Secret Santa
Depuis l’inégale saga Douce nuit, sanglante nuit, le slasher et la période de Noël entretiennent des liens particuliers. Le genre a donné lieu à quelques sympathiques itérations, notamment Black Christmas et son remake ou Very Bad Santa. Par ailleurs, ce dernier montre qu’il est possible d’avoir un traitement décalé et décomplexé pour atténuer la violence graphique au profit du divertissement de circonstances. Mais en marge de ces productions, on a droit à pléthores d’étrons qui, malgré leur faible durée, ne constituent qu’une effroyable perte de temps où l’intrigue s’affuble d’une vacuité sans fond. On songe à Christmas Evil et All Through the House.
Ok, pour les grimaces, elle est imbattable.
L’approche est donc à double tranchant pour toute production suffisamment téméraire pour s’aventurer dans un tel projet. Là où d’autres métrages tentent tant bien que mal de dissimuler leur budget famélique, Secret Santa l’assume parfaitement. Et pour cela, le film de Mike McMurran se pare d’un style Grindhouse qui permet de rendre la bobine potable, du moins dans les intentions. Dans un contexte semblable, le procédé a été employé de manière convaincante pour A Cadaver Christmas. Pourtant, il ne suffit pas de passer des filtres sur l’image et de laisser croire à une mauvaise qualité de pellicules pour s’approprier l’esprit de ces productions.
Avec ses dialogues sans le moindre fond, Secret Santa demeure dans les affres du Z, sans jamais parvenir à susciter l’intérêt, ne serait-ce qu’à travers un plaisir coupable. Au-delà d’une réalisation fauchée, le scénario fait l’apologie du vide. Même si le spectacle est généreux dans les massacres perpétrés, on reproche souvent aux slashers de ne pas soigner leur entrée en matière ou leurs personnages. Or, le présent métrage se contente d’aligner les séquences pour ne rien dire. On suit le quotidien stérile des protagonistes avant leur réunion sans jamais susciter de tension ou avec pour ambition de développer une mise en condition progressive.
Un concombre ou un coeur à prendre ?
L’ennui est de rigueur et le verbiage se révèle pénible au possible. Même l’idée de base d’offrir des cadeaux de manière anonyme et de trouver l’objet de sa propre mort n’est jamais exploitée à sa juste valeur. Pour cause, il faut attendre l’ultime partie récit pour que le rythme s’emballe. Mais l’amateurisme ambiant se répercute aussi dans les assassinats. On use de procédés éculés, vues subjectives et angles choisis avec une certaine maladresse, pour suggérer la présence du tueur. Soit dit en passant, celui-ci possède le charisme d’une huître avariée sur une table de Noël. Outre sa carrure famélique, son «costume» se résume à des vêtements noirs et une cagoule rapiécée! Pour les crimes en question, on nous inflige une débauche surréaliste de cris et de sang qui agace au lieu d’interpeller.
Même les armes utilisées trahissent un manque d’inspiration omnipotent. Perceuse, poignard, trancheuse électrique... On se contente de les enfoncer dans la chair des trublions avec une rare indifférence. Afin de compléter le tableau, l’ensemble tente d’amuser la galerie avec un humour qui ne prend jamais. La nymphomane de service qui devient l’archétype de la survivante, les motivations du tueur, l’incongruité des situations ou encore les réactions des personnages. Absolument tout est sujet au ridicule, sans pour autant offrir une certaine légèreté à l’ambiance générale. Pour cela, il aurait également fallu mieux gérer le rythme et ne pas envelopper l’intrigue dans une lénifiante attente.
Le tueur au sèche-cheveux ! Fallait oser...
Au final, Secret Santa est un slasher complètement raté. L’aspect Grindhouse surfait se cantonne aux filtres permanents d’une bobine de basse qualité. Quant à la tonalité pseudo-comique, elle entérine l’initiative dans des considérations complètement stupides et absurdes. On ne peut même pas se tourner vers le massacre des invités de Noël puisque la majeure partie du film se résume à des conversations soporifiques sans fondement pour la suite des festivités. En ce qui concerne l’atmosphère propre à Noël, les cadeaux mystérieux sont inutiles et les décorations se contentent du minimum syndical. Difficile de faire quelque chose de potable avec un budget de 6 000$ canadiens. On aurait pu néanmoins escompter une distraction réalisée par des passionnés à défaut de contempler un amateurisme fauché d’une rare indigence.
Un film de Mike McMurran
Avec : Annette Wozniak, Geoff Almond, Keegan Chambers, Brent Baird