Sharktopus Vs Whalewolf
Au même titre que Sharknado, la saga Sharktopus est devenue le porte-étendard du mauvais goût et du grand n’importe quoi. Sous couvert d’un survival animalier bas de gamme (on arpente le domaine de la série Z) où de pulpeuses donzelles se déhanchent en tenue légère, Roger Corman creuse toujours plus profondément dans l’insondable débilité humaine. Au regard de ce qui sort actuellement, c’en est presque banal et l’attente sur ce genre de métrage peut se résumer en un seul mot: fun. Sauf que même sur ce terrain, les producteurs sont incapables de prodiguer la moindre sensation. Preuve en est avec Sharktopus Vs Whalewolf...
Mais qu'est-ce que je fais dans cette galère ?
Si l’association requin et pieuvre pouvait paraître étrange, elle fait désormais office de petite joueuse au regard de ce qu’on a pu contempler dernièrement. Il fallait déjà oser pour le Pteracuda et, si la logique «créative» d’une telle chose nous échappe encore, elle n’est en rien comparable avec le Whalewolf, littéralement le loup-baleine. À croire que SyFy recense les plus grosses vannes de ses employés et donne corps au lauréat annuel! Encore une fois, l’incongruité du concept de base explose littéralement pour rendre aveugles les spectateurs avec des bestioles qui piquent les yeux. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n’est pas le pire que l’on peut déplorer dans ce troisième et inutile volet.
Outre un truc hybride qui ne ressemble à rien, le scénario nous amène à une genèse proprement effarante sur sa création. À l’origine? Un ancien joueur de baseball à la retraite qui souhaite guérir son impuissance avec l’aide d’une scientifique folle dont le but premier est de mettre au monde l’être parfait. Et le Whalewolf fut! Ça ne s’invente pas. Toujours est-il que l’intéressé ne se contente pas d’échapper à la vigilance de sa maîtresse un rien portée sur le SM. Elle assouvit ses fantasmes de domination en le domestiquant. Dès lors, le Whalewolf n’est plus qu’un bon vieux toutou.
Soin dentaire à domicile gratuit pour le Sharktopus...
Indigeste au possible, l’histoire vaque d’idioties en incohérences en faisant la part belle aux faux raccords et aux trucages immondes. À ce titre, l’animation des bestioles est tout aussi hideuse que leur gueule mal dégrossie. Ainsi, on peut ajouter sans complexe une dose de magie vaudou, un soupçon de télé-réalité type Bachelor qui tourne à la boucherie (unique chose réjouissante) et deux ou trois courses-poursuites sans nom en République dominicaine. Car la menace n’est plus sous l’eau, mais partout! Si le Whalewolf est doté de pattes (ce qui réduit les dégâts), voir le sharktopus se promenait dans un centre commercial ou dans un stade de baseball demeure une expérience réellement traumatisante.
Pour ne rien manquer ou plutôt pour compléter le tableau des abominations, le casting (Casper Van Dien en tête) donne l’impression de jouer dans un mauvais cartoon. Bruitage à l’appui, mimiques exagérées, réparties douteuses... L’aspect comique ne prend à aucun moment, et ce, malgré tous les efforts entrepris pour nous extorquer un sourire. C’est comme si on nous criait dans les oreilles «Regardez, je suis trop drôle! Je fais les pires boulettes imaginables!» En réalité, il est navrant de constater une telle troupe de bras cassés soutenus par un Johnny Rico en fin de course.
Oh mon Dieu ! Quelle horreur !
Peut-on néanmoins espérer un massacre en règle? À défaut de fun, l’ennui est également de circonstances. Bien sûr, on multiplie les victimes écervelées. On les croque en moins de deux secondes et on passe au suivant. Des taches sur la caméra, des cris (parfois en décalage avec les morts concernés), des réactions qui jouent dans la surenchère de la stupidité... On pourrait dérouler une liste longue comme le bras pour recenser les défauts qui gangrènent ce «métrage». Même les affrontements entre le Sharktopus et le Whalewolf sont d’une inutilité peu commune. Quelques coups en dessous de la ceinture, un barbecue de poisson et rideau.
Au final, Sharktopus Vs Whalewolf tente de surpasser ses deux prédécesseurs. En un certain sens, il y parvient en jouant de bêtises et d’absurdités en tout genre. Aussi nullissime qu’improbable, il en ressort un moment d’une grande solitude où l’on voit s’ébattre des pixels informes avec des acteurs qui n’en ont plus que le titre. Tout, absolument tout, est prétexte à un délire fomenté dans un état second. S’il se veut décomplexé et parfaitement assumé dans la connerie (quoique...), Sharktopus Vs Whalewolf multiplie de manière exponentielle toutes les tares possibles, imaginables et inconcevables pour fournir un produit sans autre intérêt que d’amuser. Et même sur ce point, il ne remplit guère son contrat. Il ne manque plus qu’à la saga un hymne digne de Sharknado...
Un film de Kevin O'Neill
Avec : Casper Van Dien, Catherine Oxenberg, Akari Endo