Dead Mine
Après avoir suscité un certain engouement avec Mum and dad, son premier long-métrage, Steven Sheil s'expatrie en Indonésie pour son nouveau projet : Dead mine. Il aura fallu cinq années de patience pour voir ce deuxième film arriver directement dans nos salons. De prime abord, l'on serait enclin à saluer l'initiative de Wild Side pour nous dégoter des productions presque confidentielles qui ne dépasserait pas les frontières de l'hexagone sans leur contribution. En cela, découvrir Dead mine est une bonne chose. D'un autre côté, l'on s'interroge sur la qualité générale étant donné que le cinéaste est attendu au tournant pour transformer l'essai.
Faudrait que j'en parle à ma femme...
L'intrigue nous entraîne dans la forêt indonésienne, où un groupe de mercenaires escorte un riche fils à papa, sa copine, un ingénieur et une historienne. Tout se passe pour le mieux, lorsqu'ils se font attaquer par une bande de pirates. Ils sont contraints de se réfugier dans une grotte qui les mène à des souterrains qui abritaient un régiment de l'armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Ceci vous rappelle-t-il quelque chose ? D'emblée, on pense à Outpost, ses mercenaires baroudeurs et surtout ses soldats nazis zombies.
Ici, point de morts-vivants, mais l'influence est évidente. Les souterrains en guise de bunker, un passé trouble en rapport avec la Deuxième Guerre mondiale, des expériences à la limite du paranormal (dans le cas présent, l'on songe à l'alchimie et la quête de l'immortalité), tels sont les ingrédients de Dead mine. Malgré le changement de cadre, les enjeux demeurent similaires à son homologue d'Europe de l'Est. Qui plus est, les couloirs côtoient des souterrains qui rappelleront la plongée claustrophobique de The descent. Les séquences sont courtes, pas forcément adéquates et l'on ne ressent guère le sentiment d'oppression que l'on aurait dû avoir.
La bourse ou la vie ?
La faute incombe à une mauvaise gestion de l'espace où les endroits les plus étriqués disposent de plans larges. A contrario, les lieux un peu plus imposants ne laissent aucune impression d'égarement ou de grandeurs (le pont en début de métrage) avec les ténèbres permanentes. Bien que la mise en scène ne soit pas catastrophique, elle n'est pas non plus un modèle d'ambiance. Outre les cadrages maladroits, le cinéaste peine à trouver une réelle continuité dans la progression de son récit.
En effet, les 45 premières minutes n'apportent rien. Aucune tension, aucune description du contexte ou un éventuel conflit entre les personnages. C'est bien simple, on nous inflige des séquences plates, convenues et sans frisson où se pavane notre bande de randonneurs du dimanche et se permettent quelques remarques inutiles, voire carrément débiles. Une première partie longue qui se révèle un excellent somnifère. Vous ne verrez pas l'ombre d'une créature et les corridors déserts se succèdent sans la moindre suggestion pour affirmer le contraire. En somme, la majorité du film s'avère ennuyeuse et redondante à plus d'un titre.
Don't open. Dead inside ?
Malgré cela, pourrions-nous encore attendre une seconde moitié plus prenante ? Malheureusement, non. Le scénario était déjà simpliste et se permettait d'emprunter divers éléments à d'autres productions similaires, mais l'on sombre carrément dans le grotesque avec des retournements de situations alambiqués, pas du tout crédibles et avare en précisions. Le film devient alors un bête survival entrecoupé de passages toujours aussi mous et finis sur une note incongrue. Le dénouement défile à la vitesse grand V et laisse le spectateur en plan sur une dernière image insipide, à la limite de l'imposture. On a l'impression d'entendre : « Débrouillez-vous avec ça, on en a marre ! »
En dépit d'un design pas vraiment engageant, il demeure tout de même des effets spéciaux honnêtes qui laissent planer un semblant d'atmosphère (anecdotique, cela dit). Pour les protagonistes, rien de notable également. Des mercenaires bêtes comme chou, un riche patron arrogant et sa midinette de service, un ingénieur en quête de rédemption et une historienne à la curiosité malsaine. On ne parvient pas à s'attacher aux personnages et encore moins à s'impliquer dans ce qui les attend. Néanmoins, il est bon de souligner que les acteurs sont des interprètes correctes et sont loin des cabotinages de circonstances, mais rien d'exceptionnel non plus.
...Pas sûr qu'elle accepte !
Bref, Dead mine est un film médiocre. Entre un scénario à la fois simpliste et mal maîtrisé, une première partie soporifique et un cadre intéressant, mais sous-exploité, on est contraint de constater que nous sommes en présence d'un pâle hybride d'Outpost et The descent. La comparaison s'avère flatteuse, le résultat l'est beaucoup moins. Pas forcément pénible à regarder, mais une production fade, sans relief qui ne recèle rien de transcendant. Il en ressort un film qui ne fera pas date. Vite vu, vite oublié.
Un film de Steven Sheil
Avec : Joe Taslim, Sam Hazeldine, Les Loveday, James Taenaka