Buried Alive : Enterrés Vivants
Un étudiant fraîchement renvoyé de la faculté est bien décidé à mettre la main sur un trésor de famille caché dans un ranch perdu en plein désert. Il profite d'un week-end pour y emmener ses amis et dénicher enfin cette cachette, convoitée par le gardien du domaine, un homme solitaire et mystérieux.
Spécialiste des effets spéciaux (il est le co-fondateur de la société KNB EFX, avec Nicotero et Berger), passé derrière la caméra pour mettre en scène Wishmaster, à la fin des années 90, Robert Kurtzman s'était fait quelque peu oublier ensuite, avant de revenir depuis quelques années aux affaires, au sein de petites maisons de production spécialisées dans le DTV (Direct-to-Video), sous-produits de consommation générés pour un public peu regardant sur la qualité.
Buried Alive fait donc partie de ces programmes qu'on oublie aussitôt le générique de fin entamé, ou presque.
Doté de restrictions strictes au niveau des personnages (sept rôles seulement) et du décor (une sorte de ranch en guise de terrain de chasse à travers les grands espaces désertiques), ce film mérite d'être clair dès son entame : on ne jettera pas l'argent par les fenêtres !
Le casting est constitué, comme souvent pour ce genre d'oeuvres pour adolescents friands de films d'ambiance, de jeunes comédiens Kleenex, que l'on ne reverra probablement jamais plus, et d'un nom un peu plus vendeur, en l'occurence ici Tobin Bell, alias Jigsaw dans la saga du tueur au puzzle. Ce dernier campe le gardien de la propriété, un homme solitaire, inquiétant et quelque peu dérangé. Rien que le sourire carnassier du bonhomme suffit à nous convaincre de l'intérêt de l'existence de ce film.
A ses côtés, les jeunes comédiens s'en tirent assez bien, la blonde de service offrant à l'ensemble un humour volontaire de bon aloi, ainsi que quelques formes généreuses, pour une fois pas trop masquées par la caméra.
L'histoire du film tente d'évoquer une malédiction indienne, son héroïne fantomatique cheminant toutefois sur les traces des habituelles figures du slasher, utilisant la hache en guide de force de frappe.
Les effets spéciaux, numériques, constituent le point faible majeur de ce film, à l'instar d'Organizm (autre film de cette maison de production). Pourtant, Kurtzman s'y connait en la matière, mais le numérique offre un rendu visuel vraiment peu réaliste, ce qui occasionne plus de rires que de frayeurs (surtout les deux premiers meurtres, qui sont en plus amenés maladroitement par un scénario peu emballant).
Le scénario, assez mince au demeurant, n'est pas relevé par la mise en scène de Kurtzman, assez lente. Les bavardages, au début acceptables, finissent par prendre le pas sur l'action, de sorte que l'on trouvera le temps relativement long entre deux courses dénudées à travers le désert ou l'attaque de serpents.
Même si l'idée était tentante, cette malédiction familiale est finalement trop vague et se termine en un fourre-tout ennuyeux, surtout que le scénariste n'évite pas les clichés (adolescents drogués et obsédés, blonde idiote, intellectuel boutonneux, sportif crétin), seul le lien entre le héros et sa cousine, surtout lors de l'épilogue dans la salle de bains, sortant un peu de la norme (mais pour une durée fort limitée).
Dès lors, quel est l'intérêt de voir ce métrage ?
Tout d'abord, même sans être innovant ou effrayant, Buried Alive nous offre un ensemble assez bien construit, disposant de la présence d'un Tobin Bell joueur et mystérieux à souhait. Le final, en outre, sort des sentiers battus, en privilégiant un certain réalisme (beaucoup parleront de pessimisme, mais chacun est en droit de voir son verre à moitié vide ou plein), à défaut du sempiternel happy end des familles.
Ajoutons à cela une bande son rock réussie et de jolies actrices, et on obtient un divertissement aux retombées réduites, certes, mais relativement honnête.
De nos jours, il n'est pas toujours bon de faire la fine bouche, alors n'enterrons pas trop vite ce programme.
Un film de Robert Kurtzman
Avec : Leah Rachel, Erin Reese, Tobin Bell, Germaine De Leon