Phoenix Forgotten
Souvent confondus à cause de leurs similarités et leur mise en scène, le found-footage et le faux documentaire ont rapidement exploité toutes les déclinaisons de l’horreur et du fantastique passées à portée de caméras. Entre les créatures issues de la cryptozoologie, les fantômes et les psychopathes, les OVNIS n’échappent pas au phénomène. Preuve en est avec le déplorable Area51 d’Oren Peli. Par la même, ce type de métrage est devenu si surfait qu’il en a (presque) perdu tout son attrait. En cause, la distance affichée avec le spectateur qui délaisse toute ambiguïté sur la véracité des images. Le résultat? Des bobines qui se suivent et se ressemblent sans rien apporter au genre.
Une véritable imposture !
En ce qui concerne Phoenix Forgotten, le doute est permis. La présence de Ridley Scott en tant que producteur y contribue grandement. Toutefois, l’on s’attardera surtout sur le mélange faux documentaire/found footage, laissant augurer une bonne exploitation de leurs qualités respectives. À commencer par un traitement réaliste, immersif et saupoudré de paranormal ou, en l’occurrence, de thèses complotistes relatives à l’existence des extraterrestres et des OVNIS. Il est vrai que le prétexte de départ reste pour le moins discutable. La justification d’effectuer un reportage pour faire la lumière sur de mystérieuses disparitions laisse perplexe. En effet, l’œil intrusif de la caméra n’aide pas aux confidences ou à de saines investigations.
Toujours est-il que nous sommes lancés sur deux intrigues parallèles qui, par ordre d’importance, demeurent similaires. L’alternance desdites histoires sur deux époques dissemblables n’est pas un mal pour mettre en parallèle les points de vue et les remarques des partis concernés. Néanmoins, le montage révèle bien vite les limites du concept avec une succession chaotique des séquences clefs; celles-ci placées maladroitement au bon vouloir du réalisateur. Au lieu d’appuyer les commentaires ou d’offrir une illustration probante des témoignages, il en ressort une nouvelle itération des événements qui, comble du comble, demeure toujours aussi abstraite.
Un désert narratif...
La raison est très simple: il ne se passe absolument rien. Si ce n’est l’odyssée brouillonne d’une sœur frustrée par la perte de son frère, le scénario n’exploite ni les ficelles de la science-fiction ni les tenants des complots gouvernementaux. Et même dans ce rien, Justin Barber (un patronyme prédestiné) n’arrive pas à gérer un semblant de rythme pour entretenir un mystère. D’ailleurs, celui-ci est éventé dans les premières minutes de métrage. La suite ne fait que ressasser ce qui a pu être dit auparavant avec une vacuité peu commune. De fait, ce n’est pas une entame laborieuse qui nous est infligée, mais deux. Il est nécessaire de patienter jusqu’au dernier quart d’heure pour que les choses prennent leur envol, littéralement.
Et il faut jouer d’artifices et de subterfuges narratifs pour espérer poursuivre cette pénible quête de la vérité. L’absence de fulgurance étant établie, on se détache progressivement des événements pour sombrer dans l’indifférence; sans doute ce qui peut arriver de pire pour ce genre de métrage. Même le côté artisanal d’une modeste production entre contradictions avec l’usage d’un équipement de pointe lors des interviews en règle. Il subsiste quelques pistes intéressantes évoquées au moment du dénouement, laissant matière à réflexion, comme les enlèvements extraterrestres et les technologies employées à proximité de bases militaires. Dommage que la trame se focalise sur du vide et non sur ces éléments plus tôt.
...sur lequel il ne vaut mieux pas se retourner.
Au final, Phoenix Forgotten est un énième found footage sans âme et sans saveur. Derrière le côté aguicheur de mystérieuses disparitions, le réalisateur oublie tout simplement de raconter une histoire. La confrontation des deux intrigues n’apporte strictement rien si ce n’est un ennui dédoublé et une frustration évidente. En partant de ce postulat, on ne peut même pas mettre en cause la crédibilité ou l’intérêt du scénario. Répétitif, inconstant, fastidieux et parfois complaisant, le film de Justin Barber tente de créer le buzz sans vraiment avoir compris qu’il l’évente dès les premiers instants. Un essai aussi vain que laborieux.
Un film de Justin Barber
Avec : Florence Hartigan, Luke Spencer Roberts, Chelsea Lopez