Critiques spectateurs de Cypher
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Legend of the Seeker : l'Épée de vérité
J'ai rarement été aussi agréablement surpris par une série. Je m'attendais à voir une histoire (adaptée de romans) pour ados boutonneux… pour constater que j'étais très loin du compte. Tout d'abord, l'ambiance de Legend of the Seeker : je n'ai jamais vu une série aussi marquée par le sadomasochisme. En plus des évidentes icônes dominatrices que représentent les Mord-Sith (spécialistes de la souffrance & du plaisir), le pouvoir des Inquisitrices transforment tout individu touché d'une certaine manière en esclave énamouré. Sans parler des tortures pratiquées avec style et des multiples humiliations : personnes mises à genoux, tenues en laisse, mises au pilori, etc. Bref, une ambiance plutôt adulte. La seconde saison introduit en plus les effusions de sang.
L'histoire, maintenant ; elle s'articule autour de quêtes, confiées au Sourcier et à ses compagnons, visant la destruction du mal. Si, de premier abord, cela semble d'un classicisme ennuyeux, on réalise très vite qu'il n’y a aucun manichéisme dans l'histoire : chaque personnage est porteur de profondes blessures et peut réagir de façon diamétralement opposée à son habitude selon les circonstances. De plus, le passé des personnages principaux a fait l'objet d'une attention particulière en évitant l'écueil de l'angélisme pour les uns et le machiavélisme absolu pour les autres.
Les thématiques abordées sont aussi loin d'être destinées à un public trop jeune : la foi, le destin, l'aliénation, etc. sont autant de sujets traités sans ambages et sans donner de solutions "clés en main". Le plus fort dans l'histoire, c'est que les scénaristes sont parvenus à introduire des interludes humoristiques entre deux épisodes où des villageois se font massacrer ou torturer. Il y aurait encore tant à dire sur le récit (les scénaristes - tout comme les acteurs, d'ailleurs - n'ont pas volé leur salaire) tellement il réserve de rebondissements, mais je vais me recentrer sur l'essentiel : les femmes - et plus particulièrement l'une d'elles : Cara.
Cette Mord-Sith qui se range du côté du Sourcier a été particulièrement soignée au niveau de sa personnalité. Menaçante, sexy, touchante et toujours très amusante, la sublissime Cara est à ce point indispensable que sa présence à l'écran éclipse tous les autres protagonistes. A titre d'exemple, l'épisode de son procès, riche en révélations sur sa personnalité délectable et son passé tortueux, est d'une intensité rarement vue sur un écran. Ses réactions excessives et drôles, son (rare) sourire enjôleur, sa bisexualité, son regard charismatique, etc. tout ce qui la concerne est magnifique. Un personnage exceptionnel pour une série géniale !
Publié le 7 Août 2011
Inception
Un résumé excessif d'Inception stipulerait qu'il s'agit d'une histoire où un groupe d'experts tente d'insinuer l'idée d'annihiler un monopole économique dans les pensées d'un jeune héritier. Pour ce faire, les manipulateurs doivent implanter ce concept dans le subconscient de la victime via ses rêves.
À cette intrigue de science-fiction / anticipation se greffe tout un ensemble d'éléments venant enrichir le métrage, à commencer par les spécificités des rêves : les paradoxes, les mécanismes de défense ainsi que de déplacement & de condensation chers au visionnaire Sigmund Freud sont exploités avec brio par le réalisateur - ce qui octroie beaucoup de crédit au film. Ensuite, les personnages : les principaux protagonistes que sont Dom Cobb (excellent Leonardo Di Carpaccio) et Robert Fischer sont porteurs de profondes blessures psychologiques qui représenteront les enjeux dramatiques, bien présents, du film. D'ailleurs tout le casting d'Inception contribue à véhiculer les nombreuses émotions qui émaillent le film. Mention spéciale pour notre Marion Cotillard nationale qui se montre à la fois menaçante et touchante.
À cela, il faut ajouter une mise en scène dynamique, des effets spéciaux impeccables (magnifique ville en ruine), un traitement intelligent des thèmes de l'opprobre, de la rédemption, des remords, du voile parfois ténu entre le rêve et la réalité, etc. pour comprendre qu'Inception fait grand honneur au 7ème Art.
Une remarque, pour finir : en dépit du fait qu'il traite du sommeil paradoxal, le métrage proscrit toute rêvasserie, sous peine de perdre le fil de l'intrigue. D'un autre côté, il est difficile de décrocher d'un film maîtrisé du début à la fin (le réveil ?).
