Funny Man
Un producteur de disques remporte un manoir en Angleterre lors d'une partie de poker. Il décide d'en faire la visite durant un week-end, et va rapidement tomber nez à nez avec le locataire des lieux, un bouffon aussi farfelu que dément (Tim James).
Près de quinze ans après les derniers soubresauts de la sacro-sainte Hammer (dont la résurrection est néanmoins en cours), Funny Man marque le renouvellement du cinéma d'épouvante outre-Manche, après un long passage à vide. Ce film sera suivi d'autres oeuvres souvent dotées de budgets réduits mais assez grisantes pour tout amateur de cinéma de genre qui se respecte (Cradle of Fear, Razor Blade Smile).
A mi-chemin entre les personnages de The Mask (pour son humour pipi-caca) et Freddy (pour l'originalité de ses crimes), ce Bouffon de l'Horreur (titre français du film) se révèle être la pièce angulaire de cette série B qui ne se prend guère au sérieux, ce qui fait du bien entre deux slashers pour ados bancals, voire un préquel ou un remake saccagé par un réalisateur de commande.
La parodie n'est d'ailleurs pas toujours si loin que ça, à l'instar de ce clone de Velma, échappée d'un mauvais épisode de Scooby-Doo pour se faire éclater la cervelle par un bouffon très joueur dans une scène très second degré fortement représentative de l'esprit de cette comédie sanguinaire. L'autre référence pourrait concerner Massacre à la Tronçonneuse (version de Hooper), avec la réunion des "héros" dans un van qui ressemble assez à celui des futures victimes de Leatherface.
Aucun personnage de ce film n'est en effet sérieux, entre la médium afro équipée d'un fusil dans sa main gauche, le duo de glandeurs attitrés, la star de rock has-been, et le couple de stars junkies. Ils ne sont guère sympathiques non plus, d'où un plaisir enfantin mais jubilatoire à les voir se faire massacrer au fur et à mesure par un bouffon aussi drôle que sadique.
Strip-teaseuse à la poitrine énorme, laveur de voitures excentrique, star du disco ou amateur d'art déjanté, obsédé sexuel, gardien de but très aérien, ce bouffon est aussi le confident du spectateur au détour de séquences pas toujours très recherchées niveau dialogues ou histoire mais toujours décomplexées, point non négligeable dans un paysage cinématographique souvent linéaire et prudent.
L'un des autres intérêts de ce film réside dans le guest star d'un Christopher Lee alors un peu dans le creux de la vague (avant son retour en force dans les sagas que sont Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux). Dans un rôle court mais mystérieux (le propriétaire du manoir), Lee apporte son charisme froid et digne à ce personnage inquiétant dont le rapport avec le bouffon est difficile à cerner.
En résumé, sans dépasser le cadre du film Bis chargé de procurer un moment agréable et caustique au spectateur, Funny Man eut le mérite de relancer quelque peu un cinéma de genre britannique alors quelque peu éteint, qui retrouva ensuite sa vigueur et son ambition avec des oeuvres aussi marquantes que 28 Jours Plus Tard ou encore Shaun of the Dead.
Le Bouffon de l'Horreur reste en outre ancrée dans le cadre du cinéma anglais, à la fois original, atypique et boosté par un humour noir pas toujours fin mais toujours sarcastique. Malgré une histoire un peu simpliste (qui se résume à un jeu du chat et de la souris dans un manoir), Funny Man réserve quelques scènes divertissantes et sort de l'ordinaire, à défaut d'être aussi fracassant que son méchant de service.
Un film de Simon Sprackling
Avec : Tim James, Christopher Lee, Benny Young, Ingrid Lacey