Sharknado
Asylum est intarissable quand il s’agit de concilier la connerie inhérente à l’humanité et le survival animalier; particulièrement dans le domaine aquatique avec les requins. La firme décérébrée nous offre depuis quelques années les pires étrons du septième art en concurrence directe avec SyFy. Alors que la saga Mega Shark continue de faire des ravages, que les bestioles hybrides pullulent dans nos écrans plats, Anthony C. Ferrante (responsable des pathétiques Headless horseman et Terror hospital) décide de mélanger les genres pour notre plus grand plus malheur. Vous pensiez avoir tout vu en matière de débilités nanardesques?
Echauffement avant l'instant bronzette...
Imaginez la rencontre du survival animalier et du film catastrophe. À l’instar de Bait, certains métrages se servent d’une tempête ou d’un tsunami comme prétexte à leur intrigue. Or, Sharknado concilie les deux genres de telle manière à en retirer le pire et laisser de côté ce qui aurait pu, à la rigueur, en faire un objet cinématographique non identifié, à tout le moins une curiosité sans complexe. Mais tenter d’en extirper une microscopique parcelle d’intérêt à pareille débandade, c’est penser qu’il existe une histoire derrière cette chose. Bien sûr, un scénariste est présent pour aligner les mots (Thunder Levin, ça ne s’invente pas), mais il s’est certainement attelé à la tâche en fermant les yeux, ligoté sur sa chaise, les mains dans le dos.
N’essayez pas de comprendre. Les différentes séquences sont à peine cohérentes entre elles. Entre une introduction navrante, une première partie pénible et une seconde moitié qui finit d’achever vos neurones, Sharknado est un ramassis d’images mal foutu et indigeste de surcroît. Là encore, on pioche (piller serait un terme plus approprié) des idées maintes fois vues et revues pour les jeter à la face du spectateur, comme une bonne vieille claque. Seul aspect positif, on ne s’ennuie pas vraiment. Le rythme étant assez soutenu et néanmoins décousu, le film ne paraît pas d’une longueur insurmontable. Si tant est que l’on soit adepte de pareilles idioties.
Nouvelle technique pour la pêche au gros
On se fiche pas mal d’un quelconque réalisme ou du ridicule de la chose. L’intérêt réside principalement dans le carnage orchestré par nos chers amis les squales. Si l’on dénote plusieurs espèces à l’écran, aucune ne bénéficie d’un rendu potable. Incrustation foireuse, animations sommaires et rigides, sans oublier un aspect général bâclé, chaque requin a fait l’objet d’un travail aussi mauvais que pathétique à contempler. Il ne faut pas espérer des apéritifs plus ragoûtants. Grâce à des plans éclair, des cris bien placés et deux ou trois gouttes de sang pixélisées, on contente le quidam peu exigeant tout en poursuivant la folle aventure qu’est Sharknado.
Pour donner le change (et alimenter l’estomac des squales), Asylum s’est octroyé les services d’acteurs au rabais ou à la carrière brinquebalante, peut-être même les deux à la fois. Pas de grandes surprises à l’horizon au vu de leur piètre performance. On nous inflige des caricatures mal dégrossies qui n’ont d’autres motivations que de déambuler dans les rues de Los Angeles sans trop savoir quoi faire; hormis crier «Aux requins!». Des répliques cinglantes à l’humour douteux en passant par des expressions amorphes, Ian Ziering et consorts paraissent encore plus artificiels et ridicules que leurs homologues aquatiques.
On peut aussi approfondir le sujet de plus près aussi...
Non satisfait de décrédibiliser des genres entiers avec des mockbusters immondes, Asylum signe un hybride du survival animalier et du film catastrophe abominable. Le «réalisateur» possède un cahier des charges rigoureux lorsqu’il faut saborder son propre film. Avec Sharknado, on obtient des requins adeptes des envolées lyriques (en tornade, de préférence), des acteurs qui rivalisent de crétinerie et d’un scénario aussi nul que débile. Finalement, choisir une production Asylum, c’est l’assurance d’une plongée en eaux troubles à proximité des berges de la bêtise humaine. On aime ou pas, mais force est de reconnaître qu’ils persévèrent et sont passés maîtres en la matière.
Un film de Anthony C. Ferrante
Avec : Tara Reid, John Heard, Cassie Scerbo, Ian Ziering