Publié le 25 Novembre 2010
Amer
N'en déplaise à nos amis / voisins / cousins belges, le giallo ne se résume pas à un amalgame d'ingrédients propres au genre (thriller, fantastique, horreur, érotisme & couleurs acidulées ; l'origine italienne n'est que la cerise sur le gâteau) ; il s'agit au contraire d'un tout qui dépasse la somme de ses parties, et ce tout est cimenté par une réelle intrigue.
Dans le cas d'Amer, on a certes le droit à une expérience sensitive, sensorielle - et même sensuelle - jamais vue jusqu'à présent au cinéma, mais on obtient surtout un film terriblement ennuyeux, au scénario "prétexte" sans le moindre intérêt : on se contente de suivre les névroses (voire la schizophrénie) et l'éveil à la sexualité de l'héroïne lors de trois périodes de sa vie et... et c'est à peu près tout.
Dans le cadre d'un court-métrage expérimental, la pilule aurait pu passer ; mais sur une durée de près d'une heure et demie, ce n'est pas le cas (à moins, bien sûr, que la pilule en question ne soit un puissant somnifère).
Publié le 28 Octobre 2010
Urban Legend 2 : Coup de Grâce
Final Cut est la suite directe du premier Urban Legend, dans le sens où il intègre nombre d'éléments de celui-ci dans son déroulement : références scénaristes, personnages, etc. le tout devant aboutir à la réalisation d'un métrage de fin d'étude ayant bien évidemment pour thème les légendes urbaines.
Ce film part donc d'un postulat intéressant, mais il est hélas bourré d'incohérences, de personnages tous plus antipathiques les uns que les autres (à tel point que leur mort arrive comme un soulagement) et de nombreuses longueurs propices à l'ennui.
Urban Legend 2 possède néanmoins deux atouts, nommés en psychologie "l'effet de primauté & l'effet de récence" qui parviennent à laisser au spectateur une impression pas trop négative : les deux meilleures scènes du film sont en effet placées au début et à la fin pour titiller opportunément la mémoire. Le premier (véritable) meurtre est ainsi très visuel et bien réalisé (à tel point qu'il en est douloureux à regarder). Quant au générique final, qui se permet un somptueux clin d'oeil au personnage le plus intéressant du premier Urban Legend, il est tout simplement génial et fige durablement un sourire malicieux sur les lèvres du spectateur.
Urban Legend 2 n'est donc pas un métrage indispensable ; il fait cependant preuve de bonnes idées qui, si elles avait été perpétuées sur toute la longueur du film, auraient donné un excellent slasher.
Publié le 13 Septembre 2010
Matrix
Je ne m’attarderai pas sur les indéniables qualités visuelles du film des frères Wachowski, qui ont eu l’idée géniale d’occidentaliser les délires graphiques des productions asiatiques. Je ne m’appesantirai pas non plus sur un scénario de science-fiction crédible où il est question d’inversement des rapports homme-machine, dans le sens où l’être humain est instrumentalisé par sa création.
Non, ce qui m’importe avant tout, ce sont les personnages de Matrix ; en particulier deux d’entre eux, qui donnent tout son sens et toute la saveur au métrage : l’agent Smith, bien sûr, et Cypher, l’anticonformiste. Le premier représente la quintessence de l’esprit de la matrice, le genre de personnalité à la logique froide et machinale mais évolutive qui justifie l’existence même de la matrice. Le second représente l’âme humaine dans toute sa complexité, entre le désir de connaître la triste vérité et le refus de celle-ci, mais surtout dans son rejet du mysticisme de ce fanatique de Morpheus, sa non-acceptation de la prévalence d’un seul sur l’ensemble (Neo dépassé par les attentes des autres et Trinity, bien trop en adoration devant lui pour pouvoir prendre du recul). Bref, Cypher est le personnage humain au sens noble du terme, l’agent Smith est le méchant charismatique par excellence, et le reste du casting n’existe que pour mettre en valeur ces deux êtres – ce qui fait de Matrix un film qui sort des sentiers battus et qui mérite absolument d’être vu.
Publié le 17 Août 2010
Cypher
Cypher, donc.
