Le faux documentaire est un sous-genre qui a tendance à interpeller le spectateur sur une thématique particulière avec réalisme et authenticité. Inutile de citer ses références connues de tous et fédérateurs d'un certain engouement pour les buzz à grandes échelles. Qu'il s'agisse de spectres tourmentés, de serial killer, de créatures monstrueuses ou, en l'occurrence, un voyage spatial, le faux documentaire a pour principal objectif de semer le trouble dans notre esprit. Si le postulat est réussi, l'on en vient même à penser « Et si c'était vrai... ». Cette expression est en général le début d'une recherche, plus ou moins longue, sur le net pour tenter de trouver des corrélations avec les informations apportées par l'histoire.
Houston, un cigare !
En partant de faits réels, on se sert des passages vacants pour y insérer une bonne dose de fiction. Simple, habile et astucieux. Voilà les bases du concept. D'ailleurs, Internet est un outil formidable qui suscite la curiosité avant le film et entretient le doute une fois vu. Un site aguicheur, des informations supplémentaires et le tour est joué. Or, depuis quelque temps et le succès phénoménal de la saga
Paranormal activity, le faux documentaire est devenu une manne providentielle pour les producteurs. Une réussite commerciale qui ne dément pas une certaine constance dans la qualité des projets présentés (à quelques exceptions prêtes), n'en déplaise aux détracteurs des faux documentaires.
Toujours est-il qu'Apollo 18 s'affiche comme un « Paranormal activity sur la Lune ». Le tagline est vendeur, mais la franchise initiée par Oren Peli est loin d'être le seul film du genre au monde, encore moins un exemple à suivre au vu de son évolution au fil des épisodes. C'est donc accompagné de plusieurs caméras amateurs destinées à l'observation que nous traversons l'espace pour nous rendre sur la Lune, plus précisément sa face cachée, lieu de tous les fantasmes plus ou moins farfelus. Le pitch d'Apollo 18 se base sur la mission éponyme, annulé officiellement pour cause budgétaire dans les années 1970. Toutefois, le gouvernement a décidé de la mener en secret. Le début des réjouissances peut commencer.
We're all living in Amerika...
Pas de 16/9, une image granuleuse, seventies oblige, le film 8mm est de circonstance. On ressent un certain souci d'authenticité dans sa mise en oeuvre. Si ce procédé est davantage axé pour les torture-porn et autres snuff-movies, force est de reconnaître que le rendu à l'écran permet de plonger rapidement dans l'histoire. Qui plus est, la reconstitution dans le vaisseau souligne la promiscuité des astronautes. Il n'y a pas de place pour le superflu, tout est fonctionnel. L'aspect technique (de l'époque) et le jargon professionnel renforcent l'immersion dans un milieu à la fois exigeant et élitiste. Une illusion parfaite par un cadrage savamment choisit.
Une rencontre du troisième type chaleureuse.
À cela, il faut compter également des sorties lunaires plus vraies que nature. La caméra n'hésite pas à mettre en avant le relief escarpé de notre satellite afin de toucher au plus près des images qu'il nous a déjà été donné de contempler. C'est bien simple, on a l'impression d'être le quatrième homme de cet équipage ultra-secret. De fait, on jouit d'une vision privilégiée sur les événements à suivre. Reconstitution qui, par la même, expose les différentes hypothèses selon lesquelles l'histoire fut falsifiée par les autorités concernées. Une présence étrangère, des objectifs inavoués, rien de plus facile lorsque l'on parvient à manipuler les médias et les images.
Faux raccords, images granuleuses, des procédés pour le moins convaincants.
Si les acteurs s'en sortent avec les honneurs, on regrettera néanmoins que leurs personnages ne soient pas davantage développés. Dans les premières minutes, les stéréotypes du héros américain prêt à couvrir de gloire sa patrie sont clairement invoqués. Un choix un peu rébarbatif qui peut décontenancer, voire exaspérer. Toutefois, cet aspect est grandement mis à mal lorsque les véritables intentions du gouvernement (qui ne font aucun doute pour le spectateur, et ce, dès les premières minutes) se font jour à leurs yeux. Dès lors, on se penche sur les valeurs qui régissent des états soi-disant démocratiques qui n'hésitent pas à sacrifier leurs citoyens en arguant la sauvegarde de l'humanité. Un concept vain et dénué de sens lorsque l'on progresse dans l'intrigue.
Houston, on est mal barré !
Récit qui, au demeurant, reste classique dans son déroulement et ne déroge pas aux règles de l'exercice. Il faut près d'une demi-heure pour rentrer dans le vif du sujet et, même si l'on ressent une présence étrangère, l'angoisse n'est pas forcément de mise. Non pas que l'atmosphère soit ratée (on l'a vu précédemment, l'immersion est au rendez-vous), mais il aurait peut-être dû avoir plus de suggestion au lieu de nous desservir des pierres hautement suspectes. À noter que les effets numériques sont totalement hors de propos. Les trucages fonctionnent, mais rendent l'ensemble anachronique compte tenu de l'époque et du ton apporté.
En effet, c'est un petit pas pour l'homme.
C'est un peu le grand écart entre une reconstitution minutieuse au niveau esthétique et la technologie de la NASA avec les effets spéciaux concernant l'espèce extraterrestre. Un constat d'autant plus regrettable que les maquillages sur l'infection sont des plus crédibles. Si
Apollo 18 dépayse de par son cadre, sa trame narrative n'en demeure pas moins réglée sur les codes du faux documentaire. La découverte des films d'archives, l'insouciance des protagonistes jusqu'à l'événement perturbateur amenant au point de non-retour, sans oublier les interventions plus ou moins intéressantes de cette présence étrangère. Un faux documentaire plaisant, mais prévisible.
Enfin, pour ceux qui souhaiteraient approfondir le sujet : LIEN Et n'oubliez pas, la vérité est ailleurs...