Fear Street - Partie 2 : 1978
Avec une première partie située en 1994, Fear Street amorçait une nouvelle trilogie horrifique de manière peu probante. Malgré un potentiel de départ indéniable, l’hommage aux slashers des 90’s s’est embourbé dans un traitement confus où la production souhaite contenter tous les profils de spectateur ; des adolescents aux amateurs du genre, sans oublier le grand public. Entre réparties binaires, narration inconstante et humour en contradiction avec la violence ambiante, il en ressortait un métrage inabouti, calibré pour une prise de risque minimale. Le résultat se montrait surfait et dispensable à plus d’un titre.
Dans la continuité de son prédécesseur, ce second opus suit toujours le même fil conducteur. Il sert néanmoins de prétexte à un flashback qui permet de se plonger dans une nouvelle timeline. À savoir, la fin des années 1970. Là encore, il est question d’emprunter la mouvance initiée avec le premier film. L’hommage ultraréférentiel se penche aussi sur les succès du slasher. Le simple fait d’ancrer l’histoire dans un tel contexte et environnement le rapproche de métrages, comme Vendredi 13, Massacre au camp d’été, Carnage ou encore Cheerleader Camp. Autant de modèles qui, s’ils ne brillent guère par leur scénario, se sont avancés comme particulièrement représentatifs du genre.
Si l’équipe de tournage demeure (presque) similaire à celle de la première partie, on peut s’étonner du revirement opéré. D’emblée, on distingue un parti pris évident qui scinde avec les maladresses constatées jusqu’alors. Le ton se veut plus mature et frontal. Les meurtres à la hache sont vifs et parfois inattendus. Du tranchant en plein visage à la décapitation, le tueur est implacable et suggère une menace permanente dans le camp, comme dans l’environnement de proximité. À cela s’ajoute une notion de possession qui s’éloigne de la sempiternelle psychopathie de comptoir. Il n’est pas seulement question d’un massacre, mais d’une malédiction et d’une entité diabolique à l’œuvre.
D’ailleurs, on notera plusieurs éléments qui apportent une atmosphère ésotérique au sein du camp Nightwing. Cela vaut, entre autres, pour l’exploration des galeries souterraines, ces autels sacrificiels ou d’autres choses peu ragoûtantes croupies dans les entrailles de Shadyside et Sunnyvale. Plusieurs rappels évoquent le passé des lieux, ainsi que les précédents meurtres qui s’y sont déroulés. Ce n’est pas tant le sentiment d’assister à une sorte d’héritage dégénéré qu’à un phénomène cyclique inéluctable. À défaut d’une véritable angoisse, l’ambiance se pare d’une aura malsaine. Élément qui n’est pas forcément systématique dans le domaine du slasher.
Malgré une durée qui approche les deux heures, le rythme ne faiblit guère, enchaînant les attaques avec les tentatives de fuite et, à minima, de modestes investigations pour comprendre la cause du massacre en lui-même. En ce qui concerne la caractérisation, elle se veut plus fouillée qu’à l’accoutumée, y compris en considérant de ce qui a été initié dans la première partie. Ainsi, on ne se contente pas de définir les protagonistes quasi-exclusivement par leur identité sexuelle et leurs origines ethniques. En l’occurrence, leur background recherche, pour chacun d’entre eux, un fatalisme tout exacerbé quant à leur place dans leur communauté respective. Certes, on a toujours droit à des stéréotypes sociaux, mais le propos est atténué par des histoires individuelles dissemblables, étroitement connectées.
Au final, Fear Street – Part 2 : 1978 s’avère nettement plus intéressant que le premier film. On y retrouve les fondamentaux du genre (sexe, violence…) pour fournir une approche référentielle bien avancée. La ligne directrice se veut moins éparse et, si linéarité il y a, elle fait montre de dynamisme pour équilibrer les parties narratives aux confrontations avec le tueur. On apprécie le soin apporté à la personnalité des protagonistes et à un développement plus poussé de la mythologie auréolant les communautés de Shadyside et Sunnyvale. La connotation fantastique, elle, renvoie à une horreur aussi insaisissable qu’irrationnelle, plus incertaine que les habituels carnages perpétrés par des graines de psychopathe.
Un film de Leigh Janiak
Avec : Gillian Jacobs, Matthew Zuk, Kiana Madeira, Benjamin Flores Jr.