Scooby-doo
Adapter un dessin-animé représente un véritable challenge pour n’importe quel réalisateur. Et Scooby-doo ne déroge pas à la règle. Ce n’est pas la première fois qu’un dessin animé estampillée Hanna-Barbera connaît les honneurs d’une adaptation cinématographique. On se souviendra du très moyen The Flinstones (La Famille Pierreafeu, porté à l’écran par Brian Levant en 1994 et qui avait pourtant un casting alléchant : John Goodman, Elizabeth Perkins, Rick Moranis, Kyle MacLachlan et Halle Berry). On passera sous silence sa suite, The Flinstones in Viva Rock Vegas (toujours réalisé par Briant Levant, 2000), beaucoup moins drôle que le précédent opus (déjà pas très hilarant).
Scooby-doo, le dessin animé, était une excellente série où se mêlait humour et suspense à la quasi-perfection. Malgré des dessins souvent assez sommaires au niveau des décors et des personnages, on trépignait comme des fous à chaque épisode. Les personnages étaient attachants (le couple Sammy/Scooby-doo l’emportait haut la main) et les énigmes sympathiques même si elles ne brillaient pas toujours de par leur originalité. Qu’en est-il du film « live » ? Et bien le résultat est assez mitigé…
Commençons par les points positifs – peu nombreux malheureusement – du film de Raja Gosnell. Au niveau du casting, c’est plutôt réussi même si les ressemblances avec les personnages de la série s’arrêtent – malheureusement – à l’aspect physique de ces derniers. Cependant, dès les premières minutes du film, un acteur va tirer son épingle du jeu et ce, pour le reste du métrage : Matthew Lillard. De par son jeu volontairement surjoué, il compose un Sammy parfait. En ce qui concerne le reste de la distribution, ils méritent tous plus ou moins leurs cachets (sauf peut-être Freddie Prinze Jr. qui est parfois un peu énervant). Et le fameux Scooby-doo dans tout ça ? Relativement bien intégré aux images et aux décors, on aurait aimé qu’il soit un peu mieux réalisé. Mais sa « prestation » est assez conforme à celle de son homologue dans la série animée et l’on retrouve un Scooby-doo accroc aux Scooby-snacks et enchaînant gaffes sur gaffes avec son meilleur ami, Sammy…
Le film en lui-même n’est pas des plus divertissant. Le réalisateur s’attarde un peu trop sur les désaccords qui divisent le groupe tout au long du film pour aboutir à la fin à une réconciliation aussi inévitable que prévisible. C’est l’un des points faibles majeurs du film : la psychologie des personnages. La série se concentrait beaucoup plus sur les indices et sur les énigmes que sur les personnages. Oui mais voilà, un épisode durait environ 20 minutes et pour en faire un film d’1h30, il fallait bien « meubler ». Et c’est exactement ce qu’a fait Raja Gosnell. L’intrigue tient à peine debout, les quelques scènes d’action sont filmées par-dessus la jambe et les relations entre les personnages ne reflètent pas vraiment celles qui existaient dans la série (tous – sauf Sammy et Scooby-doo – sont sujets à des crises d’égocentrisme aiguës absurdes). Les décors sont beaux, colorés mais ne dépeignent pas de véritable "univers". Les passages sensées être drôles ne le sont pas vraiment et le seul passage qui est "marrant" est un duel de pets orchestré par Sammy et Scooby-doo. C’est plutôt maigre…
Un film loin d’être génial mais qui demeure « sympathique », pour peu que l’on ne soit pas trop regardant sur le scénario, les effets spéciaux et le jeu des acteurs (difficile, donc…). Mieux vaut donc se tourner vers la série et les nombreux long-métrages réalisés pour la vidéo…
Malgré la médiocrité du film, le carton qu’il a fait au box-office US (plus de 150 millions de dollars de recettes pour un budget de 84 millions) a conforté les producteurs dans l’idée de faire une suite. C’est aujourd’hui chose faite avec Scooby-doo 2 : Monsters Unleashed (Raja Gosnell, 2004) qui reçoit d’ailleurs des échos assez positifs dans la presse…
Un film de Raja Gosnell
Avec : Freddie Prinze Jr., Matthew Lillard, Sarah Michelle Gellar, Linda Cardellini