Voir la fiche complète du film : Mushishi (Hiroshi Nagahama, Ichigo Sugawara - 2005)

Mushishi

Un anime qui délaisse toute violence et toute énergie au profit d’une ambiance poétique exceptionnelle. La beauté emprunte ici toutes les significations qu’on veut bien lui prêter pour dessiner les traits d’un univers plein d’aménité, proche des conceptions zen du bouddhisme. Une véritable ode à l’émerveillement.
Publié le 21 Janvier 2018 par Dante_1984Voir la fiche de Mushishi
9
Adaptation de manga

Les Japonais sont doués dans le domaine du fantastique, particulièrement dans les histoires de fantômes. Plus ouvert d’esprit sur ce point que les Occidentaux, ce qui est invisible fait partie intégrante de leur existence. S’ils aiment explorer cet aspect de leur quotidien dans des légendes urbaines et des récits de hantise, ils n’ont pas leur pareil pour des œuvres plus posées. Des intrigues où la poésie ambiante s’invite à la contemplation de somptueux panorama. Mushishi, c’est avant tout la découverte d’un folklore méconnu dans nos contrées. L’occasion d’aborder certaines questions existentielles sous couvert d’un lyrisme qui résonne avec une étonnante justesse.

Premier point sur lequel les animes ne s’arrête pas forcément: le cadre. En général, on demeure ancré dans un contexte urbain où la nature n’occupe qu’une place anecdotique. Pour se prêter à un ton volontairement apaisant et lent, on explore la campagne japonaise. Entre forêts, côtes et villages agricoles, chaque étape marque une halte aussi opportune que surprenante. De prime abord, l’étonnement se manifeste par la majesté de l’environnement. Pour cela, les plans statiques n’ont rien à envier à certaines aquarelles. L’ensemble s’accompagne de bruitages diffus s’accordant sur la fibre émotionnelle du spectateur. Nul besoin d’effets ou d’une technique poussée, l’abstraction du discours se suffit à lui-même.

Hormis la présence récurrente de Ginko, le protagoniste, chaque épisode peut être vu indépendamment des autres. Certes, on découvre petit à petit des pans oubliés du passé de Ginko, mais la trame principale est dépourvue de fil rouge. À travers les saisons, chaque incursion ne s’embarrasse guère d’informations géographiques ou temporelles, si ce n’est les repères visuels de l’instant présent. De fait, Mushishi tient davantage du conte ou de la fable qu’on véhicule sur le papier ou à l’oral. De courtes intrigues qui, prises à part, offrent un point de vue original sur une question précise. Les valeurs familiales, l’écoulement du temps, la différence et le rejet, le rapport à la nature, le sens de la vie...

Sur bien des points, le travail de Ginko est similaire à des investigations policières. Un mal frappe une personne ou un groupe donné. À charge pour lui de découvrir ce qui le cause et la manière de le soigner. Au vu du concept, on devine aisément que derrière chaque souffrance (le plus souvent involontaire), on a droit à la présence d’un mushi. À l’instar d’un écosystème invisible, les mushis définissent un ensemble d’êtres aussi dissemblables que singuliers. Ainsi, l’expérience et les connaissances de Ginko sont complémentaires à une recherche sur le terrain. Question de morale ou de nécessité, les dénouements ne sont pas toujours heureux.

En tous les cas, la variété des «affaires» qu’on lui confie offre un excellent aperçu de la manifestation des mushis. Ceux-ci peuvent apparaître sous la forme d’un arc-en-ciel, de spectres errants, de nourrissons, voir même un marais mouvant. Certaines espèces se matérialisent dans des objets ou des vêtements. La surprise est permanente chez le spectateur, bien incapable d’anticiper la teneur ou l’évolution d’une situation dont les protagonistes ignorent parfois tout. Ce renouvellement constant fait que le plaisir de la découverte demeure jusqu’au dernier épisode. Seule persiste une progression timorée, ainsi qu’une invitation à la relaxation, au lâcher-prise.

Au final, Mushishi est un anime unique en son genre. Loin de certaines facéties difficilement dissociables des mangas, l’œuvre de Yuki Urushibara possède une force émotionnelle rare. D’histoires étonnantes en rencontres singulières, Mushishi s’appuie sur un traitement contemplatif d’exception pour dépeindre une fresque poétique sublime. Un caractère d’autant plus percutant que l’anime fait preuve d’une véritable modestie, proposant des réponses à certaines interrogations existentielles. Pour autant, chacun en retirera la morale qu’il désire. Le dogmatisme n’étant clairement pas de rigueurs en ces contrées où la nature resplendit de sa magnificence.

Saison 2: 9/10

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Paranormal Activity 3
Ils sont forts ces producteurs et scénaristes. Ils savent exactement comment rebondir sur un filon doré. Le premier film a marché, autant faire une suite. La suite a fonctionné, on a qu'à transposer l'idée du film dans un autre pays. Les ventes de DVD ont bien marché, on n'a qu’à faire un préquel maintenant non ? Et voila que déboule Paranormal Activity 3 , narrant la jeunesse des deux soeurs et...
Vampire academy
Lorsque l’on adapte un best-seller dans lequel il est question d’adolescents et de vampires, on aurait peut-être, à tort ou à raison, vite fait de le ranger aux côtés de Twilight ou Vampire diaries . Le succès de la franchise n’ayant rien à envier à Harry Potter , la littérature a développé tout un pan d’histoires que les amateurs (et amatrices) dévorent avec passion. À ce jour, Vampire academy...
The Turning
À l’instar d’autres fleurons gothiques de la littérature anglo-saxonne, Le Tour d’écrou est un récit qui a été adapté à maintes reprises dont la plus célèbre itération demeure Les Innocents . Le métrage de Jack Clayton s’est notamment distingué par son ambiance exceptionnelle et l’appropriation de l’ambiguïté qui définissait la nouvelle d’Henry James...
La Mort au bout du fil
Je dois bien vous l'avouer: je n'attendais pas grand chose de ce film. A ma décharge, il faut reconnaître que les thrillers médiocres, sans envergure et plus efficaces qu'une boîte de somnifères sont aussi nombreux que les points noirs sur le front d'un adolescent. Donc, en mettant Mort au Bout du Fil dans le lecteur, je m'attendais à passer 1h30 devant une histoire mille fois...
Prisoners of Power : Battlestar Rebellion
Depuis que Timur Bekmambetov a ouvert la brèche il y a quelques années, avec Night Watch , le monde porte un regard nouveau sur le cinéma russe tandis que ce dernier ne se prive pas de lui faire de l'oeil, au monde, en cherchant à singer les blockbusters US, voire en marchant carrément sur leurs plates-bandes. Déluge d'effets spéciaux numériques, histoires ambitieuses et réalisations tapageuses,...
Mushishi
Durée:
8.5
Moyenne : 8.5 (2 votes)

Mushishi Trailer / Preview

Films en tendance

Thématiques