Cockneys Vs. Zombies
Alors qu'ils préparent un hold-up pour sauver la maison de retraite de leur grand-père, deux frères et une bande de loosers doivent faire face à une invasion de morts-vivants en plein Londres...
Deuxième long-métrage de Matthias Hoene, Cockneys vs Zombies joue dans la catégorie des films comico-horrifiques, plus particulièrement dans le domaine de la zombédie. Certes, le simple fait d'évoquer ce genre à part entière à tendance à nous faire dire : « Encore une fois ». Depuis Shaun of the dead, ce type de production s'est succédé à un rythme effréné, et ce, en nous offrant du (très) bon (Fido, Bienvenue à Zombieland...) et du tout moisi (Zombie strippers...). De fait, l'on est en droit de s'interroger sur l'existence du présent film. Qu'apporte-t-il au genre ? Un nouveau navet en perspective ?
Notre brochette de pieds nickelés.
Sur le papier, l'histoire n'est clairement pas novatrice. Le pitch de départ évoque Gangsters, guns & zombies. La comparaison n'est pas vraiment flatteuse et la ressemblance du scénario n'est pas faite pour nous rassurer. Dans les deux cas, un groupe de braqueurs de banques doit faire face à une invasion de morts-vivants. Simplistes au possible, les deux productions se démarquent très rapidement l'une de l’autre. Tandis que le premier sombre dans la nullité sans âme et sans sou (les deux ne sont pas forcément de connivence), Cockneys Vs zombies, lui, dispose d'un capital sympathie nettement plus aguicheur.
Pour en finir avec le principal défaut du film, le scénario n'a rien de surprenant. Les morts-vivants envahissent la planète et un groupe de survivants tentent de se frayer un chemin dans un Londres devenu hostile. C'est bête comme chou, revu maintes et maintes fois, mais l'intérêt n'est pas là. En effet, la mise en place décrit un panel de personnages aux caractères volontairement caricaturaux. Des loosers nés que l'on découvre par le biais de subreptices flash-back. L'astuce ne dure que quelques secondes et permet d'installer une ambiance décontractée, un brin folle, sans casser le rythme. Vingt minutes plus tard, les hostilités peuvent commencer.
Il est midi douze ! J'ai toujours faim à midi douze !
Le réalisateur marche sur des ½ufs (ou des crânes pourris) en sachant qu'il s'aventure en terrain surexploité. Pourtant, il s'en sort plutôt bien. La mécanique est bien huilée, et ce, grâce à un humour omniprésent. À aucun moment, le ton du film n'est à la lourdeur ou à la prétention. Matthias Hoene est bien conscient de ne rien offrir de nouveau, qui plus est avec un budget moindre. Alors, il se fait plaisir et contente le spectateur avec des répliques qui font mouche, ainsi que des séquences qui tournent parfois à l'imbroglio. Ce n'est pas d'une grande finesse, mais l'ensemble s'avère convaincant. On a droit à des situations cocasses bienvenues. Par exemple, l'assaut de la maison de retraite qui donne lieu à des échanges mous entre les résidents et les zombies.
Ces derniers demeurent très classiques. Ils ne piquent pas de sprints, ne sautent pas. Bref, il s'agit de viande avariée bête et affamée. Les figurants sont dans le ton, même si certains ont tendance à exagérer leurs gestes (là encore, l'on sent l'autodérision). Les maquillages, eux, s'avèrent corrects, bien que les visages soient un poil trop terne. On aurait aimé davantage de chair en décomposition et de sang dégoulinants.
Papy Vs Zombies, une course-poursuite palpitante !
Pourtant, Cockneys Vs zombies n'est pas avare en dézingage de cadavres sur pattes. En dépit d'une action stagnante au niveau du cadre (l'entrepôt, la maison de retraite), le rythme est assez constant. Les irruptions de morts-vivants sont étalées comme il se doit et permettent de mitrailler à tout-va. Les confrontations sont assez brouillonnes dans l'ensemble et, chose curieuse, certains zombies tombent sous les balles sans avoir été atteints à la tête. À noter que le côté gore apparaît en dent de scie. L'on a droit à du bien saignant et, à certains moments, rien du tout. À ce titre, les giclées numériques ne sont pas terribles. Malgré cela, l'on ne s’ennuie guère.
Généreux, le film de Matthias Hoene l'est à n’en pas douter. Malgré un scénario inexistant (l'intervention des retraités est le seul élément à se démarquer), une mise en scène satisfaisante, mais parfois brouillonne, Cockneys Vs Zombies surprend dans le sens où l'on s'attendait à un effroyable navet. L'humour potache, les clichés ambulants sont ici exposés d'une manière tout à fait sympathique. Le rythme trépidant permet également de ne pas perdre le spectateur en cours de route. En somme, une production assumée, non dénuée d'intérêt même s'il est facile de repérer d'évidentes maladresses.
Un film de Matthias Hoene
Avec : Harry Treadaway, Rasmus Hardiker, Michelle Ryan, Alan Ford