Une histoire prenante d’espionnage industriel (**spoiler** en fait non) et d’agent double (**spoiler** voire triple) qui se plait à malmener aussi bien les certitudes (**spoiler** fausses à la base) du protagoniste principal que du spectateur. Bref, narrer davantage cette histoire de manipulation mentale et de super-espions serait gâcher le plaisir de la découverte d’un scénario aux multiples facettes. Il faut cependant savoir que tant sur le fond, la forme du métrage est l’anti- James Bond par excellence : austère, au rythme lancinant, le récit se veut réaliste… un peu trop à mon goût : il ne faut pas compter assister à une scène d’action spectaculaire ou découvrir les courbes aguichantes d’une femme fatale (tout juste peut-on apercevoir les jolies jambes de la toujours excellente Lucy Liu en kimono ultracourt…).
Il s’agit à mon sens d’un excellent film mais qui a le désavantage d’avoir une durée de vie très limitée car tout son intérêt réside dans l’intrigue et ses nombreux rebondissements ; un seul visionnage suffit, donc.
Ce que l’on ne ferait pas par amour ! serais-je tenté d’écrire pour clore ma critique.
Publié le 17 Août 2010
La Maison de Cire
Camarades fans de films d’horreur, cessons de vilipender pour de mauvaises raisons la charmante planche à pain qu’est Paris Hilton : cette icône du "white trash" est l’héritière d’une fortune colossale qui la met (elle et ses futurs descendants sur des dizaines de générations) à l’abri du besoin ; c’est pourquoi on peut supposer que si elle joue dans des films d’horreur et assimilés (Repo! the genetic opera, Petit massacre entre amis et présence dans un épisode de l’excellente série Supernatural), c’est parce qu’elle aime bien le genre. Si elle se ballade à moitié nue et se fait tuer de manière amusante et très graphique tout en écorchant une fois de plus son image dans La Maison de Cire, c’est parce que cela lui fait plaisir d’être dans ce film - et ce n’est certainement pas pour des raisons pécuniaires.
Bref, on peut lui reprocher d’avoir fabriqué des émissions de télé-réalité débilitantes à souhait, de tenir des propos involontairement provocateurs (même si je reste persuadé qu’il faut être génial pour créer quelque chose d’un aussi mauvais goût qu’une canette de Champagne ; à part la version gonflable du cri de Munch, cette invention absurde reste l’une de mes préférées… mais je m’égare), mais on ne peut lui en vouloir de figurer dans nos films préférés car elle semble bien plus à sa place dans ceux-ci (visiblement, elle les apprécie) qu’une actrice qui serait là à contrecœur pour de basses raisons financières. Et cerise sur le gâteau, la jolie Paris joue très bien les blondes décérébrées et victimes de tueurs en série (alors que l’auto-parodie n’est pas si aisée que cela).
Mais pour en revenir au film, je dirai qu’il s’agit d’une véritable réussite aussi bien d’un point de vue narratif (les enjeux des liens du sang sont très bien représentés) que visuel (un final d’une beauté graphique hallucinante) et olfactif (on parvient presque à sentir nous-mêmes le charnier à travers les personnages) avec une pléthore d’images renvoyant aux siamois (non pas les adorables félins, mais au problème prénatal) ainsi que d’excellents acteurs.
Une très bonne surprise.
Publié le 3 Août 2010
La Horde
Voilà un film que j'attendais de pied ferme - non sans a priori, il est vrai, mais un a priori positif (un film de zombis "made in chez nous" !). Et grande fut ma déception.
Au niveau du scénario, tout d'abord : écrit par Stéphane Moïssakis (critique à la dent dure du magazine Mad Movies), il se réduit au strict minimum : des flics viennent venger la mort de l'un des leurs mais, manque de bol, ils sont capturés par les voyous et... PAF ! (#taper dans ses mains#) les zombis ! On ne sait ni le pourquoi ni le comment de leur venue. Toujours est-il qu'ils arrivent, telle la cavalerie, au moment opportun pour désengorger la situation. (On ne saura d'ailleurs jamais la raison d'être de ces morts-vivants - même pas un plan final et génialement explicatif à la "Une nuit en enfer".)
