarité confondante, des échanges impavides et des seconds rôles transparents. Et ce n’est pas le personnage d’Harry Price qui change la donne ou permet de s’ancrer dans un réalisme de circonstances. Pour parachever ce tableau des plus médiocre, on notera de nombreuses approximations et des raccourcis tout aussi évasifs dans l’évocation de l’histoire du presbytère.
Un fantôme qui laisse des traces ?
Au final, The Haunting of Borley Rectory ne rend guère hommage au presbytère et à l’aura de mystère qui l’entoure. Malgré une base de travail relativement séduisante, le scénario fait du surplace et ne parvient guère à développer un minimum d’atmosphère au cœur de l’Essex. Les phénomènes paranormaux sont furtifs et fauchés, tandis que les acteurs ne communiquent absolument rien. La faute à une interprétation ratée et à des personnages inintéressants. L’ensemble se révèle ennuyeux et tente quelques effets de mise en scène pour inquiéter, en vain. Affublé d’un style graphique calamiteux, un film d’épouvante long, parfois suffisant dans sa démarche et très éloigné de la véritable histoire.
Un film de Steven M. Smith
Avec : Tiffany-Ellen Robinson, Steven M. Smith, Mark Behar, Jon-Paul Gates