Avalanche Sharks : Les dents de la neige
En général, les requins massacrent des jeunes étudiants décérébrés durant la saison estivale. L'occasion de dénuder de belles donzelles et de faire valoir leurs atouts pour le moins gonflés n'y est pas étrangère. Autre raison plus pratique : les requins sont des poissons et évoluent donc dans l'eau, chaude de préférence. Cette évidence peut prêter à sourire, mais elle paraît nécessaire à rappeler pour le cas d'Avalanche Sharks. Scott Wheeler (à qui l'on doit la version minable de Voyage au centre de la Terre et Transmorphers 2, deux productions sorties tout droit de chez Asylum) ne semble pas au courant. En effet, cet individu (que nous ne qualifierons pas de réalisateur) a eu la mauvaise idée de déménager l'habitat de nos amis les squales en… haute montagne !
Sais pas lire, mais je crois qu'on pourra pas aller sur la plage pour un instant bronzette.
On ne voit pas trop l'intérêt de délaisser les plages et les côtes au profit d'une excursion dans les rocheuses. Pourtant, le pitch improbable ne cache nullement sa débilité et son aberration. Le scénariste, déjà responsable de Malibu shark attack, a vraisemblablement dû se casser la tête pour concurrencer SyFy et Asylum dans le domaine de la stupidité. Car Avalanche sharks n'a pas été conçu dans leur studio, mais dans ceux d'Odyssey Media, firme qui n'a rien à leur envier. Toujours est-il que l'on en est présence d'une histoire misérable, dotée d'incohérences aussi grosses que la poitrine des actrices. En somme, un simple prétexte pour surfer (avec un snowboard cette fois-ci) sur le survival animalier avec un minimum de moyens, mais surtout, un minimum d'intelligence.
D'aucuns pourraient juger Avalanche sharks comme un nanar intersidéral (d'où les requins qui dérivent dans l'espace après la destruction de leur planète) et ils n'auraient sans doute pas tort. Cette approche se confirme avec un humour au ras des pâquerettes lorsque les hors-d'½uvre se font becqueter. « Ma mère va me tuer ! » « Tu fuis les responsabilités ! » « Je vous aime ! » ou quelque chose de similaire. C'est nul et ça ne parvient même pas à amuser la galerie (à moins d'être complètement ivre ou avoir consommé des substances illicites, ou les deux, allez savoir). Cet aspect n'est pas assumé dû à des séquences qui retombent dans le sérieux et les caricatures de mauvais augure.
Fuyons cette planète pendant qu'il est encore temps !
Alors, on pourrait saluer le nombre de victimes qui passent dans la gueule du squale, dont on ignore s'il est seul ou à plusieurs. Parfois oui, parfois non, en tous les cas ses interventions ne dépassent pas la seconde, deux en étant généreux. Les meurtres sont tellement furtifs que l'on voit à peine l'animal, à tout le moins une partie de son anatomie. On croque, on replonge dans la poudreuse (quand il en sort) et on ne nettoie même pas la petite traînée de sauce tomate qu'on laisse derrière ! Requin qui, au demeurant, pâtit d'effets spéciaux minables. Affublé d'un aileron de glace et d'une teinte grise, le pauvre dispose d'animation sommaire et d'un rendu graphique bon pour les orties. À noter qu'il ressemble davantage à un fantôme (d'après une légende locale sur une malédiction non moins pourrie) affublé de filtres bleu vif hideux.
Dans ces conditions, il est difficile de se pencher sur le casting. Les « actrices » ne valent que pour leur plastique affriolante et sont incapables de trouver la moindre justesse dans leur travail. On ne parlera pas de rôles ou de personnages étant donné qu'on nous inflige un panel de clichés conçus avec une main dans le dos, un bandeau sur les yeux et un stylo à l'encre invisible. Le résultat ? Des individus tous plus irritants les uns que les autres qui éructent des réparties débiles, rigolent comme des bécasses ou jactent et gonflent le torse pour montrer que les messieurs sont prêts à s'accoupler. Difficile de savoir s'ils sont conscients de leur piètre prestation. Toujours est-il qu'ils ne perceront jamais, exception faite des femmes pour le casting d'un film porno.
Vas-y ! Continue à fuir tes responsabilités !
On notera également de gros problèmes de rythme entre chaque hors-d'½uvre où la progression du récit évolue avec une jambe de bois. On s'ennuie souvent malgré la faible durée du métrage (79 minutes). La réalisation n'en possède que le nom avec des cadrages merdiques, voire vomitifs à certains moments ; tout comme les vues subjectives qui n'apportent décidément rien et font peine à contempler. À cela, on restera sur notre faim en attendant vainement le slalom en bikini ou une avalanche ridicule (et ce n'est pas une avalanche de requins) dans le dénouement. Ce n'est même pas décevant ou frustrant, juste consternant.
Au final, Avalanche sharks est un survival animalier minable sans l'once d'une bonne idée à l'horizon. Le seul intérêt d'une telle production (si superficiel soit-il) réside dans le physique légèrement vêtu d'actrices qui n'en possèdent que le nom. Pour le reste : effets spéciaux foireux, histoire d'une rare bêtise, dialogues affligeants, interprétations minimalistes (et c'est un euphémisme) servies par une mise en scène à la limite de l'amateurisme. C'est mauvais du début à la fin et manque cruellement de fun pour en faire un nanar fou et décomplexé. Il serait temps de faire appel à la SPA ou toute autre association de protections pour les animaux et les requins en particulier pour éviter que ce genre de bouse salisse nos écrans...
Un film de Scott Wheeler
Avec : Kate Nauta, Erika Jordan, Emily Addison, Erin Ross