Les personnages, maintenant : entre des flics & des racailles, il est particulièrement difficile de s'attacher à l'un d'eux. Le seul personnage intéressant est à mon sens le vieux à la hache, un ancien combattant d'Indochine à moitié cinglé et qui parvient aussi bien à faire rire (le manouche !) qu'à faire froid dans le dos. Sinon, on retrouve à peu près tous les archétypes du genre : le bad guy devenu héroïque, le jeune frangin rebelle, la jeune femme devenue nihiliste pour protéger son enfant à naître, etc. Le tout étant peu avare en grossièretés, en insultes, en phrases toutes faites qui finissent par être très lourdes - voire embarrassantes à terme. A noter aussi la bêtise des personnages qui persistent à gaspiller leurs munitions (quoique leurs armes possèdent des chargeurs presque illimités) dans le tronc des zombis plutôt que de leur tirer dans la tête, alors même qu'ils découvrent leur point faible très tôt dans le film.
Pour finir en douceur, les points positifs du métrage : les effets spéciaux, très réussis, et la violence outrancière sont autant de bons points de "la Horde". Quelques passages bien glauques, comme la scène de la "jolie" zombie et de la tête coupée, relèvent le niveau du film. Enfin, la toute fin qui, bien que prévisible, est tout à fait dans le ton de ce genre de film.
Toujours est-il que, malgré de bonnes idées de mises en scène (mais surtout la bonne idée de faire un film de zombis français), le métrage reste très moyen avec sa cohorte (sa horde ?) de clichés, son scénario bancal (pour ne pas dire inexistant), ses personnages caricaturaux et antipathiques, ses dialogues indigents, ses incohérences innombrables, etc.
Publié le 22 Juillet 2010
Vengeance diabolique - Les Démons du Passé
Vu pour la première fois dans "les Jeudis de l’angoisse" à la belle époque de M6 (c’est-à-dire avant la TV réalité et autres émissions de télé crochet), Vengeance diabolique (titré alors Les Démons du passé) m’avait laissé un souvenir agréable.
L’histoire est adaptée d’une nouvelle de Stephen King qui relate le retour d’un natif de la région, devenu prof, après un exil dû à une tragédie : en effet, plusieurs années auparavant, il avait assisté au meurtre de son frère aîné par une bande de "blousons noirs" qui trouvèrent eux-mêmes la mort dans un accident ferroviaire. Le prof prend donc ses fonctions dans un lycée où des élèves vont disparaître, remplacés par des individus sinistres (tous transférés de Milford) dont les visages ne lui sont pas inconnus...
Le scénario colle très bien à celui inventé par le célèbre écrivain ; seule la fin diffère - au profit de la version filmique : là où Stephen King se perd (comme d’hab’, oserai-je ajouter) dans le mysticisme le plus total (pacte avec des forces obscures, exorcisme, etc.), le métrage préfère une fin plus hollywoodienne, certes, mais aussi beaucoup plus efficace.
L’intrigue se suit donc avec intérêt, et on a plaisir à voir mourir la fayotte de service, la grosse brute sportive et décérébrée (les meurtres sont hélas plus suggérés que montrés) et voir le prof subir la torture psychologique de ses démons du passé. Bref, un film dédié à tous ceux qui ont des griefs contre les enseignants et les rebus de la scolarité.
Publié le 16 Juin 2010
Le Livre d'Eli
Dans un univers ravagé, on assiste au voyage d’un homme qui pense être guidé par dieu pour apporter la dernière bible de l’humanité à l’ultime bastion de la civilisation. Il traverse une ville dirigée d’une main de fer par un homme qui veut s’approprier cet ouvrage dogmatique pour vérifier l’adage selon lequel "la religion est l’opium du peuple" ; il souhaite donc obtenir la bible et utiliser la force théologique de ses textes pour asservir l’esprit du peuple.
Le scénario est donc plutôt efficace, l’univers post-apocalyptique est parfaitement bien rendu (l’image est tout bonnement sublime), les acteurs sont excellents (Gary Oldman en tête, avec un rôle de méchant charismatique ; un Denzel Washington très bon aussi dans son rôle d’Eli), les combats sont épiques et bénéficient d’une chorégraphie soignée… Juste un détail gênant : la crosse du fusil porté dans le dos devrait pointer vers l’arrière et non vers l’avant pour une prise en main immédiate en cas de nécessité de dégainer très vite.
Bref, tout ou presque semble parfait, et le film mériterait sur la forme un bon 10/10. Le fond, en revanche, vaudrait une note négative tant il est douteux : au lieu de profiter de l’holocauste solaire pour se débarrasser du poison de la religion, Eli va s’évertuer à préserver les écrits bibliques pour les faire figurer parmi les encyclopédies et les œuvres philosophiques (alors même que les survivants de l’apocalypse avaient eu la bonne idée de les brûler car ils leur imputaient la responsabilité des guerres ayant conduit à la fin du monde et de polluer la civilisation). Je ne suis pas contre l’idée de faire d’un fanatique religieux le personnage principal d’un récit ; mais de présenter sa quête sous un angle positif et salutaire me semble plus que contestable.
