Il existe des films avec lesquels on ne sait pas trop à quoi s'attendre. Des ½uvres curieuses, parfois rocambolesques, qui décontenancent et étonnent le spectateur blasé par une avalanche de blockbusters aux effets spéciaux clinquants. Alors, l'on se tourne vers les DTV pour trouver de (rares) bonnes surprises. Des réalisateurs qui n'hésitent pas à prendre des risques, à surfer à contre-courant. Le thème surexploité de la fin du monde nous aura offert son plus bel exemple avec
Southland Tales, OVNI cinématographique à la complexité tentaculaire dont il est difficile de se lasser, tant les messages véhiculés restent forts et d'actualité.
Ca, c'est un messie charismatique !
Pour son premier long-métrage, Yaniv Raz semble également faire fi des conventions avec le même sujet, mais sans l'imagination et le talent de Richard Kelly. On commence par une voix off qui nous fait part de réflexions pseudo-philosophiques ronflantes. L'intervention est en total décalage avec les images (ce qui n'est pas forcément un défaut) et se montre sans consistance, voire prétentieuse. Il est vrai qu'on pourrait trouver entre les lignes la dénonciation du pouvoir des médias, la crédulité des masses ou le besoin insatiable de croire en une puissance supérieure. Tout cela demeure intéressant, mais l'ensemble de ces préoccupations est mal traité du début à la fin.
Tenter d'offrir une profondeur symbolique à son histoire n'est pas préjudiciable, mais la raconter, c'est encore mieux ! Ici, l'intrigue suit le parcours chaotique d'un jeune looser qui se voit porter au nu par une foule de moutons en quête du messie pour les sauver. L'individu reste stoïque et muet jusqu'à ce qu'il décide d'en profiter un peu. L'approche est sans doute singulière, mais n'est qu'un prétexte à la combler par des séquences vides. L'on s’ennuie ferme dans des situations sans réelles cohérences qui font se succéder une palette de protagonistes aussi passionnée qu'un troupeau de vaches en train de paître.
Avec des préoccupations très profondes...
Hormis la ravissante Heather Graham (
From Hell,
Very Bad Trip), aucun membre du casting ne tire son épingle du jeu. Joseph Cross ne possède ni le charisme ni le talent pour tenir la tête d'affiche. Ces expressions limitées lui confèrent de faux airs de gourou mal embouché plutôt que celui de petit-fils de Dieu (la place du fils étant déjà prise). Même l'interprétation de Danny Glover reste au ras des pâquerettes, comme celle de Lorraine Bracco (la psychiatre de Tony Soprano). Les personnages sont au choix, niais, agaçant ou apathique. On a l'impression qu'ils ignorent où ils se trouvent et ce qu'ils doivent accomplir. L'accroche vendeuse « Un cast d'exception » de la jaquette DVD (ou Blu-ray) semble usurpée.
D'ailleurs, cette dernière tend à tromper le spectateur en jouant de subterfuges identiques aux méthodes de la publicité mensongère. Contemplez bien la météorite dans le ciel, le paysage post-apocalyptique, ou l'arme dans la main fièrement dressée de Danny Glover, car vous ne verrez aucun de ses éléments à l'écran ! Tout vise à promettre un film catastrophe empreint de destins tragiques, de l'action, du suspense et une histoire ahurissante. Rien de nouveau pour vendre un produit, me direz-vous. Mais user de ce genre de clichés préconçus (et inexistant de surcroît) est d'autant plus énervant et joue sur l'appréciation générale.
Dieu nous envoie un signe ? On lui montre nos seins !
Autre problème : dans quelle catégorie se range
The last days ? Si vous vous attendez à du grand spectacle, des explosions et des effets spéciaux splendides,
The last days vaut un zéro pointé. Il ne se passe rien de tel. Hormis, les interventions télévisées où l'on voit un schéma grossier du Soleil en train d'agoniser, vous n'aurez rien à vous mettre sous la dent. Un drame intimiste à la
Another earth ? Le parcours décadent et inconstant des personnages ne procure aucune empathie ou émotion. Un thriller fantastique ? L'ambiance demeure au niveau le plus bas. Un film de science-fiction ? Est-il besoin d'apporter un argument ? En somme, le récit n'atteint jamais le ton adéquat.
Yaniv Raz joue sur tous les tableaux sans jamais trouver la cohésion qui réunirait tous les ingrédients pour en faire un objet étrange, original et décomplexé. Même l'aspect comique ne prend pas. Les réparties sont attendues et tombent à plat aussitôt prononcées. Les délires de Philip avec sa marmotte, l'alcool et la fumette sont tristes et fades. C'est lourd, facile et mal géré. À la limite, il reste la bande-son désenchantée, mais se montre rapidement trop lénifiante et discrète pour marquer et rattraper un ramassis de tares toutes plus énervantes et handicapantes les unes que les autres.
Et la lumière fut !
Au final, il n'y a quasiment rien à retenir de
The last days. À l'instar des figurants lors du dénouement qui se détourne du message de Philip, on ignorera ce DTV pour ce qu'il est, mais surtout ce qu'il ne propose pas. C'est-à-dire : une histoire intéressante et non brouillonne. En voulant être sur tous les fronts, Yaniv Raz en oublie la qualité propre de son projet. Il ne sait pas trop sur quel pied danser sans jamais trouver un point d'attache. D'ailleurs, la conclusion part en roue libre sans la moindre crédibilité. Un film sur la fin du monde qui n'en est pas vraiment un. Pire, qui promet des éléments que l'on attend toujours. Les 80 minutes du métrage forment un long et pénible moment. « Le miracle que personne n'attendait » ? Certainement !