Captivity
Captivity c'est un peu l'archétype du film bassement commercial qui tente de profiter d'une mode initiée ou relancée par le succès d'un autre film, en tentant de le copier du mieux qu'il peut. Les années 90 avaient connu la vague des Néo-slashers, les années 2000 seront marquées par les films de torture à la Saw.
Car combien d'ersatz n'avons-nous pas vu débouler suite au succès du métrage de James Wan? Les Hostel, Torture ou encore toutes les suites de Saw pour ne citer que ceux-là, tous n'ont jamais fait que suivre le mouvement de la souffrance graphique poussée à son maximum. Celà va encore plus loin dans le cas de Captivity puisqu'après une première sortie sur le territoire russe, des scènes plus gores seront tournées afin de rendre le film plus violent. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que celà se voit...
Bonjour Jennifer. On va jouer à un jeu...
Faisant la couverture des magazines et arborant les affiches de mode, Jennifer Tree disparaît du jour au lendemain sans laisser de trace. Elle-même ne sait pas où elle se trouve puisqu´elle se réveille dans une pièce sans issue et sous la surveillance d´un mystérieux individu qui prend un malin plaisir à lui diffuser des vidéos de torture faites maison...
Plutôt mal barrée la demoiselle...
Le film commence plutôt bien avec une scène relativement gore dans laquelle une victime est torturée mais d'emblée le film nous rappelle inévitablement Saw, le coté épileptique de la réalisation en moins. Une victime attachée sur un lit et masquée par des bandes de plâtre subit une étrange opération qui consiste à remplacer son sang par un liquide non-identifié. Pourquoi? On ne le saura jamais car comme la plupart des scènes de torture présentes dans Captivity, elle ne sera absolument jamais justifiée.
Passée cette introduction, on nous présente la jolie Jennifer, mannequin de son état, qui ne supporte plus sa vie. En parallèle, on la découvre aux travers des yeux d'un fan déséquilibré qui fait peser sur elle une menace invisible jusqu'à ce que l'inévitable se produise. Jennifer est donc enlevée et se réveille dans une pièce sombre, à la merci du maniaque. Et à cet instant, on se dit que la jeune femme va en baver puisque le film nous est vendu comme un torture-porn (terme actuellement très à la mode chez les journalistes).
Mais en fait non, car la torture que va subir Jennifer est essentiellement psychologique et très peu physique. La surprise est agréable car le scénario se révèle un peu plus fin que ce que l'on avait espéré au départ et se laisse suivre sans ennui malgré que de grosses lacunes viennent un peu gâcher la fête comme nous allons le voir par après. Tout cela pour nous mener jusqu'à un twist très prévisible mais tout de même sympathique.
Gary, un sauveur bien inquiétant...
Mais d'où vient le gore alors? Et bien essentiellement de flash-backs d'anciennes victimes du maniaque qui s'intègrent assez mal à l'histoire. En effet, cette dernière se suffisait à elle-même et n'avait pas franchement besoin de ces ajouts sanglants totalement gratuits. La mise en image de Roland Joffé est heureusement assez réussie mais cela ne suffit pas pour détourner l'attention du spectateur d'un scénario parfois peu cohérent et prévisible. En effet, le fait que l'on voie venir le fameux twist longtemps à l'avance nuit un peu au film malgré la relative originalité de celui-ci. On aurait préféré quelque chose de plus surprenant au lieu d'un twist convenu, ou en tout cas une fin moins facile à déviner.
De plus, le scénario laisse de coté certains éléments et oublie de donner quelques explications importantes au spectateur. Je ne sais pas si c'est dû au remontage partiel du film et si la première version ne contenait pas ces trous béants mais actuellement, l'ensemble est un poil frustrant. Ainsi, le chien de Jennifer auquelle elle est très attachée disparaîtra purement et simplement du film après une scène assez sanglante et très Saw dans l'esprit car faisant apparaître un dilemme dans l'esprit de la victime.
Dans le même ordre d'idée, quelques explications supplémentaires sur les motivations du maniaque n'auraient pas été de trop parce que pour le coup, on a du mal à bien saisir ce qui le pousse à agir ainsi. C'est un psychopathe me direz-vous. D'accord, et ensuite? Ben...
Dis, et si on jouait aux flics inutiles?
Ce manque de clarté porte le coup final à l'intérêt du film qui apparaît après coup comme totalement inutile et gratuit. C'est d'autant plus dommage que les deux acteurs principaux sont plutôt bons (Elisha Cuthbert, la fille insupportable de Jack Bauer dans 24h Chrono et Daniel Gillies, fils de Jonah Jameson dans Spider-man 2) et que la réalisation de Roland Joffé est plus que correcte.
Je serais curieux de voir la version première du film, celle qui avait été distribuée avant que les producteurs ne la gonflent de scènes gores inutiles parce qu'en l'état actuel des choses Captivity n'est qu'un petit film de torture bancal mais qui contient quelques bons moments, traces résiduelles de l'autre film qu'il aurait dû être.
Un film de Roland Joffé
Avec : Elisha Cuthbert, Daniel Gillies, Pruitt Taylor Vince, Laz Alonso