Un dernier point qui rend cet individu particulièrement antipathique à mes yeux : sa fâcheuse tendance à maltraiter les chats. Pour conclure, je dirai que Le livre d’Eli est un film totalement réussi sur le plan visuel, mais qui véhicule un message nauséabond (comme dans Les fils de l’homme).
Publié le 9 Juin 2010
Hannibal Lecter: les origines du mal
Le début très prometteur du film, qui situe l’enfance d’Hannibal Lecter dans un pays de l’Est durant la seconde Guerre Mondiale, laissait envisager le meilleur. En effet, une bande d’aspirants nazis, poussée par la faim et l’avancée des Soviets, se retranche dans la maison occupée par Hannibal et sa sœur fraîchement orphelins. Une meute de loups entrant dans la bergerie, en quelque sorte… L’horreur suscitée par le cannibalisme est particulièrement bien rendue, et l’on assiste aux prémices de la folie du futur génie du crime.
Puis le métrage se centre sur Hannibal en jeune homme, qui n’a de cesse de vouloir se venger des bourreaux de sa sœur – et l’histoire bascule dans la facilité et la médiocrité. L’intrigue est peu palpitante car terriblement convenue. Tous les personnages sont caricaturaux à l’extrême (à l’exception de la magnifique Gong Li, touchante en femme indépendante) : les victimes du fameux cannibale sont des types plus vils et brutaux les uns que les autres, Hannibal est super fort (bien que, pour un véritable génie, il commet énormément d’erreurs qui auraient dû aisément le conduire à l’échafaud). Le cabotinage excessif et le rictus outrageusement machiavélique arboré par l’acteur jouant ce rôle (Gaspard Hulliel) présente le personnage comme un individu sarcastique et vicieux – très loin de l’image de dandy, d’esthète et de fin gourmet des romans de Thomas Harris qu’Anthony Hopkins avait si admirablement retranscrit à l’écran dans Le Silence des Agneaux & Hannibal. Le charisme et le raffinement du cannibale le plus connu laissent ainsi place dans Hannibal rising à une âme égarée, poussée seulement par une soif de vengeance.
Avoir si violemment écorché l’image d’un personnage aussi culte qu’Hannibal Lecter me donne à mon tour des envies de meurtre et de cannibalisme (avec des maux de ventre en perspective).
Publié le 3 Février 2010
Inglourious Basterds
Les "bâtards sans gloire" du titre portent bien leur nom : non contents d'amalgamer les soldats de la Wehrmacht et les nazis, ils tuent des ennemis infiniment plus dignes qu'eux (cf. le gradé allemand exécuté à la batte de base-ball), torturent une femme, en éliminent d'autres... Je veux bien admettre qu'il s'agit du principe, il reste cependant difficile de s'identifier à ce genre de personnages ; d’ailleurs, le rôle le plus charismatique est sans conteste celui de l'officier SS (Chistoph Waltz est tout simplement génial) qui traque les juifs. C’est, à n’en pas douter, un parti pris audacieux de Tarantino – ce qui est tout à son honneur. Toujours est-il qu'il est difficile d'éprouver de l'empathie envers la plupart des héros du métrage, et il est alors parfois délicat de rentrer dans l'histoire. Fidèle à lui-même, Tarantino nous offre de très nombreux et très (trop) longs dialogues ainsi qu'une mise en scène recherchée. Le réalisateur aime les acteurs et sait exploiter (au sens noble du terme) tout leur potentiel (mention spéciale pour la sublime Diane Kruger en actrice des années 30-40). Du coup, certaines scènes de mise en situation durent une éternité au détriment des scènes d’action qu’une bande-annonce mettait astucieusement en valeur. Pour le spectateur qui n’est pas fan du réalisateur, il en ressort alors un sentiment mitigé – quoique plutôt positif – de ce film qui porte indiscutablement la griffe de Quentin Tarantino.
Je conseille d'ailleurs la lecture de la très intéressante critique de Killafornia.
