Phantasm Ravager
Alors qu'il tente encore d'échapper au Tall Man, Reggie se retrouve dans un fauteuil roulant, en compagnie de Mike, dans une maison de retraite. Ce dernier lui annonce qu'il est gravement malade.
Débutée en 1979, la saga Phantasm est à part dans l'univers du film d'horreur. Fidèle au casting originel, restant bien ancré dans un style série B des eighties clairement assumé, le créateur de la franchise, Don Coscarelli, a toujours parfaitement maîtrisé cet ensemble original et très (ré)créatif.
Initialement prévu pour n'être qu'un cadeau aux fans, le projet de ce cinquième Phantasm, Ravager, a tellement dépassé les attentes que le court-métrage produit pour le net s'est transformé en long-métrage. Co-scénariste, David Hartman reprend les commandes de la série, Coscarelli restant cependant au coeur du film, qu'il supervise dans son intégralité.
Comme c'est le cas depuis Phantasm III, ce Ravager est une suite directe du précédent volet. On y retrouve donc avec grand plaisir l'inénarrable Reggie, cheminant seul sur une route désertique. Retrouvant rapidement sa superbe Plymouth Hemi Cuda 1971, Reggie joue les Mad-Max dans un monde apocalyptique que n'aurait pas renié un certain George Miller. Entre action et S-F, ce Ravager emprunte des sentiers connus des fans depuis trois films. Cependant, Hartman y rajoute une bonne dose d'humour bienvenue (cf la mise à mort du voleur de voiture et la chanson de Dawn).
Il replace également Reggie au centre de l'intrigue. Interprété par le sympathique Reggie Bannister depuis 1979, ce vendeur de glaces passionné par la musique et les filles s'est transformé, au fil de la série, en un soldat d'infortune au courage inébranlable. Dans l'esprit d'un Ash (Evil Dead) ou d'un Burt (Tremors), Reggie est un héros de série B comme on en fait plus, avec ses faiblesses et ses peurs. Plus touchant que jamais, il constitue l'élément incontournable de cette saga.
Tourné avec un budget serré, Phantasm Ravager dispose néanmoins d'un scénario en béton, peut être le meilleur depuis le premier opus. En effet, en connectant Reggie à plusieurs époques et univers, en croisant habilement une pseudo-réalité inquiétante (un Reggie sénile, perdu dans les dédales d'une maison de retraite glaciale) et d'un monde virtuel cauchemardesque, dirigé par le Tall Man, le tandem Hartman-Coscarelli signe un vertigineux voyage dans le temps qui finit par perdre avec bonheur un spectateur qui ne pourra qu'apprécier un tel baroud final.
Pour le plus grand plaisir des fans, ce Ravager nous permet de retrouver Kat Lester (complice sexy du Tall Man dans Phantasm) et Gloria Lynne Henry (la guerrière de Phantasm III) au casting. Les effets spéciaux numériques s'encastrant avec une certaine justesse dans le récit, l'action ne manquant pas, le sang coulant à flots, ce cinquième volet s'avère être sans doute la suite la plus audacieuse, mais aussi la plus humaine, nos héros n'ayant jamais semblé être aussi fébriles et solidaires face au Tall Man.
Dernier rôle tenu par l'immense Angus Scrimm avant sa disparition, à l'âge de 89 ans, le boogeyman est lui-même spectral mais son invulnérabilité est à son apogée. Plus que jamais, il peut être dépeint comme un Mal que personne ne peut vaincre : la Mort ! Déjà omniprésente dans le cultissime Bubba Ho-Tep, celle-ci vient hanter Reggie et son clan dans cette sordide maison de retraite, finalement plus effrayante encore que le monde post-apocalyptique qu'affrontent Mike et Reggie.
Enfin édité en France depuis quelques semaines par ESC Distribution, dans un Blu-Ray de qualité en VOST (au sein du coffret Phantasm regroupant les cinq films), Phantasm Ravager boucle la série avec brio, en nous interrogeant sur la réalité de cette odyssée effroyable : réalité...ou fantasme ?
Un film de David Hartman
Avec : Reggie Bannister, A. Michael Baldwin, Angus Scrimm, Bill Thornbury