Lock Out
En 2079, les détenus d'une prison en orbite parviennent à s'échapper et retiennent en otage la fille du président des États-Unis. Pour la sauver, le gouvernement envoie un agent spécial qui est prêt à tout pour se laver des soupçons qui pèsent sur lui.
Premier long-métrage de James Mather et Stephen St Leger, Lockout se veut sur le papier un film d'action pleinement assumé dans un contexte de science-fiction. Une prison, le futur, l'espace. Les ingrédients pourraient nous faire songer à Fortress. Seulement, ce n'est pas sur la manière de s'échapper de cette cage volante, ni même les raisons qui ont amené à cryogéniser des criminels qui nous occupent, mais plutôt comment y entrer et en sortir en faisant un maximum de dégâts.
« T'as vu ma godasse, mec ? Tu vas la prendre en pleine tronche ! »
En guise d'introduction, on fait un rapide retour sur la dernière mission de Snow qui a tourné court. Déjà cinq minutes d'écoulées et l'on grince des dents. Comme bien trop souvent, les premières images sont révélatrices des qualités et surtout des défauts qui parsèmeront le métrage. Ici, ce sont les séquences d'action à mettre sur le billot. Une fusillade, un combat rapproché, la caméra s'agite en tout sens sans trop savoir ce qu'il se passe à l'écran. Les mouvements frénétiques ne s'arrêtent pas en si bon chemin et poursuivent notre gaillard jusque sur le toit de l'immeuble, une petite course poursuite en moto pathétique pour aboutir sur une rame de métro. Entre temps, on aura compris que la réalisation est loin d'être au point.
Contrairement à la simplicité presque navrante du scénario, l'on saisit difficilement pourquoi l'action (le coeur même du film) est aussi mal rendue. Et cela se vérifiera à bord de MS-One. La scène des turbines en apesanteur, les escapades dans les couloirs ou quelques affrontements patauds, les angles manquent de répondant. La fluidité des séquences en pâtit pour conférer au final une mise en valeur calamiteuse de l'environnement. De ce côté, le cadre ne paie pas de mine. Certes, une prison n'est pas joyeuse, mais il y avait vraiment possibilités de lui octroyer une architecture aussi alambiquée que son extérieur. Il est seulement question de longs corridors, de salles froides dont on ne saisit pas bien l'utilité (hormis la salle des opérations) ou même les rares moments où l'on aperçoit cette société futuriste donnent l'impression d'un aspect factice élaboré avec trois bouts de ficelles.
Les voyages spatiaux, ça donne envie de fumer.
Venons-en maintenant à l'histoire. On l'a vu, il est très facile de la résumer en à peine trois lignes. Ce n'est pas pour autant qu'il faille jeter l'opprobre. Néanmoins, le déroulement se révèle linéaire au possible. Tout est agencé pour se diriger d'un point A jusqu'au point B sans temps morts, mais surtout sans surprise. Mis à part quelques péripéties secondaires pas très convaincantes, le récit brinquebale d'un côté puis de l'autre sans jamais impliquer le spectateur. Faut-il mettre en cause la réalisation, la prévisibilité de l'ensemble ou l'interprétation ? L'on n’y croit pas une seule seconde. C'est attendu au possible et aussi stéréotypé que nos protagonistes.
Les acteurs ont le physique de l'emploi. Toutefois, l'on ne saisit pas trop bien cette touche féminine et vaguement agaçante de Maggie Grace dans une telle production. Elle est le catalyseur qui permet d'avancer, mais il y avait d'autres possibilités à exploiter pour éviter sa présence irritante. Guy Pearce joue à fond la carte de l'antihéros sans peur et sans reproche, sans doute un peu trop. Peter Stormare fait de la figuration de bas étage. Quant aux prisonniers, des clichés sommaires dont les personnalités n'ont même pas été ébauchées. Le grand méchant impitoyable, le petit frère déjanté et les brutes sans cervelles. Pour ces derniers, on prend une brochette de gros bras à la carrure séante, on les incruste en arrière-plan et le tour est joué ! À noter que l'on en repère dix maximum durant la majeure partie du film alors qu'ils sont censés être cinq cents.
Dans une cage et dans l'espace, personne ne vous entendra crier (de dépit).
Pour couronner le tout, Lockout est calibré pour satisfaire un public assez large. N'espérez pas voir une violence gratuite exacerbée à chaque bout de couloir. Les actions sont brutales, mais très propres. On nous offre peu de sang (même lors d'une scène d'explosion assez explicite) et beaucoup de hors champ pour ne pas froisser les bonnes moeurs. On sent la patte de Luc Besson derrière cette volonté à ne pas choquer et engranger un maximum d'audience. Outre ce scénario écrit avec des oeillères, les dialogues sont d'une bêtise affligeante. Des blagues à trois francs six sous, les réflexions machistes de Snow, les questions stupides en de telles circonstances (ça va ?) et les sempiternelles altercations entre le sauveur et l'énervante demoiselle en détresse sont de la partie.
En ce qui concerne les effets spéciaux, l'on oscille entre le bon et le ridicule. L'espace est retranscrit convenablement, tout comme l'extérieur de MS-One. On a droit également à un petit dogfight intersidéral assez léché. Pour le reste, on passe notre chemin. Les effets pyrotechniques, les incrustations maladroites, les cascades surréalistes et grossières, rien n'échappe à la médiocrité. Les images de synthèse ne sont pas en reste : très moche (dixit la moto lors de la course-poursuite). On a parfois l'impression que les trucages datent des années 1990 sur certains plans. Pour un budget avoisinant les trente millions de dollars, on était en droit d’espérer mieux.
Toi aussi, tu regardes quand le film va se terminer ?
Bref, Lockout est un film de science-fiction bourrin qui n'a pas grand-chose pour plaire. Un scénario simpliste, des protagonistes surfaits, des effets spéciaux d'un autre âge, des conversations qui frôlent l'intérêt zéro, une mise en scène épileptique qui n'est pas du tout maîtrisée. La liste des tares est longue. Il reste le cadre spatial au potentiel certain, mais mal exploité. Une succession de couloirs et de salles vides en guise de terrain de jeux pour des acteurs qui sombrent dans la caricature. James Mather et Stephen St Leger se contentent d'une production calibrée pour un public peu exigeant où l'on voit défiler 95 minutes d'action et de testostérones à vitesse grand V. Un film qui donne l'envie d'une cryogénisation pour ne plus contempler de tels produits.
Un film de James Mather, Stephen St. Leger
Avec : Guy Pearce, Maggie Grace, Peter Stormare, Vincent Regan