Publié le 11 Janvier 2010
La Jeune Fille de l'Eau
Du début à la fin (j'espérais un ultime rebondissement - en vain) de La jeune fille de l'eau, je n'ai eu de cesse de me demander comment le réalisateur de Sixième Sens et d'Incassable avait pu accoucher d'une telle nullité. Je m'explique : il ne se passe presque rien dans ce film. L'"histoire" se centre sur le personnage du concierge d'un immeuble qui va tout faire pour aider la fameuse jeune fille de l'eau à retourner chez elle. Il est très difficile d'adhérer à ce qui ressemble au parcours initiatique du héros, fait de recherche de bribes de mythologie et de sens à sa vie ; en revanche, ce n'est pas du tout le cas des autres personnages, qui acceptent sans rechigner les explications abracadabrantesques servies par le héros. Même sans être un cynique invétéré, la crédibilité laisse ainsi beaucoup à désirer.
À noter la présence de Night Shyamalan himself dans le rôle pompeux d'un écrivain tête à claques destiné à œuvrer pour le bien de l'Humanité. Le cinéaste en profite d'ailleurs pour régler ses comptes avec ses détracteurs en faisant exécuter un critique de cinéma (rendu antipathique au préalable) par la créature du film. Celle-ci serait d'ailleurs le seul point positif du métrage (son apparence de loup végétal est assez réussie), mais le reste est tellement mauvais, qu'à mes yeux, il mériterait une note négative.
Pour finir, je dirai que le film est l'un des plus ennuyeux qu'il m'ait été donné de voir, et qu'il m'a tout le temps fallu lutter contre le sommeil. Ce ne sont pas les jolies jambes de l'actrice principale (la générosité de Shyamalan s'arrête là) qui m'ont aidé à rester éveillé, mais l'espoir d'un avenir meilleur (comme dans le film, mais pas dans sa réalité).
Publié le 22 Décembre 2009
Les Faucheurs
La première demi-heure des Faucheurs laisse présager un film d'horreur innovant et d'une qualité bien supérieure à la moyenne des productions du même genre : une ambiance délétère du plus bel effet plane sur le métrage qui distille une bonne dose de suspense. "Puis c'est le drame" : le métrage bascule dans le film d'horreur bas de gamme pour adolescents boutonneux avec son histoire d'amour mièvre, sa cohorte de bons sentiments, son personnage principal (au départ intéressant) qui se transforme en héros à la fadeur écoeurante, ses "méchants" stéréotypés, etc. Il faut voir la dégaine du Faucheur "gentil" pour se donner une idée de l'ampleur des dégâts : des grands yeux et de longs cheveux blonds bien peignés (!!!) afin de ne pas le confondre avec les méchants entièrement dans des nuances de gris foncé et aux cheveux hirsutes.
Que s'est-il donc passé pour qu'il y ait un tel retournement de situation ? Je me le demande encore. Peut-être doit-on déplorer le décès du scénariste ou du réalisateur en cours de route ? A moins que ce ne soit un sale coup du producteur ? Le mystère reste entier. Toujours est-il qu'il s'agit d'un terrible gâchis.
Le film aurait peut-être mérité une note un peu plus élevée par égard à son début prometteur ; mais la suite est tellement débilitante qu'elle vaut une note négative.
Publié le 10 Août 2009
Ghosts of Mars
Au-delà de la réalisation toujours "pêchue" et soignée de big John, on assiste à un excellent film d'action et de SF mâtinée de fantastique (les fantômes du titre) - voire d'heroic-fantasy (l'équipement et les moeurs de type féodal des fantômes enclins à la possession de corps humains). Les acteurs ne sont pas mauvais (avec une mention particulière pour la ravissante Natasha Henstridge & Jason Statham) ; même ce gros lourd d'Ice Cube n'est pas mauvais dans son rôle... de grosse brute.
Certes, en matière d'action, le film ne se distingue pas vraiment des très bonnes productions du même genre. En revanche, sur le fond, il se place très largement en tête : l'originalité du contexte (une société matriarcale), la moralité toute relative de sa superbe héroïne, le saphisme affiché de sa supérieure hiérarchique, la drogue montrée comme salvatrice (c'est grâce à la drogue qu'un personnage se libère de sa possession par un esprit), le look SM des possédés, ... tout cela contribue à faire du métrage une oeuvre unique, sans aucun manichéisme, dont John Carpenter n'a absolument pas à rougir. A quand la suite ?
Publié le 5 Juin 2009