La Mort au bout du fil
Je dois bien vous l'avouer: je n'attendais pas grand chose de ce film. A ma décharge, il faut reconnaître que les thrillers médiocres, sans envergure et plus efficaces qu'une boîte de somnifères sont aussi nombreux que les points noirs sur le front d'un adolescent.
Donc, en mettant Mort au Bout du Fil dans le lecteur, je m'attendais à passer 1h30 devant une histoire mille fois vue, à la regarder d'un oeil distrait. Honte à moi! Car si le film ne révolutionne rien et ne peut pas compter parmi les fleurons du genre, il s'avère prenant, divertissant et assez bien ficelé pour retenir l'attention.
Quand il y a un meurtre, les journalistes rôdent...
Le scénariste Joel Brandt reçoit un étrange message sur son répondeur, une voix le supplie de décrocher. Prenant cela pour une blague, Joel le supprime. Peu de temps, l'interlocuteur est retrouvé mort. Joel prévient la police. Les jours suivants, une série de meurtres à lieu, tous précédés de messages adressés à Joel. La police commence donc à le soupçonner et il devient le suspect principal...
Aidez-moiiiiiiiiiii! J'ai un problèèèèèèèèèèèème!
Le film de Rob Cowan débute d'étrange manière, avec une ambiance à la Saw et nous présente ce qui semble être le dénouement d'une intrigue. Le choix est surprenant mais a le mérite de directement accrocher le spectateur. Puis rapidement, la séquence s'arrête et le film revient à la "réalité". Le bon vieux coup du "film dans le film" en somme, concept éculé s'il en est. Mais soit, puisque le tout était bien amené, bien mis en scène et pique la curiosté du spectateur, laissons le bénéfice du doute au réalisateur.
Par la suite, le scénario va nous narrer les mésaventures d'un professeur en scénario sobrement incarné par Matthew Lillard (qui s'est un peu empâté depuis Scream). Ce brave homme sans histoire va voir sa vie bouleversée par un maniaque accro au téléphone et aux motivations floues, lequel s'ingénie à assassiner des personnes au hasard puis à faire porter le chapeau à Joel. La grande question sera bien sûr de savoir pourquoi.
Ceci n'a rien d'extraordinaire, mais le scénariste Larry Cohen joue assez bien avec l'utilisation du téléphone pour rendre le tout intéressant. Il faut dire que le bonhomme a de l'expérience en la matière puisqu'il est également l'auteur de Phone Game et Cellular.
Bref, l'histoire se tient et démeure prenante jusqu'à un dénouement... disons expéditif et un peu bateau, pour ne pas dire décevant. Car sans trop en révéler, la fin du film se constitue d'un double, voire triple twist final et le dernier laisse débitatif. Dommage car tout ce qui précédait était d'un bon niveau (malgré quelques lacunes) et n'avait pas besoin de cette remise en perspective totalement inutile.
A trop vouloir en faire, Larry Cohen s'est planté dans la toute dernière ligne droite.
Noooon!
La première réalisation de Rob Cowan (producteur du remake de The Crazies, entre autres) est très honnête et quelques séquences inspirées démontrent d'un certain talent pour maintenir le suspense. Ce n'est certes pas le nouveau Wes Craven mais nul doute qu'il deviendra un solide artisan s'il continue sur sa lancée.
Les acteurs ne sont pas en reste puisque leur prestation est tout à fait honorable. Même Matthew Lillard, pourtant réputé pour son cabotinage fleurtant parfois avec les limites nerveuses des spectateurs, se la joue ici de manière extrêmement sobre, ce qui rend crédible son personnage de professeur dépassé par les évènements.
A ses cotés, les charmantes Gina Holden et Chiara Zanni ainsi que le "pas net" Michael Eklund, sans oublier la froide Deborah Kara Unger, complètent le casting et font mieux que de la figuration.
Catch me if you can...
Bref, vous l'aurez compris, j'ai bien apprécié La Mort au Bout du Fil malgré ses défauts. L'originalité toute relative de l'histoire est bien contrebalancée par une écriture correcte, une bonne réalisation et un acting de qualité, ce qui nous donne au final un thriller honorable et divertissant, fleurtant parfois avec le Slasher.
A voir pour les amateurs de films de serial-killers.
Un film de Rob Cowan
Avec : Matthew Lillard, Deborah Kara Unger, Gina Holden, Serge Houde