Man Thing
Dans une petite ville cernée par les marais, un nouveau shérif se penche sur une série de meurtres où les victimes sont atrocement mutilées. Menacé par le patron d'une industrie pétrolière, il va s'aventurer dans les recoins les plus sombres des marais pour découvrir la vérité sur les meurtres...
En général, lorsque l'on parle de Marvel, l'on pense immédiatement super-héros. Pourtant, il existe certaines histoires qui n'ont rien à voir avec nos amis en collants moulants. Man thing fait partie de cette catégorie de comics pas forcément connu du grand public, mais mérite que l'on s'y attarde. Plus inattendu, SyFy s'est octroyé les droits d'adaptation pour le porter à l'écran. À l'évocation de ce nom (qui n'a parfois rien à envier à Asylum), on serait enclin à grincer des dents. Fort heureusement, nous allons le constater par la suite, Man thing n'a rien d'un navet éhonté se gaussant d'une licence au potentiel flatteur.
Attention, ça gicle.
Premier point rassurant : l'on retrouve à la barre Brett Leonard, réalisateur du vieillissant (et néanmoins plaisant) Le cobaye, mais surtout de Programmé pour tuer ou Souvenirs de l'au-delà. Depuis, le cinéaste s'était fait plutôt rare. Un moyen métrage animalier (T-Rex 3D) passé inaperçu et un documentaire tout aussi anecdotique. Man thing était donc l'opportunité pour lui de renouer avec le septième art avec des moyens pour le moins confortables. On est loin des petites productions insipides prêtes à vendre père et mère pour un semblant d'attention.
L'on voit de suite l'attention particulière apportée à l'image. Même si elle ne fait pas d'étincelles, la mise en scène se révèle des plus soignées. Certes, le cadre en est grandement responsable. D'emblée, l'on songe aux bayous de la Louisiane. Pour les besoins du tournage, nous nous situons pourtant dans les marais d'Australie qui n'ont rien à envier à ces derniers en termes d'environnement à la fois hostile, tentaculaire et un brin mystique. Les différentes couches de végétation où s'entremêlent les plantes herbacées aux branches d'arbres aux allures fantomatiques, l'eau stagnante, le brouillard naissant ou l'obscurité sont autant d'atouts et de moyens pour instaurer une atmosphère inquiétante, à tout le moins immersive.
En voilà un qui n'a pas fait de vieux os.
À cela, la présence du Man thing est un attrait non négligeable. D'une part, son design est pour le moins original. À mi-chemin entre l'animal et le végétal, la créature semble dénuée de sentiments, un peu comme une machine. Programmée pour une tâche donnée et rien d'autre. Pas de conscience derrière son regard de braise. Juste une manifestation des légendes locales dans sa forme la plus implacable. Un point d'autant plus appréciable que les effets spéciaux s'avèrent particulièrement réussis. Bien qu'on ne le voit qu'en dernière partie, les trucages pour les meurtres sont inventifs et tirent avantage du Man thing et… de ses innombrables ramifications.
Toutefois, il est bon de noter que le scénario se veut beaucoup moins attrayant. On tend d'ailleurs vers un certain classicisme en usant de certains artifices propres au survival animalier. La venue du nouveau shérif dans une petite ville paumée, de la toute puissance d'un conglomérat pétrolier et de son bedonnant patron, des morts inexpliquées, des faux-semblants facilement décelables. Bref, de son côté Man thing ne brille pas vraiment tant on saisit aisément les ficelles de l'histoire. C'est plaisant, un rien distrayant en jouant les naïfs, mais le récit ne flouera personne ou alors il faut être un grand novice en la matière.
Pas vraiment l'endroit pour se soulager.
Prévisibilité qui se rejoint dans les protagonistes. Le casting est une tripotée d'acteurs de seconde zone (pas des tâches non plus) qui sont davantage embauchés pour leur physique (qui sert à merveille leur rôle) plutôt que pour un réel talent d'interprétation. Ne nous y trompons pas, ils font leur travail convenablement, mais difficile de crier au génie lorsque l'on incarne des clichés navrants. Le shérif beau gosse, la blonde écolo, le gros patron et son attardé de fils ou les deux autochtones sortant de temps à autres de leur marais pour balancer des menaces pourries, on ne trouve pas de véritables intérêts dans ses personnages.
Bref, Man thing vaut surtout pour son monstre, ses effets léchés et son cadre absolument envoûtant. La mise en scène aidant à installer une ambiance empreinte de mystères, l'on regrettera que le scénario soit finalement sans surprise et que ses protagonistes peinent à asseoir une place d'importance au sein de l'intrigue. Toutefois, il est bon de noter que le film se laisse suivre agréablement et que l'on se prend au jeu, ne serait-ce que pour le simple plaisir de voir sa créature « branchée » titiller ses victimes du coin de la feuille. Une production SyFy au-dessus des innombrables étrons auxquels le studio nous a habitués.
Un film de Brett Leonard
Avec : Matthew Le Nevez, Rachel Taylor, Jack Thompson, Rawiri Paratene