Dans un avenir proche, un prêtre se met en tête de sauver sa nièce des canines acérées d'une horde de vampires. Après l'imparfait et mésestimé
Légion, Scott Stewart poursuit dans le thème de la religion et de la spiritualité avec
Priest. Comme son précédent film,
Priest pâtit d'une piètre réputation envers son public. Si les suceurs de sang ont subi maints revers depuis quelque temps, il n'en demeure pas moins que le sujet reste accrocheur. Pour cette nouvelle tentative de raviver la flamme des dents longues, l'on mélange les genres pour proposer un soupçon d'originalité dans ce monde de brutes.
Une intro animée des plus sympathiques.
Et pourtant, l'on devine que si les intentions d'offrir quelque chose de neuf sont bel et bien présentes, nos attentes ne sont pas pleinement comblées. La faute à un scénario simpliste si l'on excepte le cadre dans lequel il évolue. Il ne demeure qu'un combat très manichéen entre le bien et le mal dans la grande tradition du genre. Très basique sur la forme,
Priest aurait gagné à développer des idées plus profondes que l'on trouve dans les bas-fonds de Cathedral City. Un endoctrinement permanent qui joue sur la peur du courroux divin. « Dieu est partout. Il voit tout. » Outre un prosélytisme exacerbé qui a fait son oeuvre, c'est l'image d'un Dieu vide de sens que l'on nous offre.
Cathedral city, berceau de la peur et de l'ignorance.
Il ne s'agit pas d'un concept spirituel pour guider notre vie, mais une arme d'intimidation pour contenir les masses dans l'ignorance, la paranoïa et le doute. On le voit à travers les confessionnaux, ordinateurs à l'intelligence artificielle basique qui crachent inlassablement les mêmes phrases et autres diatribes prémâchées destinés à contenter les habitants. On vend de l'espoir comme une drogue. Réconfortante sur le moment, mais vous enferme dans une spirale de frustration et d'incompréhension à long terme. Un constat perceptible dans le comportement de l'élite gouvernante : une église corrompue par le pouvoir. Une sorte de dictat conformiste réfractaire à la remise en question du dogme établi.
Le vrai visage de l'église : austère et sans compassion.
Malheureusement, cet aspect est à peine développé. Le récit se complaît trop rapidement dans le règlement de compte de bas étage. C'est très frustrant, puisque l'on s'attend à évoluer dans une dystopie angoissante et, au lieu de cela, on expose les éléments principaux sans jamais y accorder toute l'attention qu'ils mériteraient. Une manière comme une autre de sombrer dans la production commerciale creuse alors que le potentiel de départ était au rendez-vous pour nous fournir une double lecture dans cette histoire terriblement conventionnelle. Un très beau gâchis.
On ne parle pas aux prêtres.
En ce qui concerne l'aspect purement esthétique du film, l'image est assez plaisante. Outre la grandiloquence de Cathedral City qui traduit une certaine démesure dans un monde qui n'a plus grand-chose en commun avec le nôtre, on remarquera des panoramas qui rappellent les grands espaces naturels. La photographie rend parfaitement les différentes ambiances qui, grâce à elle, sortent la réalisation d'un traitement efficace, mais très académique. Scène de combat entre deux eaux où les chorégraphies sont tantôt brouillonnes, tantôt bien mise en valeur. Encore une fois, les moyens sont présents, mais sont employés maladroitement.
Des statues qui imposent le respect.
On sent que Scott Stewart souhaitait fournir autre chose qu'un énième film de vampires calibré pour un public peu exigeant. Cela se remarque notamment par ce mélange des genres. L'horreur côtoie la science-fiction et le western. Étrangement, c'est ce dernier qui est le plus prépondérant dans
Priest. Malgré un cadre qui rappelle indéniablement les récits post-apocalyptiques, les codes du western sont profondément ancrés dans l'intrigue. Héros solitaire et taciturne, le jeune acolyte fougueux sans oublier des seconds rôles assez apathiques, surtout le grand méchant de l'histoire.
Des vampires à la trogne repoussante !
Cela nous amène à l'interprétation. Paul Bettany campe son personnage avec application, Maggie Q et Cam Gigandet en fidèle faire-valoir, mais l'on regrettera surtout la piètre prestation de Karl Urban en vampire mégalomaniaque narcissique. Malgré une filmographie des plus sympathiques, il sombre dans la caricature et le cabotinage le plus éhonté. Difficile de comprendre ce qui lui est passé par la tête. On est davantage amusé en le voyant plutôt qu'effrayé. Il en découle un manque de crédibilité flagrant qui vient ternir une approche très vindicative du mythe vampirique.
Là haut… sur la colline !
Des vampires qui tirent un trait sur les créatures bienséantes de l'aristocratie auxquelles on était habitué depuis un certain temps. On fait fi également des mièvreries romantiques des bit-lits. Ici, le vampire est un animal impitoyable, déshumanisé au possible et relégué au rang d'être maudit tant par sa condition que par son apparence. La bestialité est le moteur de leur soif de sang, un simple maillon sur la chaîne alimentaire, rien de plus. Il n'y a rien de séduisant à être une créature de l'ombre et l'on ressent cette violence qui les caractérise. En cela, c'est un élément qui joue en sa faveur.
Karl Urban, davantage caricatural que charismatique. Dommage.
Priest est un peu un paradoxe en lui-même. Beau, mais creux. Distrayant, mais classique. Il véhicule un message sous ses apparats de gros durs qui ne sont qu'à peine évoqués (le point noir du film). Trop rapidement, il devient une vendetta des plus sommaires (mais, il faut le reconnaître, plaisante) où s'affrontent deux anciens amis. La quête du héros solitaire pour sauver sa jeune nièce des griffes d'un vampire fait peine à contempler, tant l'intrigue est simpliste au possible. Un constat d'autant plus regrettable que la première approche de cet univers futuriste s'avérait à la fois curieuse (la fusion des genres interpelle) et intéressante à analyser (le postulat que l'église et la spiritualité ne sont pas forcément de connivence).