Maniac

Le film est construit autour du tueur. Tous les autres personnages sont secondaires et bien souvent éphémères dans cette histoire morbide. Ce qui fait donc la réussite de Maniac, c’est avant tout le troublant Joe Spinell. Cet acteur a une carrure et un visage inoubliables. Il sait aussi bien dégager de l’humanité, des sentiments enfantins ou de l’amour, que terrifier avec son regard vicieux de tueur implacable.

Il y a 2 principales parties dans le film de William Lustig, et c’est ce que j’ai adoré. Passer de la contemplation du tueur dans ses actes les plus horribles à une vision de son esprit est une idée géniale. A partir du moment où le maniaque pleure sur la tombe de sa mère, tout dérape. La porte est ouverte à tous les délires. La réussite est totale !

Même si j’ai vraiment aimé Maniac, je mets seulement 9/10. En effet, l’amateurisme des actrices m’a souvent empêché de me plonger pleinement dans l’ambiance malsaine. Par exemple, la scène d’étranglement au début est merveilleusement bien jouée par Spinell. Malheureusement, l’actrice « étranglée » fait n’importe quoi. Dommage.

Pour ma part, "Maniac" ne l'est définitivement pas. Là où un "Massacre à la tronçonneuse" ou un "Exorciste" parvient encore à nous arracher quelques frissons même après plusieurs visions, le film de W. Lustig n'y arrive pas. Le film part pourtant d'un postulat qui aurait pu amener son lot de terreur, mais jamais une réelle peur ne se fera sentir. Qu'en est-il alors du "malaise" décrit dans certaines critiques ? Eh bien pour moi, il n'y est également pas. Certes, les rues ne semblent pas des plus rassurantes et le comportement du personnage principal est également étrange, mais rien n'amène un sentiment d'oppression. Là encore le film rate le coche.

Est-ce pour autant un mauvais film ? Eh bien, non. Car malgré des défauts causés principalement par l'âge du film sur la façon d'amener l'angoisse, ce qui fait que le film peut sembler long malgré sa courte durée, il regorge d'énormément de qualité.

La première a été citée maintes fois : Joe Spinell. Le parti prit de partager le point de vue du psycopathe est des plus intéressant, d'autant que ce dernier est extrêmement bien joué. On peut ressentir la peine du personnage, même si on nous donne très peu de concret à son sujet. On peut tout au plus tenter de deviner ce qu'il s'est produit dans sa vie pour le mener là (mère abusive, mauvaise image de la femme), mais rien n'est clairement établi. Le comédien parvient à trouver le ton, même si certains bruits peuvent devenir légèrement ridicules, je pense à cette façon de grogner. Du bon boulot donc à ce niveau.

Pour le second point fort, on peut remercier Tom Savini pour son excellent (encore une fois, le monsieur est décidément très bon) travail sur les effets spéciaux. Pour un film des années 80, c'est franchement très bon et saignant, ce que j'attendais beaucoup. A ce niveau, je ne suis absolument pas déçu. Le film enchaîne les meurtres et ils sont plutôt réussis. Dommage cependant que la brutalité ne continuent pas à monter crescendo. On peut par exemple rester déçu sur l'avant-dernier meurtre après un magnifique double assassinat (ceux qui auront vu le film sauront de quoi je parle).

La musique est par contre plus irrégulière. Elle manque à certains passages, est très bonne à d'autres et parfois totalement hors sujet, dommage car le thème est plutôt agréable, faisant bien ressortir la personnalité du tueur.

En bref, un bon film, saignant, mais dont les quelques longueurs et le manque de terreur réelle pourraient en rebuter plus d'un. Un bon film, oui. Culte, non, pas pour moi.