Altitude
"Toute ma vie, j'ai rêvé d'être une hôtesse de l'air. Toute ma vie, j'ai rêvé de voir le bas d'en haut" chantait Dutronc. Pas sûr qu'après avoir vu Altitude, il ait envie d'en rêver à nouveau.
I'm a poor lonesome plane...
Une jeune pilote et quatre de ses amis décident de partir en week-end à bord d’un petit avion. Un voyage qui brusquement se transforme en une expédition mortelle. Peu après le décollage, une défaillance inexpliquée rend l’appareil hors de contrôle, et celui-ci ne cesse de prendre de l’altitude, plongeant ainsi au coeur d’une mystérieuse tempête...
Screamin' in the Wind...
Altitude, c'est l'histoire du gars qui a une excellente idée pour commencer son scénario, mais qui peine ensuite à la développer afin de rendre son film intéressant. Le début est accrocheur et annonce un spectacle intéressant, tandis que le dernier quart d'heure est palpitant. Le problème, c'est ce qu'il y a entre les deux: c'est-à-dire des dialogues inintéressants, des personnages creux et antipathiques, ainsi que des situations abracadabrantesques. Heureusement que la mise en scène sauve les meubles.
Mais voyons tout ceci en détails.
Le film s'ouvre sur une séquence aérienne de bonne tenue et bien shootée, laquelle met l'eau à la bouche. La collision soudaine entre deux avions, suivie de la chute de ses passagers, constitue une mise en appétit des plus réussies.
Malheureusement, cette belle promesse va s'étioler et déboucher sur de nombreuses longueurs. La faute en revient à un scénario boiteux et bien trop étiré pour tenir la longueur. L'histoire d'Altitude aurait mieux convenu à un épisode de série télévisée de quarante minutes, voire à un segment de film à sketches, car il est évident qu'il ne contenait pas assez de matière pour s'étaler sur 1h30.
A ce propos, Altitude ne manquera pas de rappeler aux plus anciens le célèbre épisode Cauchemar à 20 000 pieds de la série La Quatrième dimension, dans lequel William Shatner était confronté à une créature détruisant les moteurs de son avion. Et c'est bien ce qu'est Altitude: un épisode de série fantastique au pitch accrocheur, mais trop faible pour supporter le poids d'un long métrage.
Le monstre a de la gueule (et des tentacules!).
Outre une histoire un peu vide, les personnages sont très énervants et souvent peu crédibles. Ils passent leur temps à se bouffer le nez et font penser à tout, sauf à une bande de potes. En fait, ce n'est pas tellement que les personnages ne soient pas crédibles (il existe certainement des gens ressemblant à ça), c'est juste qu'on n'arrive pas à croire qu'ils soient amis et encore moins que certains forment un couple. Ils n'ont aucun point commun et s'engueulent à la moindre occasion. Pour couronner le tout, ils sont tous plus antipathiques les uns que les autres.
Bref, on attend qu'une chose: qu'ils meurent et s'arrêtent de jacasser!
Du coup, leurs moments de bravoure, leurs interrogations et leurs relations passent au second plan, tant ils mettent les nerfs du spectateur à rude épreuve.
Concernant ces moments de bravoure, il convient de préciser qu'ils sont assez rares, et que le plus épique d'entre eux s'avère en même temps le moins crédible. Jugez plutôt: les ailerons de la queue de l'avion sont coincés. Un des jeunes décide donc de sortir de l'appareil et d'aller les décoincer. Le tout, évidemment, à très haute altitude.
Je dois dire que cette séquence constitue un spectacle étonnant. Le ton sérieux avec lequel elle est traitée tranche avec la situation en elle-même, laquelle est très peu crédible. On ne compte pas les incohérences (quid de l'oxygène, de la température, de la pression, etc...), mais malgré tout, la scène fonctionne grâce à une réalisation au poil.
C'est d'ailleurs le leitmotiv du film: ce qui l'empêche de sombrer complètement, c'est la réalisation de Kaare Andrews.
Pour son premier long, le bonhomme s'en sort assez et laisse entrevoir de belles choses, malgré les efforts de certains effets spéciaux douteux pour lui mettre des bâtons dans les roues. Gageons que l'on devrait le revoir très vite aux commandes d'un film un peu plus ambitieux en terme de budget.
Regardez bien ces gens: ils mettront vos nerfs à rude épreuve!
Au final, Altitude constitue donc une déception, et ce n'est pas son excellent dernier quart d'heure qui parvient à le hisser au rang de bon film. Trop de longueurs, trop d'incohérences, et des personnages antipathiques.
Altitude est à voir une fois tout de même, ne fut-ce que pour son monstre lovecraftien et sa fin sympa.
Un film de Kaare Andrews
Avec : Jessica Lowndes, Julianna Guill, Ryan Donowho, Landon Liboiron