Douce Nuit - Sanglante Nuit 3: Coma Dépassé
Un troisième opus qui réussit l’exploit de faire pire que son aîné. Ennuyé et inintéressant au possible, Coma dépassé demeure aussi vide de sens que le QI de son boogeyman à la cervelle dépouillée.
Aux côtés de mastodontes tels que Vendredi 13 ou Halloween, Douce nuit, sanglante nuit fait office de petit poucet du slasher. Peu connu en dehors d’un cercle restreint de spectateurs, la saga prévaut avant tout pour son premier volet, correct dans la progression avec un massacre généreux au menu. En revanche, la suite périclitait la franchise dans une nullité hallucinante. Écriture au rabais, casting aussi bancal que la mise en scène, les défauts ne manquaient pas ; à tel point que l’on se demande s’il est possible de faire pire. Les producteurs ont sans doute dû se poser la même question étant donné que débarque un troisième volet du Père Noël névrosé et psychopathe.
« Quand on touche le fond, on ne peut que remonter. » Malheureusement, le présent métrage ne risque pas d’être l’exception qui confirme la règle étant donné que le monde du cinéma a tendance à réitérer les pires erreurs de son histoire. En l’absence de talent et de volonté dépourvue de toute motivation mercantile, il est très facile de rendre une copie imbuvable à tous les niveaux. Il y a tellement de tares évidentes que l’on ne sait pas par quel bout aborder cette catastrophe ambulante. Pourtant, point de tremblements de terre ou de tsunamis à l’horizon, juste une avalanche de bêtises et de maladresses doublées d’un intérêt abyssal.
Le récit semble avoir été écrit non par un débutant, encore moins par un scénariste ou un amoureux des mots, mais par un tâcheron autodidacte dénué de la moindre compétence. Lorsque l’on apprend qu’ils furent trois pour « concevoir » une telle ignominie, on est en droit de s’interroger sur les critères d’embauche dans une boîte de production. A tout le moins, sur quelles bases peut-on choisir une pareille horreur en termes d’histoire ? Du syndrome de l’increvable à l’absurdité totale, il n’y a qu’un pas que ce Coma dépassé franchit sans complexe. La résurrection de Ricky prête autant à sourire que le bocal pour poisson rouge vissé sur sa tête. Pour couronner ce bouffon du ridicule, son cerveau apparent macère dans un jus de fraise peu ragoûtant.
Si les slashers n’ont jamais brillé pour leurs histoires, certains font tout de même l’effort de proposer quelque chose de potable et homogène. Là, tout est synonyme d’ennuis. Il ne se passe quasiment rien à l’écran. Entre les visions de Laura, sa petite escapade avec son frère et sa nouvelle copine, sans oublier la recherche d’un type en pyjama, un rien décérébré, le rythme se révèle d’une platitude sans équivalent. Truffé d’incohérences, brouillon et vide de sens, le récit n’a aucun intérêt, pas même celui d’assister à un carnage digne de ce nom. Là encore, Coma dépassé se montre avare en hémoglobine et autres joyeusetés propres à un psychopathe phobique du Père Noël.
Comme si cela n’était pas suffisant, les assassinats sont d’une brièveté à toute épreuve. Une vue subjective, des cris d’effroi (enfin, l’espère-t-on), parfois une gerbe de sang et… coupez ! Coups de poignards, de scalpels ou étranglements, tout cela importe peu étant donné que le cadrage empêche d’apprécier le spectacle. Sans le ton sérieux et la tête de bocal traumatisante de Bill Moseley, on pourrait classer cette suite tout public sous forme d’un thriller édulcoré prompt à entamer la période de Noël sous les meilleurs auspices. Même l’intérêt premier du genre est remisé au placard pour une raison inconnue.
Peut-on espérer un semblant d’atmosphère qui évoquerait les fêtes de Noël ? Certainement pas ! Là où les deux premiers opus faisaient l’effort de planter le décor, ici on apercevra une ou deux guirlandes, un parterre de neige, sans oublier l’apparition furtive du Père Noël. Le vrai, le faux ou le psychopathe, la question ne se pose pas. Les producteurs ont préféré ne pas cacher le faciès de leur fou furieux sous un costume rouge et une barbe blanche. On sombre carrément dans le non-sens pour une saga qui est censé mettre en avant le massacre d’un cinglé déguisé en Père Noël. Encore une fois, l’incompréhension s’impose devant tant de stupidités.
Est-il besoin de parler du casting, vaste palanquée de seconds couteaux ou d’amateurs dont on n’entendra quasiment plus parler, exception faite de Bill Moseley. Dans le meilleur des cas, les « acteurs » surjouent. Dans le pire, ils sont en total décalage avec leur personnage et le contexte d’une séquence. Pour demeurer dans une médiocrité proportionnelle, leurs rôles sont aussi risibles que pathétiques. Entre clichés, pathos et tragédies de pacotilles, ils ne provoquent rien d’autre qu’un agacement certain chez le spectateur qui se désintéressera très rapidement de leur sort.
Au final, Coma dépassé prouve que l’on peut faire pire qu’une suite catastrophique. On supprime l’histoire, la mise en scène, l’ambiance de Noël pour saupoudrer le tout d’une bonne dose d’idioties et de discours psychologiques teintés de mysticisme à la noix. Au-delà de l’inutilité d’une telle aberration, ce troisième opus suscite une réflexion (si, si !) sur les motivations des producteurs à nous infliger pareille nullité. Même la considération pécuniaire reste douteuse puisque le deuxième volet n’est pas parvenu à amortir un budget déjà malingre, encore moins celui-ci ! Long, misérable et peu scrupuleux quand il s’agit de passer aux choses sérieuses, le film de Monte Hellman se révèle d’une vacuité insondable.
Un film de Monte Hellman
Avec : Bill Moseley, Richard Beymer, Samantha Scully, Richard C. Adams