Zoo
Une adaptation libre du roman de James Patterson et de Michael Ledwige qui étonne dans son développement et sa manière d’appréhender le survival animalier avec une intrigue plausible et passionnante ; quitte à s’éloigner du matériau de base pour mieux coller aux exigences narratives et visuelles du petit écran. Une série immersive.
Les attaques animales font la joie (et aussi la tristesse) du survival animalier. Un genre qui connaît bien des déconvenues depuis son émergence. Si certaines références sont adaptées de romans (Peter Benchley pour Les dents de la mer), le lien entre les deux supports culturels est plus que ténu, voire inexistant. Pourtant, James Patterson et Michael Ledwige s’approprient le concept avec Zoo, un ouvrage paru en 2012. Sa particularité? Ne pas se cantonner à une espèce de prédateur, mais au monde animal dans sa globalité. Il en résultait un thriller d’anticipation qui fleurait bon l’apocalypse. Cette approche singulière est dorénavant transposée sur le petit écran.
Le safari n'est plus ce qu'il était !
Il est toujours délicat d’adapter un livre pour le cinéma ou la télévision. Preuve en est avec la débâcle que fut Dôme dans ces deux dernières saisons. En ce sens, il demeure la question de rester fidèle ou non à l’œuvre. Zoo s’appuie sur la trame originelle et reprend les principaux intervenants. En dehors de cela et avec l’accord des auteurs, la série se permet d’ajouter des protagonistes (par exemple, Mitch Morgan interprété par Billy Burke), des événements ou de s’attarder sur certains pans du récit original. La structure de ce dernier aidant à fournir un matériau malléable au scénariste pour étirer l’histoire sans lasser ou paraître redondant aux yeux des spectateurs.
Preuve en est avec une entame mordante dans tous les sens du terme. L’intrigue ne se perd pas en tergiversations et, gros point fort pour raviver l’intérêt auprès du survival animalier, elle n’est guère cousue de fils blancs. En jouant la carte du suspense (le roman peut être vu comme un thriller apocalyptique), l’idée initiale prend de plus en plus d’ampleurs au gré des épisodes. Les propos scientifiques et particulièrement ce qui a trait à la biologie se montrent plausibles. Les justifications et les hypothèses d’un tel phénomène (à savoir, les animaux considèrent l’homme comme un ennemi commun) sont réalistes et très bien développées.
Quand on vous dit de fermer les portes derrière vous !
Ce qui amène les personnages à parcourir le globe. Outre une narration énergique, la variété des environnements permet de se confronter à divers périls dans des cadres tout aussi différents. Comme cité un peu plus haut, on ne se limite pas aux habituels prédateurs comme les requins, les lions et consorts. Ici, même un simple chat ou un cheval peut devenir dangereux. Et ce développement paranoïaque, presque constant, d’une menace omnipotente concoure à faire de Zoo une réussite en la matière. On a l’impression qu’une volonté commune se dissimule derrière chaque espèce, chaque animal. De fait, la sensation qu’ils soient conscients et déterminés leur confèrent une présence plus angoissante.
En ce sens, l’intrigue est plus intelligente qu’il n’y paraît et s’éloigne bien rapidement des carcans linéaires auxquels nous a habitués le genre, même dans ses meilleures heures. De plus, les péripéties annexes et autres histoires secondaires s’implantent de manière naturelle. Elles ne sont pas là pour combler quelques carences narratives malvenues, mais pour jouer son rôle de complément afin d’épaissir les caractères de certains personnages ou offrir un point de vue différent sur les événements. C’est bien simple, on prend plaisir à suivre chaque épisode, comme s’il s’agissait du premier que l’on découvrait, et ce, malgré une progression déjà bien amorcée. Chose assez rare pour le souligner.
Plus d'herbes à chat ? Pensez à l'arbre à chat !
Au final, Zoo se révèle une adaptation nuancée qui s’éloigne sensiblement de son modèle littéraire et du survival animalier pour gagner sa propre identité. Il est vrai que les nombreuses différences avec le livre peuvent rebuter les puristes. Pour autant, cette largesse s’impose comme une complémentarité. Au lieu de copier bêtement ce qui est posé sur le papier, on a droit à une relecture intéressante qui, sans dénaturer l’œuvre de base, permet de se faire une idée plus précise de certains faits notables. On saluera également une excellente atmosphère paranoïaque où le sentiment d’insécurité prévaut. Pour ne rien gâcher, les attaques animales demeurent réalistes et nous épargnent d’immondes trucages pixellisés. Une série originale et bien construite.
Saison 2 : 4/10
Un film de Michael Katleman, David Solomon, Brad Anderson
Avec : James Wolk, Kristen Connolly, Nonso Anozie, Billy Burke