Killer Mountain - Les Roches Maudites
Au vu de sa filmographie, Sheldon Wilson apprécie particulièrement le survival animalier, comme le démontre Kaw ou Carny. Des métrages modestes, perfectibles par leur moyen, qui réussissent néanmoins à se distinguer de la masse putride des DTV et autres ignominies inhérentes au genre. À l’évocation du réalisateur, on s’attend donc à un traitement relativement honnête compte tenu du faible crédit accordé aux productions SyFy et consorts. Si le cadre (le Bhoutan) et le sujet pouvaient se prêter aux exactions d’un yéti mal luné, il n’en est rien. L’histoire s’attardera sur des créatures que ne renieraient pas certains cryptozoologues.
Tout là haut, au pied de la montagne...
Avant de pouvoir s’y confronter, l’approche est relativement étonnante dans le sens où le metteur en scène soigne son entrée. Le déroulement n’est certes guère surprenant. Cependant, il a le mérite de poser les bases d’un rythme timoré, prompt à jouer sur la présence invisible des monstres. Les appels radio, le camp de base dévasté, ainsi que des vidéos de qualité médiocre récupérées sur place... Ces éléments concourent à instaurer un minimum d’ambiance dans l’histoire. Chose assez rare, pour ne pas dire inespérée, en de telles circonstances. Autre point sur lequel se distingue Killer Mountain, l’absence de second degré et d’humour en dessous de la ceinture.
Là encore,on se trouve à contre-courant des intentions fomentées par quelques tâcherons, comme si la dérision du genre justifiait le manque de talents et d’intérêt. On sent une réalisation appliquée, à tout le moins un respect évident, pour développer les ficelles du survival animalier. Le fait de jouer sur la survie en milieu hostile, a fortiori dans des conditions climatiques extrêmes, a le mérite d’offrir un traitement différent. Celui-ci se base davantage sur les dangers naturels plutôt que sur les monstres. Élément qui surviendra bien plus tard. Il est vrai qu’on n’évite pas certaines incohérences, notamment ce qui a trait au matériel et aux tenues des protagonistes. Des maladresses assez grossières.
Il vaut mieux jouer la carte de l'infilitration
Tout semble indiquer que l’on se trouve en présence d’un survival animalier décent. La réalisation est plus que correcte. Le cadre est exploité avec rigueur. Dans leur ensemble, les dialogues ne sont pas d’une bêtise effarante. Rien d’exceptionnel, mais en aucun cas catastrophique. Malheureusement, les choses se gâtent lorsqu’on affronte de visu lesdites créatures qui auraient mieux fait de rester dans l’ombre. En cause, des trucages abominables qui anéantissent les efforts consentis jusqu’alors. Évoquant un mélange de lézard et de ver, le design n’est guère inspiré, mais pire que cela, les animations sont aussi rigides qu’une cordée gelée perdue dans la montagne.
La dernière demi-heure rattrape inexorablement l’absence d’absurdités propres au genre. On entraîne l’expédition dans une quête pseudo-mystique en y incorporant quelques légendes locales et des intentions sous-jacentes pour le moins discutables. Non satisfaits de manquer de crédibilité, les aboutissants tiennent à saboter les quelques aspects notables de l’intrigue. Exécutions sommaires, comportements contradictoires et raccourcis géographiques improbables égrènent leur poison pour mieux paralyser les modestes qualités constatées précédemment. Au même titre qu’un épilogue précipité et ridicule, la dernière demi-heure sombre dans une stupidité toute pénible à contempler.
Alors, on reste sur sa faim ?
Au final, Killer Mountain aurait pu être une distraction relativement sympathique. L’absence d’humour bas du front et le soin apporté à la progression pour présenter un minimum de cohérences à l’ensemble sont assez rares dans le genre. On ne parlera pas de réalisme exacerbé, mais la démarche est néanmoins présente pour tenter de fournir un métrage correct. Entreprise à moitié réussie s’il n’y avait pas cette dernière ligne droite qui s’égare dans le blizzard. Outre des créatures complètement ratées, le dénouement semble avoir été tourné avec les yeux bandés pour obtenir un travail aussi discordant. Au lieu de confirmer un traitement convenable du survival animalier, une production médiocre achevée à la va-vite.
Un film de Sheldon Wilson
Avec : Paul Campbell, Emmanuelle Vaugier, Torrance Coombs, Aaron Douglas