Il varco
La guerre et ses horreurs est certainement l’un des thèmes les plus usités au cinéma depuis sa création. On ne compte plus les œuvres à s’y être intéressées de façon plus ou moins originales, du simple film de guerre propagandiste au chef-d’œuvre réflexif quant à la condition humaine, sans oublier, bien sûr, la tonne de documentaires. A ceux-ci, il conviendra dès lors d’ajouter cet IL VARCO réalisé par les Italiens Federico Ferrone et Michele Manzolini sur base de documents d’archives.
Le film s’ouvre sur un carton présentant le contexte historique : nous sommes en plein été 1941, l’Allemagne nazie envahit Union soviétique et l’Italie se prépare à envoyer ses premiers soldats sur le front ukrainien. S’ensuivent quelques images d’archives auxquelles vient enfin se superposer la voix du narrateur. Et c’est là que le dispositif va poser un dilemme au spectateur : embarquer à bord ou rester sur le bas-côté. Car la voix (celle de l’écrivain et musicien Emidio Clementi) va accompagner tout le film afin de lier les images et de proposer une narration comme si les images étaient celles vues par un soldat envoyé au front. C’est donc une histoire tout à fait fantasmée (la vie, les rêves et les désillusions d’un jeune soldat fasciste) à laquelle nous allons assister par le biais d’images réelles.
Et il faut admettre que le matériel d’archives recueilli par les deux réalisateurs est incroyable. S’il ne fallait retenir qu’une chose d’IL VARCO, ce serait ça. Que ce soit la scène de danse lors de la Nuit de Sant'Elia située dans un village de Borșa en Transylvanie, où l’armée s’arrête un jour avant de repartir pour le front, de simples moments de vie ou encore la scène des chants de chorale entonnés par les prisonniers de l’Armée rouge, tout témoigne à merveille de la réalité de l’époque, ainsi que de son atmosphère mortifère.
Là où le bât blesse, c’est dans le point de vue choisi par les réalisateurs, celui, inventé, d’un jeune soldat fascite, donc. Comme écrit plus haut, le dispositif pourra rebuter certains spectateurs, dont j’ai malheureusement fait partie. À mon grand regret, je ne suis jamais entré dans le film, me contentant de regarder défiler les images en ayant le sentiment de passer à côté de l’expérience. Une expérience que je vous encourage toutefois à tenter via le joli DVD édité par Blaq Out (un DVD qui a en outre le bon goût de proposer, en bonus, un autre film de Federico Ferrone et Michele Manzolini, Le Train pour Moscou).